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Évangile selon Luc
Sondez les Écritures - 1re année

Luc 14. 15-35

Vers Jérusalem. Deuxième étape

4. Le grand souper : versets 15-24

La troisième instruction donnée par le Seigneur pendant sa visite au pharisien est introduite par une exclamation d’un invité : “Bienheureux celui qui mangera du pain dans le royaume de Dieu” (verset 15).

La terre est un lieu de passage et beaucoup y endurent des souffrances. Il ne suffisait pas d’assister avec le Seigneur à un repas chez un pharisien pour être assuré d’avoir part avec lui au royaume de Dieu dans le monde invisible. Le moyen d’entrer dans ce royaume est présenté à tous les hommes par une parabole aussi touchante que solennelle.

Le souper est le repas du soir lorsque le repos succède aux fatigues de la journée. Ainsi, à la fin du temps de la grâce, le Dieu d’amour invite encore tous les hommes à venir pour partager avec lui le repas d’amour dans son royaume.

La parabole du grand souper commence ici par l’invitation : “Venez, car déjà tout est prêt” (verset 17). Le récit correspondant de l’évangile selon MatthieuMatthieu 22. 1-14 comporte une invitation préalable aux noces du Fils du Roi (Christ) : c’est l’appel particulier adressé par Dieu aux Juifs, les premiers conviés, pendant le ministère du Seigneur au milieu d’eux pour les associer à la joie des noces de son Fils. Cet appel est relaté dans l’évangile selon Luc dans le ministère des douze (9. 1-6), puis des soixante-dix (10. 1-11). Dans l’une et l’autre paraboles, l’appel divin se heurte à un refus.

Au second appel relaté par Matthieu, il est dit que tout était prêt ; c’est par là que commence la parabole de Luc. Il s’agit de l’évangile adressé aux Juifs après l’œuvre de la croix par l’esclave (le Saint Esprit), envoyé par le Maître de la maison (Dieu) : les apôtres ont été envoyés auprès des brebis d’Israël, pour les inviter au grand souper. Tous s’excusent unanimement, en invoquant les trois mêmes raisons qui autrefois disqualifiaient un homme en Israël pour aller en guerre contre les ennemisDeutéronome 20. 5-7.

  • Le premier avait acheté un champ et devait absolument le voir. On ne voit guère pourquoi le fait d’assister au souper aurait changé quoi que ce soit pour lui. La convoitise des yeux aveugle le cœur.
  • Le second avait acquis cinq paires de bœufs qu’il devait immédiatement essayer ; là encore, assister au souper n’aurait guère interféré avec ses projets ; mais l’orgueil de la vie étouffe tout mouvement de cœur vers Dieu, de même que les soucis de la vie, qui sont comme des épines.
  • Enfin, le troisième avait épousé une femme, et son cœur était ailleurs. Lorsque les relations de famille prennent le pas sur les choses de Dieu, elles peuvent devenir convoitises de la chair.

Les trois raisons invoquées n’étaient pas mauvaises en elles-mêmes : ce n’était que des excuses humaines pour refuser la grâce divine.

L’esclave revient alors à son maître qui l’envoie dans les rues et les ruelles de la ville pour inviter les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux. Le temps presse maintenant : “va-t’en promptement”, et l’appel s’adresse à tout homme dans la ville (figure du monde). Par nature, l’homme est :

  • 1. pauvre : il n’a rien pour acheter son souper ;
  • 2. estropié : il n’attire pas le cœur ;
  • 3. aveugle : il ne peut pas se conduire seul ;
  • 4. boiteux : il est sans force pour venir vers Dieu par lui-même.

En Israël, si les chefs ont rejeté la grâce, elle a été proposée aux “pauvres du troupeau qui prenaient garde à moi” Zacharie 11. 11 c’est-à-dire à Christ, qui leur répond : “Je tournerai ma main sur les petits” Zacharie 13. 7.

Il y avait encore de la place au souper de la grâce (verset 22), et un troisième appel est maintenant adressé aux nations. L’esclave sort de la ville et va dans les chemins et le long des haies, pour contraindre les gens d’entrer. C’est là que la grâce nous a trouvés alors que nous nous étions tournés chacun vers son propre cheminÉsaïe 53. 6, errants comme une brebisPsaume 119. 176, avant de retourner au Berger de nos âmes1 Pierre 2. 25. Dans la parabole de Matthieu, le roi envoie plusieurs esclaves (figure des évangélistes) qui prêchent à tous ceux qu’ils trouvent, tant mauvais que bonsMatthieu 22. 11 ; ils laissent se glisser furtivement un homme qui n’avait pas de robe de noces.

Dans Luc, au contraire, l’esclave est une figure du Saint Esprit, qui peut convaincre les hommes d’entrer par la porte étroite jusqu’à ce que la maison soit remplie. Seuls, ceux qui ont la vie de Dieu ont une place au souper, et le jugement des professants sans la vie n’est pas mentionné ici.

Mais, en conclusion, aucun de ceux qui auront refusé l’invitation, soit d’entre les juifs, soit d’entre les nations, n’aura de place au souper de la grâce (verset 24), pour y jouir de la bénédiction divine.

5. Les caractères du disciple de Christ : versets 25-35

En sortant de la maison du pharisien où tant d’instructions viennent de nous être données, le Seigneur est accompagné par de grandes foules. Toutefois, il ne suffisait pas de rester dans sa proximité pour obtenir la bénédiction. Il fallait une disposition du cœur pour Christ afin de devenir son disciple.

Un disciple écoute les enseignements de son Maître et les met en pratique pour pouvoir suivre ses traces. Les objets les plus légitimes de nos affections peuvent constituer un danger s’ils détournent nos cœurs de Christ. C’est dans ce sens que nous devons haïr les membres de notre propre famille, dans la mesure où ils nous empêchent de venir à Christ, ou de lui être fidèles. Il ne s’agit évidemment pas de manquer aux devoirs des relations de famille, ce qui serait le signe de l’apostasie2 Timothée 3. 1-5.

Il faut aussi savoir renoncer à sa propre vie (verset 26) pour être disciple du Seigneur. Les martyrs de tous les temps auront eu la force de ne pas aimer leur vie, même jusqu’à la mortApocalypse 2. 10 ; 12. 11. Mais, dans la vie courante du chrétien, renoncer à sa propre vie, c’est ne pas se rechercher soi-même et ne pas nourrir la chair avec les passions et les convoitises. Ceux qui sont du Christ, c’est-à-dire tous les croyants, sont au contraire invités à appliquer à la chair la puissance de la mort de Christ : c’est là porter sa croix pour pouvoir venir après Jésus et être son disciple (verset 27).

L’enseignement se poursuit par l’exemple d’un homme engagé dans la construction d’une tour, ou celui d’un roi qui doit faire face à un ennemi plus puissant que lui.

Une tour est une habitation élevée et fortifiée, symbole du nom de l’Éternel (le refuge du juste), par opposition aux biens du riche qui ne sont une ville forte que dans sa propre imaginationProverbes 18. 10, 11. Construire une tour implique une évaluation lucide et complète des efforts et des investissements nécessaires, faute de quoi l’opération tourne à la confusion de celui qui n’amène pas le projet à son terme. Il ne s’agit pas pour nous d’évaluer nos propres ressources humaines, qui n’ont pas de valeur dans le domaine spirituel, mais plutôt de compter sur la grâce suffisante de Christ, dont la puissance s’accomplit dans l’infirmité2 Corinthiens 12. 9. Ayant commencé par l’Esprit, il faut continuer et achever par l’Esprit et non par la chair, comme les Galates étaient en danger de le faireGalates 3. 3.

Le cas du roi qui doit faire face à un roi plus puissant que lui complète l’enseignement précédent. Négocier avec l’ennemi de nos âmes sous le prétexte de sa puissance est une infidélité à Christ. David, jeune berger sans armure, était plus fort que l’invincible Goliath. Mais dans la pratique, il faut réaliser que l’épée de Goliath, figure de la mort, est l’arme efficace du chrétien pour résister à la chair et vaincre l’ennemi dans les combats de la vie1 Samuel 21. 10. À tous égards, et dans tous les détails, la mort est le chemin de la liberté ; il n’y a pas d’armes comme la mort dans l’arsenal de Dieu lorsqu’elle est dans les mains de la puissance de la vie. Tel est l’enseignement fondamental par lequel le Seigneur termine ces deux paraboles (verset 33).

Les disciples étaient le sel de la terreMatthieu 5. 13. Le sel protège les aliments périssables de la corruption. Traiter avec l’ennemi, c’est perdre la saveur du sel, abandonner la position de disciple du Seigneur et de témoin devant le monde.

Quel solennel avertissement pour chacun ! Que le Seigneur nous donne des oreilles pour l’entendre et le mettre en pratique.

Luc 14

15Et un de ceux qui étaient à table, ayant entendu ces choses, lui dit : Bienheureux celui qui mangera du pain dans le royaume de Dieu. 16Et il lui dit : Un homme fit un grand souper et y convia beaucoup de gens. 17Et à l’heure du souper, il envoya son esclave dire aux conviés : Venez, car déjà tout est prêt. 18Et ils commencèrent tous unanimement à s’excuser. Le premier lui dit : J’ai acheté un champ, et il faut nécessairement que je m’en aille et que je le voie ; je te prie, tiens-moi pour excusé. 19Et un autre dit : J’ai acheté cinq paires de bœufs, et je vais les essayer ; je te prie, tiens-moi pour excusé. 20Et un autre dit : J’ai épousé une femme, et à cause de cela je ne puis aller. 21Et l’esclave, s’en étant retourné, rapporta ces choses à son maître. Alors le maître de la maison, en colère, dit à son esclave : Va-t’en promptement dans les rues et dans les ruelles de la ville, et amène ici les pauvres, et les estropiés, et les aveugles, et les boiteux. 22Et l’esclave dit : Maître, il a été fait ainsi que tu as commandé, et il y a encore de la place. 23Et le maître dit à l’esclave : Va-t’en dans les chemins et [le long des] haies, et contrains [les gens] d’entrer, afin que ma maison soit remplie ; 24car je vous dis, qu’aucun de ces hommes qui ont été conviés ne goûtera de mon souper.

25Et de grandes foules allaient avec lui. Et se tournant, il leur dit : 26Si quelqu’un vient à moi, et ne hait pas son père, et sa mère, et sa femme, et ses enfants, et ses frères, et ses sœurs, et même aussi sa propre vie, il ne peut être mon disciple. 27Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne vient pas après moi, ne peut être mon disciple. 28Car quel est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne s’asseye premièrement et ne calcule la dépense, [pour voir] s’il a de quoi l’achever ? 29de peur que, en ayant jeté le fondement et n’ayant pu l’achever, tous ceux qui le voient ne se mettent à se moquer de lui, 30disant : Cet homme a commencé à bâtir, et il n’a pu achever. 31Ou, quel est le roi qui, partant pour faire la guerre à un autre roi, ne s’asseye premièrement et ne délibère s’il peut, avec 10 000 [hommes], résister à celui qui vient contre lui avec 20 000 ? 32Autrement, pendant qu’il est encore loin, il lui envoie une ambassade et s’informe des [conditions] de paix. 33Ainsi donc, quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il a, ne peut être mon disciple. 34Le sel donc est bon ; mais si le sel aussi a perdu sa saveur, avec quoi l’assaisonnera-t-on ? 35Il n’est propre, ni pour la terre, ni pour le fumier ; on le jette dehors. Qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)