Le Seigneur avait présenté la parabole du chapitre 15 aux pharisiens et aux scribes pour leur montrer que la grâce divine s’occupait de ceux qui venaient à lui, tels que les publicains et les pécheurs. S’adressant maintenant plus particulièrement aux disciples, il montre la responsabilité de ceux qui sont les objets de cette grâce. Appelé le chapitre des richesses, ce chapitre 16 présente successivement : l’économe infidèle et les richesses injustes, la réponse du Seigneur aux pharisiens avares, et enfin la parabole de Lazare et du riche.
Dès la création, Dieu a confié l’administration du monde à l’homme : “Les cieux sont les cieux de l’Éternel, mais il a donné la terre aux fils des hommes” Psaume 115. 16. Néanmoins, Dieu reste propriétaire de tout, car il est le “Dieu Très Haut, possesseur des cieux et de la terre” Genèse 14. 19 ; Psaume 24. 1.
Après la chute d’Adam en Éden, Satan a cherché à s’emparer de l’autorité et de la gloire des royaumes du monde. Sa déclaration au Seigneur, au désert : “elle m’a été donnée et je la donne à qui je veux” (4. 6), est fausse en droit, mais malheureusement vraie en fait, à cause des convoitises des hommes. Dès lors, tous les biens de la terre, mal administrés par l’homme, ont le caractère de richesses injustes. Jamais, comme à la fin du vingtième siècle, l’incapacité de l’homme à gérer les ressources naturelles de la planète n’a été aussi criante : une petite minorité de la population mondiale vit dans une opulence relative, alors que la majorité demeure misérable et même meurt de faim.
La venue de Christ n’a pas changé l‘état du monde, mais sa mort introduit un ordre de choses céleste (les tabernacles éternels du verset 9) qui contient les vraies richesses, permanentes et éternellesMatthieu 6. 20.
Par le récit de l’économe infidèle, le Seigneur enseigne à ceux qui sont les objets de la grâce déployée au chapitre précédent comment se conduire vis-à-vis du monde et de ses richesses présentes, dans la perspective d’un avenir céleste.
Un homme riche (image de Dieu) avait confié l’administration de ses biens (le monde et ses richesses) à un économe (l’homme en général et le peuple d’Israël en particulier). L’économe a dissipé les biens de son maître et se voit retirer son mandat. Le frère aîné – le Juif – qui ne voulait pas entrer dans la maison et restait dehors (15. 28), se voit maintenant ôter son administration de la part de Dieu qui le renvoie.
La portée morale de la parabole découle de l’attitude de l’économe infidèle devant la décision de son maître (versets 3-8). Ne se considérant pas qualifié pour des tâches matérielles, ayant honte de mendier, il met au point un plan de liquidation des biens de son maître qui protège et assure son propre avenir. C’était un plan d’intéressement au profit des débiteurs de son maître (mais dont celui-ci faisait les frais) qui lui assurait la complicité de ceux qui en bénéficiaient : la dette de cent baths d’huile est falsifiée en cinquante ; celle des cent cors de froment en quatre-vingts1. Le maître admire la lucidité de son économe qui avait agi avec prudence et prévoyance (verset 8) ; mais pour Dieu la fin ne justifie jamais les moyens.
Le Seigneur, dans les conclusions qu’il tire du récit, ne nous invite pas à imiter la conduite malhonnête de l’économe, mais plutôt sa prudence. C’est le maître de l’économe infidèle qui loue celui-ci, non pas le Seigneur. Nous sommes au contraire exhortés à l’honnêteté (versets 11, 12). Cette simple remarque évitera de faire une fausse application de la parabole.
Les chrétiens (les fils de la lumière) ne sont pas autorisés à imiter le monde (les fils de ce siècle) dans les tractations plus ou moins honnêtes du monde (des affaires, de la politique, du commerce, etc.). Par contre le monde donne souvent des leçons au chrétien sur la façon de conduire sa propre vie avec prudence en vue de son avenir terrestre. Lorsque les Gabaonites sont venus à Josué avec ruse pour traiter alliance, ils étaient plus prudents que le peuple d’Israël qui avait négligé d’interroger la bouche de l’ÉternelJosué 9. 3-16.
Les biens du monde sont appelés richesses injustes (verset 9), car l’homme en chute les considère comme lui appartenant et non pas à Dieu. Le croyant doit administrer ce qu’il possède ici-bas en vue du ciel pour la gloire de Dieu et le bien de son prochain. Alors il ne perdra pas sa récompense dans le monde à venir (les tabernacles éternels). Pour Dieu, ce qui est très petit est de la terre, et ce qui est grand est du ciel (versets 10, 11). Ce qui importe pour lui est la fidélité dans l’administration de tout service1 Corinthiens 4. 2. Un bel exemple nous est donné par Daniel à BabyloneDaniel 6. 5.
Quelle différence entre l’économe infidèle déchu de son administration et l’économe fidèle et prudent (12. 42) qui s’occupe des intérêts de son maître jusqu’à son retour !
La fidélité du croyant dans les choses matérielles (ce qui est très petit), qui sont à autrui (c’est-à-dire en fait à Dieu) le qualifie pour administrer les vraies richesses spirituelles (ce qui est grand) qui deviennent siennes. Les richesses du monde ne doivent être qu’un instrument pour le service du Seigneur.
Chercher à devenir riche est un piège et une racine de toutes sortes de maux1 Timothée 6. 9, 10 ; l’amour de l’argent devient un esclavage qui ôte toute occasion de servir Dieu en amour. Les richesses sont ici personnifiées comme un véritable dieu (le Mammon injuste), objet d’adoration. L’apôtre Paul confirme que la cupidité (l’avidité de posséder quoi que ce soit) est une idolâtrieÉphésiens 5. 3-5. Or nul ne peut servir deux maîtres : on ne peut être à la fois esclave du vrai Dieu et esclave du dieu des richesses. Rappelons-nous que nous avons été achetés à prix pour ne plus nous appartenir1 Corinthiens 6. 19, 20, mais pour être à celui qui pour nous est mort et a été ressuscité2 Corinthiens 5. 15. Que la grâce de Dieu nous aide à ne pas nous tromper de maître dans la vie chrétienne pratique !
Les pharisiens étaient tombés dans le piège de servir leurs richesses en abandonnant Dieu. Ce n’était pas encore le temps prédit par Ésaïe : “L’homme vil ne sera plus appelé noble, et on ne dira pas l’avare généreux” et “mais l’homme noble se propose des choses nobles” Ésaïe 32. 5, 8.
Les pharisiens se justifiaient eux-mêmes devant les hommes, ignorant que la vraie question est plutôt celle posée par Job : “Comment l’homme sera-t-il juste devant Dieu ?” Job 9. 2, à laquelle l’épître aux Romains répond pleinement par le message de l’évangile de Dieu. Dieu sonde le cœurJérémie 17. 10, selon sa propre mesure, qui n’est pas celle de l’homme, car “l’homme regarde à l’apparence extérieure, et l’Éternel regarde au cœur” 1 Samuel 16. 7.
S’élever soi-même devant les hommes comme les pharisiens, est une abomination devant Dieu, une véritable idolâtrie.
Les pharisiens se considéraient comme les dépositaires de la loi de Moïse et des écrits de l’A.T. Mais toutes les Écritures parlaient à l’avance de Christ1 Pierre 1. 11. Jean-Baptiste, précurseur du Messie venu dans ce monde, était le dernier des témoins et prophètes (7. 28). Dès lors, un autre ordre de choses – le royaume de Dieu – était introduit (verset 16), mais le témoignage de la loi et des prophètes à la justice de Dieu subsisteRomains 3. 21. Telles étaient les paroles éternelles du Seigneur qui ne peuvent passer, même si le ciel et la terre doivent passer (16. 17 ; 21. 33).
Dès le commencement, la pensée de Dieu était d’unir l’homme et la femme par le lien sacré du mariageGenèse 2. 24, image du grand mystère de l’union de Christ et de l’AssembléeÉphésiens 5. 31, 32. Le lien, formé par DieuMatthieu 19. 6, est indissoluble, excepté par la mort. Le Seigneur rappelle cette vérité aux pharisiens, qui voulaient se prévaloir de l’autorisation de MoïseDeutéronome 24. 1, pour excuser leur vie dissolue.
Dans le temps actuel, où l’ordre divin dans la création touchant le mariage et la famille, est de plus en plus ignoré, il est utile de rappeler que la chasteté avant le mariage et la fidélité conjugale dans le mariage constituent le remède absolu que le monde médical cherche en vain pour enrayer les fléaux envoyés aujourd’hui par Dieu sur l’homme égaré.