Ce chapitre est étroitement lié au précédent. C’est la même année que Hanania, fils d’Azzur, un prophète de Gabaon, devient brusquement très audacieux. Avide de popularité sans doute, se donnant l’air d’un patriote zélé, il parle à Jérémie, dans la maison de l’Éternel, devant les sacrificateurs et tout le peuple.
Quelle est la teneur de son message ? Il affirme que l’Éternel lui a parlé, annonçant qu’il allait briser le joug du roi de Babylone. Tous ceux qui étaient déjà partis en captivité et tous les ustensiles dérobés dans la maison de l’Éternel seraient de retour à Jérusalem dans un délai de deux ans (versets 2-4). Il ose promettre une délivrance rapide et sans condition au moment même où la méchanceté est à son comble. Avec quelle satisfaction le peuple incrédule peut se saisir d’un tel message, inspiré pourtant par Satan, le père du mensonge (verset 15 ; 14. 14) !
Devant une telle assertion, Jérémie se contente de répondre avec douceur devant tous : “Amen ! Qu’ainsi fasse l’Éternel !” (verset 6). Combien le prophète aurait souhaité qu’une telle déclaration soit crédible. Mais c’était impossible, car il savait bien qu’il n’y avait aucune repentance du côté de Juda. Le Seigneur l’Éternel ne ferait rien sans révéler son secret à ses serviteurs les prophètesAmos 3. 7. Comment connaître aujourd’hui les secrets de Dieu ? En nous pénétrant de sa parole. Elle nous fera connaître le jugement divin, mais aussi la grâce, qui s’élève au dessus du jugement.
Jérémie voulait qu’Hanania et le peuple retiennent ce qu’il allait dire. Ce qui avait apporté la preuve que les prophètes précédents avaient été véritablement envoyés par l’Éternel, c’était la réalisation de ce qu’ils avaient annoncé (verset 9) Deutéronome 18. 19-22. Jérémie n’encourage donc pas un débat par des arguments inutiles, encore moins par une raillerie moqueuse. Mais Hanania devient plus arrogant encore. L’erreur est généralement obstinée et catégorique. Il ôte le joug que le prophète portait autour du cou et le brise. Puis il déclare à nouveau de façon péremptoire : “Ainsi dit l’Éternel” : Encore deux ans, et je briserai le joug de Nebucadnetsar de dessus le cou, non plus de Juda, mais de toutes les nations (verset 11).
Quelle belle leçon nous donne alors Jérémie ! Il ne cherche pas à défendre sa réputation personnelle ou à attirer l’attention du peuple par un flot de paroles. Il s’en va, sans dire un mot (verset 11) Proverbes 14. 7. Envoyé par l’Éternel, il avait résisté aux rois, aux prophètes et aux sacrificateurs, mais, maintenant, il se garde de contester2 Timothée 2. 24. Il laisse à Dieu le soin d’établir la vérité.
Seul, dans la présence de Dieu, Jérémie reçoit un message pour cet homme qui a cherché à s’opposer au message divin : “Va, et parle à Hanania” (verset 13). S’il avait brisé des jougs de bois, Dieu allait faire, lui, des jougs de fer et les mettrait sur le cou de ces nations dont il avait déjà parlé. La sentence à leur égard est confirmée : elles devaient servir le roi de Babylone, elles le serviraient (versets 12-14). L’Éternel n’avait-il pas dit à son serviteur, dès le départ : “Je veille sur ma parole pour l’exécuter” (1. 12) ? Mais pour ce faux prophète, Jérémie apporte des paroles plus solennelles encore : “Écoute, Hanania !” L’Éternel ne l’avait pas envoyé, et pourtant, il avait voulu courir (23. 21). Ce péché allait entraîner rapidement sa mort, au bout de deux mois à peine. Quelles sont les causes de ce terrible jugement ? “Tu as fait que ce peuple s’est confié au mensonge… tu as parlé de révolte contre l’Éternel” (versets 15, 16). L’apôtre nous met en garde contre ceux qui, par de douces paroles et un beau langage, séduisent les cœurs des simplesRomains 16. 17, 18. La doctrine que nous avons apprise, la parole de Dieu, reste notre précieuse pierre de touche.
L’on aurait pu penser qu’une grande crainte allait s’emparer du peuple, comme plus tard au temps d’Ananias et de SapphiraActes 5. 11. Juda se serait enfin détourné de son égarement continuel. Il n’en sera rien, il refuse ouvertement de revenir (8. 5).