Le Seigneur répond pour la troisième fois à l’invitation d’un pharisien. Là, il guérit un homme hydropique1 en un jour de sabbat. Il montre ensuite comment il faut s’abaisser devant le monde, devant ses frères et devant Dieu, avant d’adresser le touchant appel à venir au souper de la grâce.
Le Seigneur est là dans la maison d’un pharisien avec d’autres pharisiens et des docteurs de la loi. La guérison de l’homme hydropique est différente de celle de l’homme qui avait la main sèche, qui a eu lieu aussi en un jour de sabbat, mais dans la synagogue (6. 6-11) Matthieu 12. 9-13 ; Marc 3. 1-6. Avant de le guérir, le Seigneur pose la même question : “Est-il permis de guérir, un jour de sabbat” (verset 3) ?
Dans la maison, il prend à part les chefs du peuple, pour leur faire comprendre que la misère de l’homme avait interrompu le repos de Dieu au septième jour de la création : “Mon Père travaille jusqu’à maintenant, et moi je travaille” Jean 5. 17.
Un homme, par intérêt ou par compassion, délivre bien sa bête tombée dans un puits un jour de sabbat. Comment peut-on alors refuser la grâce du Seigneur pour une de ses créatures en danger de mort, qu’il voulait sortir du puits de la destruction éternelle ?
Les pharisiens et docteurs de la loi sont réduits au silence devant les paroles de celui qui est la parfaite expression de la grâce de Dieu adaptée aux besoins de l’homme. Jonas, en s’apitoyant sur son propre sort et sur celui de l’arbuste qui l’avait protégé de l’ardeur du soleil était, lui aussi, bien loin de comprendre la miséricorde de Dieu à l’égard de Ninive qui s’était repentie.
Appliquons-nous donc à jouir pour nous de la grâce de Christ, pour la présenter ensuite aux autres et nous réjouir lorsqu’elle leur est accordée.
La scène se complète par un conseil donné aux conviés pour le choix de leurs places à table. Les invités choisissaient les premières places, à l’image du premier homme qui a toujours cherché à s’élever dans ce monde, en tombant dans l’orgueil, la faute du diable. Le croyant, au contraire, est appelé à imiter le second homme qui s’est abaissé lui-même et a pris volontairement la dernière place. Ne disputons donc pas maintenant le monde aux gens du monde.
Dieu nous a conviés au banquet de sa grâce ; selon sa sagesse, il assigne sa place à chacun. Conscients ainsi d’être des objets de grâce, nous ne nous comparerons pas les uns aux autres et nous serons gardés de nous élever les uns par rapport aux autres. Avec Paul, chacun peut se considérer comme le premier des pécheurs1 Timothée 1. 15, un objet de la miséricorde divine, de sorte que la dernière place convient à chacun.
La seule manière de prendre cette place d’humilité et de la garder est de penser à Christ ; les contrariétés et les vexations de la vie dans ce monde n’auront plus alors d’effet sur nos cœurs. La crainte de Dieu coopère aussi à ce but, car : “la crainte de l’Éternel est la discipline de la sagesse, et l’abaissement va devant la gloire” Proverbes 15. 33 et aussi : “Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu, afin qu’il vous élève quand le temps sera venu” 1 Pierre 5. 6. Voilà précisément la suite de l’enseignement de la parabole, lorsque le convié qui avait choisi la dernière place reçoit l’invitation : “Ami, monte plus haut” (verset 10). Le principe moral demeure : “quiconque s’élève sera abaissé ; et celui qui s’abaisse sera élevé” (verset 11).
La même conclusion découle de la mise en garde par le Seigneur vis-à-vis de l’attitude des pharisiens, qui s’étaient assis dans la chaire de MoïseMatthieu 23. 1-12 ; comme aussi de la parabole du pharisien et du publicain (18. 9-14). La mesure parfaite de cet abaissement qui va devant la gloire, a été vue en Jésus qui s’est abaissé lui-même et que Dieu a haut élevéPhilippiens 2. 8, 9.
Aussitôt après les conseils donnés aux invités, le Seigneur s’adresse au pharisien qui l’avait convié, hôte de ce repas. Qui fallait-il inviter ?
Avant de répondre à cette question qui sonde le cœur, il faut se reconnaître soi-même comme appartenant aux yeux de Dieu à la seconde catégorie ; puis se souvenir que Christ lui-même visitait ceux-là dans sa grâce (15. 2) ; les foules mêmes reconnaissaient Christ comme un de leurs amis (7. 34). Nous pouvons alors facilement comprendre que l’exercice de la charité chrétienne ne peut se faire que dans un esprit d’abnégation et de désintéressement déjà enseigné précédemment par le Seigneur (6. 32-38). C’est un principe moral simple qui peut nous guider pour les invitations dans les familles chrétiennes.
En travaillant ainsi pour la gloire de Christ, nous avons l’assurance de son approbation et de sa bénédiction : “Tu seras bienheureux” (verset 14). Le moment de la rétribution est désigné ici comme celui de la “résurrection des justes”, c’est-à-dire la première résurrection. C’est déjà une grâce d’avoir part à ce bonheurApocalypse 20. 6. Il s’y ajoute la joie d’avoir reflété ici-bas, même faiblement, quelque chose de la sainte humanité de notre Maître.