Plusieurs milliers de pages accessibles en format adapté aux lecteurs dyslexiques.
Essayer maintenant
Nous avons devant nous l’un des passages les plus solennels de la parole de Dieu. La vie sur la terre, la mort et l’au-delà pour deux hommes soumis à la même sentence : “Il est réservé aux hommes de mourir une fois et après cela le jugement” Hébreux 9. 27. Dans le monde invisible, après la mort, l’un connaît le jugement et les tourments éternels, l’autre la bénédiction éternelle.
Le récit emprunte des figures à la vie des Juifs pour montrer le contraste entre le gouvernement de Dieu envers Israël, et le nouvel ordre de choses introduit par la grâce divine dans le christianisme. Avant la venue de Christ, le monde aurait pu être la scène du bonheur de l’homme sous le gouvernement de Dieu : un Israélite pieux ou fidèle (s’il s’en trouvait) était comblé de biens terrestres. Maintenant, sous la grâce, l’abondance des biens matériels n’est plus un signe de la faveur de Dieu ; et quant à l’avenir : “Encore que quelqu’un soit riche, sa vie n’est pas dans ses biens” (12. 15), solennelle vérité confirmée par la parabole de l’homme riche insensé (12. 16-21).
La parabole de Lazare et du riche va plus loin en révélant maintenant l’état de l’homme après la mort dans le monde invisible. Mais, pas plus que les récits du chapitre précédent, cette parabole ne montre les moyens du salut de l’âme. Il s’agit ici d’établir la relation entre les objets poursuivis par le cœur de l’homme sur la terre pendant sa vie, et sa part future dans l’au-delà après la mort. De ce point de vue, le Seigneur poursuit et complète l’enseignement du début du chapitre sur les richesses et l’usage que l’homme en fait ici-bas.
Une seule phrase dans la bouche du Seigneur résume la vie de cet homme. Habillé comme un prince, revêtu de vêtements précieux (le fin lin), portant le signe de la gloire du monde (la pourpre), il mène une vie d’élégance et de bonne chère, sans Dieu et sans souci de son avenirÉsaïe 22. 13 ; 1 Corinthiens 15. 32. Il manquait le bleu dans son vêtement, figure du cielNombres 15. 38, car il n’appartenait qu’à la terre. Rien n’est apparemment répréhensible dans la conduite de cet homme. Seulement un égoïsme complet (insensible aux souffrances de Lazare couché à sa porte), et une négligence coupable de l’avenir. Le nom de cet homme riche n’est pas donné : s’il ignorait Dieu pendant sa vie, Dieu l’oublierait plus tard pour l’éternité.
Le contraste, saisissant, étreint le cœur. Le nom du pauvre, Lazare, nom grec d’Éliézer (le serviteur fidèle d’Abraham) signifie “secours de Dieu” ou “Dieu est mon aide”. Pourtant, sa vie n’était que misère, au comble de l’humiliation. Désirant se nourrir des miettes qui tombaient de la table du riche en compagnie des chiens (animaux impurs sous la loi), il est tombé au dernier échelon de la hiérarchie sociale, sous le regard impassible du riche. C’est la place que la femme cananéenne accepte de prendre par la foi pour recevoir la grâce de ChristMatthieu 15. 27.
Lazare meurt le premier, conséquence probable de ses privations et de ses plaies (il était couvert d’ulcères). Son enterrement n’est pas mentionné, car la terre ne lui avait pas donné de place. Après une vie de souffrance, il est maintenant introduit dans la félicité : “porté par les anges dans le sein d’Abraham” (verset 22), expression que les juifs pouvaient comprendre facilement. La promesse du Psaume était maintenant réalisée pour ce pauvre dont les souffrances étaient terminées : “Le pauvre ne sera pas oublié à jamais, l’attente des débonnaires ne périra pas pour toujours” Psaume 9. 19.
La mort du riche suit celle de Lazare. Il n’est rien dit de sa fin, sauf qu’il est enterré. Les grands de ce monde reçoivent à leur mort l’hommage de funérailles grandioses et de tombes fleuries. Mais où va leur âme ? Pour les deux hommes de cette parabole, il y a “un temps de mourir”, “pour tous un même sort” Ecclésiaste 3. 2, 19. La mort a délivré son dernier message.
Et maintenant, Dieu lève le voile sur le monde invisible pour montrer le véritable état spirituel et l’avenir éternel de ces deux hommes qui ont quitté la terre.
En hadès (le séjour de l’âme après la mort), le riche lève les yeux pour comprendre, mais trop tard, la réalité de sa terrible situation. Aucun état de torpeur de l’âme, mais une effrayante lucidité. Il est “loin” d’Abraham, de Lazare et du bonheur ; pour lui, maintenant les tourments éternels, “dans cette flamme”. « Vous qui entrez ici, laissez toute espérance » a dit justement un écrivain profane.
Les rôles sont maintenant inversés, et les biens ont changé de main. Autrefois, Abraham avait été très richeGenèse 13. 2, mais son droit d’entrée à la bénédiction éternelle, comme pour Lazare, non pas ses richesses terrestres, mais la foi en DieuGenèse 15. 6 qui le plaçait au bénéfice de l’œuvre de Christ, et non pas ses richesses profanes.
Le riche, lui, “n’était pas riche quant à Dieu”, pas plus que l’insensé qui avait accumulé les fausses richesses du monde (12. 21) : il avait tout perdu et restait maintenant seul devant Dieu pour répondre de son état. Même le rafraîchissement passager d’une goutte d’eau sur sa langue (le langage est ici figuré) ne lui est pas accordé. Seul lui reste le souvenir des occasions manquées durant sa vie. Dans ce lieu terrible, sont les pleurs (la souffrance) et les grincements de dents (l’irritation).
Abraham confirme cette solennelle conversation entre les deux lieux de la bénédiction et du tourment : outre tout cela, le gouffre qui les sépare est infranchissable. Ceux qui sont perdus ne peuvent pas sortir du lieu des tourments, pas plus que les rachetés, dans la bénédiction, ne peuvent leur venir en aide.
L’âme jetée dans le feu éternel ne peut plus en sortir, à jamais. Il n’y a pas de seconde chance dans un monde à venir, contrairement à ce que certains faux docteurs enseignent de nos jours. Le sort éternel et final de l’âme se décide sur la terre. “Si un arbre tombe, vers le midi ou vers le nord, à l’endroit où l’arbre sera tombé, là il sera” Ecclésiaste 11. 3 : vers le midi, pour la bénédiction éternelle, ou vers le nord, pour le tourment éternel. Le purgatoire, lieu de transition après la mort pour conduire ensuite au pardon et à la bénédiction, est une invention humaine, totalement ignorée de l’Écriture.
Lecteurs, qui parcourez ces lignes et qui pourriez encore être incertains quant au salut de votre âme, ne négligez pas “un si grand salut” Hébreux 2. 3, qui vous est offert encore pendant votre vie sur la terre. Jésus est la porte, Jésus est le Sauveur.
Pensant à ses cinq frères encore en vie sur la terre, le riche demande que Lazare leur soit envoyé pour les avertir. Mais Lazare, dans le repos, n’est plus qualifié pour cette mission ; de plus, son témoignage ne serait pas reçu. Lorsque Lazare de Béthanie a été ressuscité par le Seigneur, qu’ont fait les Juifs, sinon de chercher à le faire mourir pour supprimer son témoignageJean 12. 10 ? Après avoir mis à mort Jésus, le témoin fidèle et véritable, les chefs du peuple se sont de même acharnés contre ses apôtresActes 5. 33.
Le témoignage des Écritures, de Moïse (la loi) et des prophètes, avait été présenté au milieu du peuple d’Israël par Jean-Baptiste : “Repentez-vous, car le royaume des cieux s’est approché” Matthieu 3. 2, confirmé dans les mêmes termes par le Seigneur pendant son ministèreMatthieu 4. 17. Tous les avertissements avaient donc déjà été donnés à Israël (ainsi qu’à tous les hommes), sans attendre la demande irrecevable du riche en hadès.
La parole de Dieu, qui révèle l’état de l’homme et le salut en Christ par la grâce, reste encore aujourd’hui le témoignage complet, unique et suffisant, présenté à l’homme pour le salut de son âme.
En résumé, ce chapitre projette la lumière du monde à venir sur les voies de Dieu. En rejetant Christ, l’homme a perdu l’administration de ce qui lui avait été confié par Dieu. Tout ce qui est encore laissé entre nos mains (tout appartient à Dieu) doit être géré en vue de l’avenir, soit pour le salut (le riche l’avait complètement négligé), soit pour les bénédictions célestes du croyant.