Du verset 22 à la fin du chapitre, quatre miracles manifestent la puissance et l’autorité du Seigneur :
Dans ces quatre épisodes, la puissance de Satan est tenue en échec.
Le premier est mentionné dans les trois évangiles synoptiques.
Luc attribue au Seigneur l’initiative de passer à l’autre rive. L’ayant “pris comme il était” Marc 4. 36, les disciples gagnent le large. Jésus s’endort (litt. “tombe endormi”), sans doute sous l’effet de la fatigue. Chaque journée était pour lui remplie par le service que le Père lui confiait. C’est la seule occasion où nous voyons le Seigneur dormir, expression à la fois de sa fatigue et de sa confiancePsaume 16. 1. Son humanité était à la fois unique en ce qu’elle était sans péché, et identique à la nôtre dans sa réalité quotidienne. L’orage descend violemment sur le lac. Les pêcheurs expérimentés craignent le pire, interrompent le sommeil de Jésus. La voix du Créateur retentit alors, le calme revientProverbes 30. 4. Il s’adresse aux disciples : “Où est votre foi ?” (verset 25). Le reproche paraît sévère. Pourtant, n’avaient-ils pas vu sa puissance s’étendre sur les maladies, les infirmités de toutes sortes et même sur la mort ? Ils s’étonnent de le voir dominer les éléments physiques de l’univers. Le Seigneur veut montrer qu’aucune puissance extérieure ne peut remettre en cause notre salut ou nous séparer “de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur” Romains 8. 38, 39. Ainsi, c’est souvent dans la tempête que nous apprenons à connaître et notre manque de foi et la toute-puissance du Seigneur.
Sous son aspect prophétique, cette scène est une image des croyants fidèles d’Israël appelés dans un temps futur à traverser les flots de la « grande tribulation ». Prêts à périr, ils crieront à celui qui calmera la tempête que les nations auront déchaînée contre euxPsaume 44. 23 ; 2. 1-9.
Sur le lac, le Seigneur triomphait des éléments naturels rendus hostiles à l’homme. Arrivé à Gadara, une ville située au sud-est de la Galilée, le Seigneur doit affronter directement la puissance satanique. Il rencontre là un homme possédé par les démons. Les forces sataniques qui le rendaient capable de briser des chaînes avaient en réalité anéanti sa personnalité au point de lui faire perdre le contrôle de lui-même. Il était “saisi” et “emporté”. Cet homme est une figure saisissante de notre condition de pécheurs :
Quand Jésus lui demande son nom, il répond : “légion”. Il s’identifie avec l’esprit dont il est possédé. De nos jours, combien nombreux sont ceux qui ont abdiqué leur personnalité devant l’alcoolisme, la drogueÉphésiens 2. 2 ; Colossiens 1. 13. Mais Dieu veut apporter la plénitude de son salut à ceux qui en sont apparemment les plus indignes ; au-delà des confins privilégiés d’Israël, Jésus avait vu cet homme et venait le délivrer.
À vrai dire, le démoniaque ne manifeste aucun désir d’être libéré de son état : s’il se jette devant Jésus c’est pour lui dire : “Ne me tourmente pas” (verset 28). Néanmoins, en disant : “légion”, il confesse la gravité de cet état et l’impossibilité d’en sortir sans l’intervention de la puissance divine. À cette époque, une légion, qui comptait cinq à six mille hommes, était synonyme de force invincible.
Les démons demandent au Seigneur de ne pas user de son autorité pour les envoyer dans l’abîme, lieu de leur punition futureApocalypse 20. 1-3. Ils entrent dans les pourceaux qui paissent là, libérant le démoniaque. Les bêtes impures, image de l’homme soumis à Satan, sont emportées dans le lac, là même où, quelque temps auparavant, les disciples et le Seigneur avaient essuyé la tempête. Pour les propriétaires du troupeau, le préjudice financier était considérable.
Mais la conscience de tels hommes, “étouffée par les richesses” (verset 14), n’est pas atteinte. La puissance divine les dérange. N’étant moralement pas prêts à recevoir Jésus, ils le prient de quitter leur territoire. Le Seigneur respecte leur demande (verset 37) car elle est l’expression d’un choix conscient.
Mais là où le péché abonde, la grâce surabondeRomains 5. 20 : le Seigneur ne laisse pas cette ville sans témoin. Ainsi, l’homme délivré, “assis, vêtu et dans son bon sens”, a retrouvé son état normal, sa personnalité, sa dignité. Christ l’a affranchi, vivifié, et l’Esprit peut le conduire à faire briller la lumière divine dans un monde de ténèbres (versets 38, 39), non sans résultat semble-t-il, car dans l’évangile de MatthieuMatthieu 14. 34-36, nous retrouvons un groupe d’hommes de cette contrée prêts à recevoir Jésus.