Plusieurs milliers de pages accessibles en format adapté aux lecteurs dyslexiques. Essayer maintenant
Bannière
Évangile selon Luc
Sondez les Écritures - 1re année

Luc 15. 11-32

Vers Jérusalem. Deuxième étape

6. La parabole de la grâce souveraine (2)

Le fils prodigue : versets 11-32

Le troisième récit du Seigneur complète et développe les enseignements des deux premiers. Il nous montre le cœur et l’amour du Père (le mot “père” est répété douze fois), qui accomplit une œuvre dans le pécheur pour le ramener à lui par la repentance. Nous y voyons les profondeurs de la misère morale d’où la grâce de Dieu nous a tirés, comme la hauteur des bénédictions qui nous sont données par l’évangile.

Les deux premiers récits étaient introduits par la question “quel est l’homme d’entre vous” (verset 4) ou “quelle est la femme” (verset 8). Dans le troisième, la question n’est pas posée, car personne ne pourrait approcher la mesure de la grâce divine présentée par le père qui reçoit son fils prodigue. Un homme avait deux fils :

  • L’aîné, qui se montre entièrement étranger à la grâce, est l’image des pharisiens et des scribes qui murmuraient contre le Seigneur ; aujourd’hui il s’agit de tous les hommes religieux inconscients de leur état et satisfaits d’eux-mêmes.
  • Le fils cadet est l’image des hommes des nations (ils n’avaient pas autrefois les privilèges du droit d’aînesse accordé à Israël) ; mais plus généralement aussi celle de tout homme qui s’est éloigné de Dieu, c’est-à-dire chacun de nous, sans exception.

Les étapes du travail de la grâce de Dieu sont dignes de toute notre attention.

Le partage des biens : versets 11, 12

Insensible à l’amour de son père, le fils cadet demande sa part des biens, pour vivre seul sa propre vie : l’indépendance vis-à-vis de Dieu, tel est le mouvement du cœur de l’homme naturel et la source de tout péché.

La misère morale : versets 13-16

En dilapidant tous ses biens dans un pays éloigné, le fils prodigue fait l’expérience de sa propre misère et de la dureté du monde dont il a voulu goûter les joies éphémères et trompeuses. Déjà éloigné du cœur de son père en quittant la maison, il manifeste son état moral par sa conduite. Après avoir épuisé tous les avantages de la jeunesse, de la santé, des facultés naturelles, même des richesses, l’homme découvre le néant et comprend, bien tard, et souvent trop tard, que la famine est dans le monde et que le système dans lequel il vit est implacable.

S’associer avec un citoyen de ce pays éloigné (image du diable qui règne sur ce monde) ne fait que manifester que là-bas tout se vend très cher ; c’est ainsi qu’il en vient à désirer partager la nourriture de pourceaux, bêtes impuresLévitique 11. 7 ; 2 Pierre 2. 22. Aux yeux de leur maître, les pourceaux avaient plus de valeur que celui qui les paissait sans en recevoir même de salaire. Quand les ressources humaines et terrestres sont épuisées, au dernier degré de la déchéance morale, la puissance de la grâce divine se manifeste alors pour tirer l’homme de son état. Car le père n’avait jamais cessé d’aimer son pauvre enfant, comme Dieu a aujourd’hui encore compassion de ceux qui sont embourbés dans la fange du péché.

Le retour sur soi-même, la conversion et la repentance : versets 17-19

Il n’est pas nécessaire que tous les hommes tombent aussi bas que le fils prodigue pour avoir conscience de leur état. Tout homme doit se reconnaître perdu, dans une douloureuse conviction de péché et d’éloignement de Dieu ; alors s’opère la conversion, c’est-à-dire le demi-tour sur le chemin de la vie. Au lieu de s’éloigner toujours plus de la maison du père, le fils prodigue, revenu à lui-même, décide alors de retourner vers son père : voilà le travail de Dieu dans le cœur.

Sous l’effet de la prédication de Paul, les Thessaloniciens, tirés des nations idolâtres, s’étaient tournés des idoles vers Dieu pour le servir1 Thessaloniciens 1. 9. Cette conversion s’accompagne du travail de la repentance : une tristesse selon Dieu qui conduit au salut. Comme pouvait dire Jérémie autrefois : “après que j’ai été converti (ou après mon retour), je me suis repenti ; et après que je me suis connu… j’ai été honteux, et j’ai aussi été confus” Jérémie 31. 19. C’est le seul chemin de l’homme pécheur vers Dieu : le réveil de l’âme à son état et à sa culpabilité, la conversion (le retour vers Dieu) et la repentance pour la vieActes 11. 18. Le cœur travaillé porte, dans une certaine mesure, le même jugement que Dieu sur son propre état.

Les fruits de la grâce divine sont produits dans le fils prodigue ; trois phases marquent la confession qu’il se propose de faire à son père lors de son retour à la maison :

  • j’ai péché contre le ciel et devant toi ;
  • je ne suis plus digne d’être appelé ton fils ;
  • traite-moi comme l’un de tes mercenaires.

C’est une confession totale, exprimée par une âme droite, qui se tient pour la première fois dans la lumière de la présence divine : merveilleux travail de la grâce, montré ici en figure par la parabole, et qui s’opérera réellement quelques jours plus tard dans le cœur du brigand repentant crucifié à côté du Sauveur (23. 40, 41).

Le retour à la maison et la rencontre avec son père : versets 20-24

Le fils repentant est conduit par sa misère vers son père, à qui il va présenter sa confession, car “du cœur on croit à justice, et de la bouche on fait confession à salut” Romains 10. 10. Il est devancé par son père qui court à lui, se jette à son cou et le couvre de baisers1, malgré son indignité et ses haillons. Cette scène n’a pas de témoins, car la rencontre d’une âme avec Dieu demeure toujours un secret. En présence de son père, le fils prodigue commence la confession qu’il avait préparée quand il était encore dans le pays éloigné : la conviction de péché et le sentiment de l’indignité ont bien leur place devant Dieu pour lui rendre gloire. La promptitude de son père à l’accueillir ne lui laisse toutefois pas le temps de lui demander d’être traité comme un mercenaire, comme il avait décidé de le faire ; en fait, le fils ne connaissait pas encore la grâce de son père. Sa conduite passée le rendait digne de mortDeutéronome 21. 18-21 et de toute façon il n’aurait pas été un bon serviteur dans la maison de son père ; c’est comme fils et non comme esclave qu’il devait être reçu, par pure grâce.

La bénédiction et la joie dans la maison : versets 22-24

Toute l’activité est dès lors celle du père : rendre son fils digne de pénétrer dans sa maison pour y goûter les bénédictions.

  • Il le fait revêtir de la plus belle robe : “La plus belle robe” (litt. : la première). La plus belle robe est le vêtement le plus excellent, image du salut et de la justice divineÉsaïe 61. 10, Christ lui-mêmeGalates 3. 27, le nouvel hommeÉphésiens 4. 24. Les élus de Dieu sont invités à revêtir les caractères de Christ et par-dessus tout l’amour, le lien de la perfection, nature de Dieu lui-mêmeColossiens 3. 10-14.
  • Un anneau est mis à sa main : c’est le signe de la relation entre le père et le fils ; interrompue par le péché, elle est rétablie par la grâce. Le serviteur avait fait don d’un anneau à RebeccaGenèse 24. 22 qui devait être l’épouse d’Isaac, comme maintenant l’Église a conscience de son union avec Christ par le Saint Esprit. L’anneau est aussi donné en signe d’autorité et de dignité, comme Joseph a reçu l’anneau de la main du PharaonGenèse 41. 42.
  • Des sandales pour ses pieds : selon l’efficace d’un plein pardon, le fils peut maintenant entrer et sortir et se tenir comme un fils dans la présence de son père. Autrefois, les fils seuls portaient des sandales, et les esclaves marchaient pieds nus. Les pieds du croyant sont chaussés maintenant de la préparation de l’évangile de paixÉphésiens 6. 15, pour une marche digne de l’appelÉphésiens 4. 1, en nouveauté de vieRomains 6. 4.
  • Le repas de l’amour et de la joie : Le veau gras était réservé pour honorer un invité de marque. Le retour du fils perdu est l’occasion du festin de la grâce ; là Dieu veut nous associer à la joie de son cœur : “il fallait… se réjouir” (verset 32).

La joie du ciel, déjà présentée dans les récits de la brebis et de la drachme trouvées, est maintenant partagée avec tous ceux qui sont dans la maison du père. Le motif de la joie n’est pas perdu de vue : le fils mort était revenu à la vie ; le fils perdu était retrouvé (verset 24). Par nature nous aussi étions mortsÉphésiens 2. 1 et égarésTite 3. 3 ; mais maintenant, par grâce, nous connaissons la maison du Père, le cœur du Père et la joie du Père.

Le fils aîné : versets 25-32

Quelqu’un était resté étranger à la scène où brillait l’amour du père : le fils aîné, figure des pharisiens, des scribes et de tous les propres justes de tous les temps. Les privilèges extérieurs du peuple juif étaient réels : “Mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi” (verset 31). Pour autant, ces privilèges ne leur assuraient pas le salut de l’âme, et ils devaient se reconnaître pécheurs comme tous les hommes, à l’image du fils prodigue. En fait, en rejetant la parole de Dieu, ils se jugeaient eux-mêmes indignes de la vie éternelleActes 13. 46. Plus que cela, étrangers à la grâce de Dieu, ils empêchaient les autres d’entrer (11. 52), en défendant plus tard aux apôtres de parler aux JuifsActes 4. 1, comme aux nations1 Thessaloniciens 2. 16.

La patience de la grâce divine se montre lorsque le père sort de la maison pour prier le fils aîné d’entrer. La réponse de celui-ci n’est qu’égoïsme, dureté de cœur et propre justice.

Toutefois, la grâce de Dieu demeure souveraine ; il ouvre sa maison à tous, et personne ne peut l’empêcher de manifester son amour à des pécheurs. Ceux qui l’auront refusé resteront à jamais dehors, ainsi que l’évangile l’a déjà montré (13. 25-27 ; 14. 24). Dieu est juge de tous, mais il trouve sa propre joie à faire grâce à qui il veut : voilà l’enseignement essentiel de la parabole.

Notes

1

L’expression très forte du père qui “couvre son fils de baisers” est employée seulement quatre fois dans le N.T. :

  • 1. la femme pécheresse couvrant de baisers les pieds de son Sauveur (Luc 7. 38),
  • 2. le père couvrant de baisers son fils retrouvé (Luc 15. 20),
  • 3. Judas livrant son maître par un baiser dans son affreux égarement (Matthieu 26. 49 ; Marc 14. 45),
  • 4. les anciens d’Éphèse couvrant Paul de baisers en prenant congé de lui (Actes 20. 37).

Luc 15

11Et il dit : Un homme avait deux fils ; 12et le plus jeune d’entre eux dit à son père : Père, donne-moi la part du bien qui me revient. Et il leur partagea son bien. 13Et peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout ramassé, s’en alla dehors en un pays éloigné ; et là il dissipa son bien en vivant dans la débauche. 14Et après qu’il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays-là ; et il commença d’être dans le besoin. 15Et il s’en alla et se joignit à l’un des citoyens de ce pays-là, et celui-ci l’envoya dans ses champs pour paître des pourceaux. 16Et il désirait de remplir son ventre des gousses que les pourceaux mangeaient ; et personne ne lui donnait [rien]. 17Et étant revenu à lui-même, il dit : Combien de mercenaires de mon père ont du pain en abondance, et moi je péris ici de faim ! 18Je me lèverai et je m’en irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et devant toi ; 19je ne suis plus digne d’être appelé ton fils ; traite-moi comme l’un de tes mercenaires. 20Et se levant, il vint vers son père. Et comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, et, courant [à lui], se jeta à son cou et le couvrit de baisers. 21Et le fils lui dit : Père, j’ai péché contre le ciel et devant toi ; je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. 22Mais le père dit à ses esclaves : Apportez dehors la plus bellea robe, et l’en revêtez ; et mettez un anneau à sa main et des sandales à ses pieds ; 23et amenez le veau gras et tuez-le ; et mangeons et faisons bonne chère ; 24car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils se mirent à faire bonne chère. 25Or son fils aîné était aux champs ; et comme il revenait et qu’il approchait de la maison, il entendit la mélodie et les danses ; 26et, ayant appelé l’un des serviteurs, il demanda ce que c’était. 27Et il lui dit : Ton frère est venu, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il l’a recouvré sain et sauf. 28Et il se mit en colère et ne voulait pas entrer. Et son père étant sorti, le pria. 29Mais lui, répondant, dit à son père : Voici tant d’années que je te sersb, et jamais je n’ai transgressé ton commandement ; et tu ne m’as jamais donné un chevreau pour faire bonne chère avec mes amis ; 30mais quand celui-ci, ton fils, qui a mangé ton bien avec des prostituées, est venu, tu as tué pour lui le veau gras. 31Et il lui dit : [Mon] enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi ; 32mais il fallait faire bonne chère et se réjouir ; car celui-ci, ton frère, était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.

Notes

alitt. : la première.
bservir, ici : être esclave, servir comme tel.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)