Le chapitre 14 a montré :
Au moment où la loi et l’ancienne alliance étaient mises de côté à cause du rejet de Christ comme Messie, l’énergie souveraine de la grâce et ses conséquences sont introduites dans les chapitres 15 et 16. Le Seigneur montre ainsi aux pharisiens et aux scribes que Dieu trouve sa propre joie à faire grâce. Cette grâce divine cherche les âmes pour les sauver et les introduire dans la bénédiction, pour la joie du ciel.
Les trois récits de ce chapitre forment en fait une seule parabole, selon la parole du Seigneur (verset 3). Elle ne présente pas le principe ou l’œuvre par lesquels une brebis perdue ou un pécheur égaré peuvent être sauvés, mais plutôt la grâce souveraine de Dieu qui cherche les âmes. Dans les trois cas, la joie des personnes divines, Père, Fils et Saint Esprit, brille devant nous ; cette joie divine est l’expression de la nature même de Dieu, qui est amour ; elle donne au ciel son caractère.
L’homme naturel – le propre juste surtout – n’y a aucune part. Alors que les publicains et les pécheurs, conscients de leur état, s’approchent de Jésus, les pharisiens et les scribes murmurent et méprisent le Seigneur de gloire descendu ici-bas en grâce parfaite pour nous sauver.
En venant à Jésus, les publicains et les pécheurs confessent leurs péchés, se repentent et justifient Dieu : “La sagesse a été justifiée par tous ses enfants” (7. 35).
Au contraire, “les pharisiens et les docteurs de la loi rejetaient contre eux-mêmes le conseil de Dieu” (7. 30). L’endurcissement de ces hommes, inconscients de leur état, donne l’occasion à notre précieux Sauveur de révéler les trésors de la grâce divine envers nous, dans la parabole qui suit.
Dans ce premier récit, Christ se présente comme un homme parmi le peuple “homme approuvé de Dieu auprès de vous par les miracles et les prodiges et les signes que Dieu a faits… au milieu de vous” Actes 2. 22, mais c’est le Sauveur, le bon bergerJean 10. 11, 14, le berger et le surveillant de nos âmes1 Pierre 2. 25, “le grand pasteur des brebis” Hébreux 13. 20.
Jésus venait dans le monde pour accomplir la promesse faite autrefois à Israël, et maintenant étendue aux nationsÉzéchiel 34. 15, 16. Ce travail du bon berger est mis en opposition avec celui du berger insensé, le pasteur de néant (figure de l’Antichrist), qui abandonne le troupeau et détruit les brebisZacharie 11. 16, 17.
Le berger avait cent brebis et il en laisse quatre-vingt-dix-neuf au désert pour s’occuper de la dernière qui était perdue. Les brebis de la maison d’Israël ne sont pas vues ici comme gardées dans la bergerie juive ; elles sont dans le désert, un lieu aride et sans ressources pour ceux “qui n’ont pas besoin de repentance” (verset 7).
La brebis perdue est l’image saisissante de l’homme pécheur qui a besoin de la grâce : une brebis égarée ne possède aucun instinct qui lui permette de retrouver son chemin ; malade, elle ne reconnaît même plus la voix familière de son propre berger. Aussi, le bon berger la cherche jusqu’à ce qu’il l’ait trouvée. Le sort éternel d’une seule âme perdue suffit à mouvoir le cœur de Christ ; il poursuit son travail d’amour jusqu’à l’achèvement. Aucun évangéliste ne peut amener par ses propres efforts une seule personne à Christ ; mais dans la conscience que le travail de la grâce dans une âme est de Dieu, il peut certainement mesurer le dévouement et l’amour des âmes dans le parfait exemple du bon berger.
Lorsque la brebis a été trouvée, le berger lui-même la porte avec joie sur ses épaules jusqu’à la maison, où les soins lui seront assurés. Qui pourrait penser qu’il est venu au Seigneur par lui-même ? Au contraire, c’est le bon berger qui est venu à notre rencontre pour nous chercher, nous trouver, nous amener à lui, et enfin nous introduire dans la maison du Père : au prix de sa propre vieJean 10. 11, dans un amour suprême pour ceux qu’il appelle ses amisJean 15. 13. C’est ainsi qu’ “il peut sauver entièrement ceux qui s’approchent de Dieu par lui” Hébreux 7. 25.
La joie du berger qui a retrouvé sa brebis est partagée avec les amis et les voisins réunis à la maison (verset 6) : la joie d’une personne heureuse déborde toujours. Ici, c’est la joie du ciel, celle du Sauveur.
Les sentiments de reconnaissance du pécheur sauvé (figuré par la brebis retrouvée) ne sont pas mentionnés, car là n’est pas le fondement de la paix et de la joie de l’âme. La joie, ici, est celle du rédempteur, partagée plus tard avec tous les rachetés. Le Sauveur reviendra avec chant de joie, portant ses gerbesPsaume 126. 6, comme le moissonneur, dans son seinPsaume 129. 7.
Pourtant, dès maintenant, en voyant les campagnes blanches pour la moisson “celui qui sème et celui qui moissonne, se réjouissent ensemble” Jean 4. 36.
Le deuxième récit présente, sous la figure de la femme qui cherche diligemment sa drachme, l’activité incessante du Saint Esprit. L’image de la drachme, objet inanimé, décrit de façon saisissante l’incapacité absolue de l’homme dans son état naturel à opérer son propre salut. Par nature, nous étions morts dans nos fautes et dans nos péchésÉphésiens 2. 1, et “encore sans force” Romains 5. 6.
Dans le premier récit, le berger seul portait tout le fardeau. Maintenant, l’activité de la femme montre tout le prix et l’intérêt qu’elle attachait dans son cœur à sa drachme perdue.
La drachme était perdue dans une maison remplie de ténèbres et qui n’était pas balayée. C’est une figure de la bergerie juive. Pour le temps actuel, il s’agit de la maison de Dieu sur la terre, devenue une grande maison ; elle comprend beaucoup de personnes rattachées à la profession chrétienne sans avoir la vie de Dieu, c’est-à-dire perdues comme la drachme.
Pour retrouver la drachme, il fallait éclairer la maison et la balayer :
On comprend encore mieux ici que la drachme (un objet inanimé) ne pouvait se réjouir : la joie est celle du Sauveur, débordante et partagée avec les habitants du ciel (les amies et les voisines de la femme) ; elle s’exprime devant les anges de Dieu. À la création des mondes, les anges partageaient la joie divineJob 38. 7. Mais, devant les gloires et la joie de la rédemption, les anges s’arrêtent en désirant regarder de près1 Pierre 1. 12. Ils exprimeront avec déférence la dignité de l’Agneau immoléApocalypse 5. 12 dans la scène céleste.
Les rachetés, tirés de toutes les nations et races humaines de la terre, partagent, au contraire, dès maintenant la joie de leur Rédempteur dans le cantique éternel chanté à la gloire de l’Agneau.