Il le fait brièvement, ses paroles sont empreintes de dignité. C’est l’Éternel qui l’a envoyé. Aucune amertume personnelle n’entrait en jeu, tandis que trop souvent, quand nous affirmons avoir les intérêts de Dieu en vue, nos motifs sont mélangésPsaume 40. 10, 11.
Jérémie les invite encore à amender leurs voies et leurs actions, à écouter la voix de l’Éternel, leur Dieu (verset 13 ; 7. 5). Et il ajoute : “Pour moi, me voici entre vos mains ; faites-moi comme il est bon et droit à vos yeux” (verset 14). Son courage se fonde sur sa foi. Il sait qu’il est en réalité entre les mains de Dieu. Ici et ailleurs, Jérémie préfigure le Serviteur parfait qui sera amené à la croix, sans offrir de résistance (11. 19) Jacques 5. 6.
Puis le prophète ajoute : “Seulement sachez bien que, si vous me faites mourir, vous mettrez du sang innocent sur vous… car en vérité l’Éternel m’a envoyé vers vous” (verset 15). Une si terrible perspective n’empêchera pas le peuple juif de réclamer la crucifixion du Seigneur. Malgré la déclaration de Pilate – “Je n’ai trouvé aucun crime dans cet homme” Luc 23. 14 – tout le peuple s’écria : “Que son sang soit sur nous et sur nos enfants” Matthieu 27. 25.
Le courage tranquille de Jérémie impressionne fort les princes et le peuple qui se montrent aussi versatiles qu’au temps du SeigneurMatthieu 21. 9 ; 27. 20-23. A ces sacrificateurs et ces prophètes égarés, les princes et le peuple déclarent : “Cet homme ne mérite pas la mort ; car il nous a parlé au nom de l’Éternel, notre Dieu” (verset 16).
Alors, quelques anciens osent, à leur tour, parler en faveur de Jérémie. Il y avait encore dans leur cœur un peu de cette crainte de Dieu qui incite à se détourner du malProverbes 16. 6. Ils rappellent que le prophète Michée, un contemporain d’Ésaïe, avait prononcé des paroles analogues à celles de Jérémie, au temps du roi ÉzéchiasMichée 3. 12. C’était un message sévère, qui aurait pu heurter ce roi pieux, mais il avait craint l’Éternel, imploré sa grâce et reçu une réponse de miséricorde et de paix.
Les anciens affirment : “Nous ferions un grand mal contre nos âmes” (verset 19). Ils redoutent, à juste titre, les conséquences d’une telle violence. Mais sont-ils pour autant disposés à écouter la parole de Dieu ? Quelle est notre attitude devant les avertissements du Seigneur, donnés par le moyen de ses serviteurs ?
Le cas d’Urie, qui avait prophétisé au nom de l’Éternel, “selon toutes les paroles de Jérémie” (verset 20), est ensuite rappelé. Ce prophète, saisi de crainte en apprenant que Jéhoïakim cherchait à le faire mourir, s’était enfui en Égypte. Le roi avait alors envoyé des hommes à sa recherche, car il était allié à l’Égypte. Urie avait été repris et ramené au pays de Juda, où Jéhoïakim n’avait pas hésité à le frapper de son épée et à jeter son cadavre dans les sépulcres des fils du peuple.
Il pensait sans doute se débarrasser ainsi d’un témoin gênant. Dieu en avait suscité un autre. Jéhoïakim sera bientôt enseveli de l’ensevelissement d’un âne. La parole de Dieu, immuable, l’annonce (22. 19).
Bien des serviteurs ont connu le martyre pour avoir ainsi, avec foi, déclaré la véritéHébreux 11. 37. Ils recevront la couronne de vie. D’autres, comme Jérémie ou Paul, plus tard, ne tenaient pas leur vie pour précieuse. Ils désiraient achever leur course et le service reçu de Dieu. Jérémie devait, par la foi, échapper au tranchant de l’épéeHébreux 11. 34. Ce n’était pas en vain que le prophète avait pu dire : “Sache que, pour toi, je porte l’opprobre” (15. 15). Pour sa délivrance, Dieu a préparé Akhikam, un des messagers que le roi Josias avait envoyés vers la prophétesse Hulda2 Rois 22. 14. Il fut avec Jérémie “afin qu’on ne le livrât point aux mains du peuple pour le faire mourir” (verset 24). Dieu, dans sa grâce, tient ses serviteurs dans le creux de sa main. Aucun instrument formé contre eux ne peut réussirÉsaïe 54. 17.
Que Dieu nous accorde d’affermir nos cœurs et d’user de patience ; la venue du Seigneur est procheJacques 5. 8. Imitons l’exemple de Jérémie, il est l’un de ces prophètes qui nous ont parlé au nom du Seigneur. Sa façon de prendre sa part de l’humiliation et de s’identifier avec le peuple est bien instructive. Son exemple nous rappelle que l’humiliation doit d’abord être individuelle. Le travail que Dieu opère dans nos cœurs et dans nos consciences amène à la repentance, au jugement de nos voies et au rejet de nos “idoles” – tout ce qui prend dans mon cœur la place de Christ, tout ce qui capte ma confiance. Une humiliation vraie se traduira par des actes qui en montrent la réalité. Écoutons aussi ce que Dieu disait à son serviteur Jérémie : “Si tu sépares ce qui est précieux de ce qui est vil, tu seras comme ma bouche” (15. 19). Il nous faut une conscience délicate pour discerner le bien et le pratiquer, pour juger le mal et nous en séparer.
Le témoignage de Jérémie a-t-il été reçu ? Hélas, fort peu. Il aurait pu dire comme le Serviteur parfait : “J’ai travaillé en vain… toutefois… mon œuvre est par devers mon Dieu” Ésaïe 49. 4. Mais, au milieu des souffrances, il faisait l’expérience renouvelée que l’Éternel était avec lui comme un homme puissant (20. 11).
Peut-être aurons-nous aussi à rencontrer de l’incompréhension et du mépris. Et si notre témoignage était rejeté, ne nous décourageons pas. Écrions-nous avec le prophète : “Éternel, ma force, et ma forteresse, et mon refuge au jour de la détresse !” (16. 19).