C’est pendant la première partie du règne de Sédécias que Jérémie reçoit de la part de Dieu un ordre étrange. Il doit confectionner des liens et des jougs et les mettre autour de son cou.
Il devient, par cet acte symbolique, visible de tous, un témoignage constant du message divin pour ceux qui refuseraient d’écouter.
Le prophète devait envoyer aussi des jougs aux nations voisines. Justement, Édom, Moab, Ammon, Tyr et Sidon avaient envoyé des ambassadeurs à Jérusalem auprès du roi, peut-être en vue de conclure une alliance contre le roi de Babylone qui menaçait d’envahir leurs pays. Or Jérusalem et Juda, du fait même de leur position géographique, paraissaient tout désignés pour être le centre d’une telle coalition.
L’envoi des jougs s’accompagnerait d’un message. L’Éternel, par sa grande puissance et son bras étendu (verset 5), avait décidé de confier à Nebucadnetsar, qu’il a déjà appelé “son serviteur” (25. 9), la domination sur toutes ces nations et même sur les bêtes des champs (verset 6 ; 25. 9 ; 43. 10). Lui résister, ce qui était du temps d’Ézéchias un acte de foi, devenait désormais un acte de désobéissance.
Le gouvernement, confié jusqu’alors aux descendants de David, allait leur être retiré. C’était la terrible conséquence de leur refus de revenir (8. 5). Le temps des nations1 commençait avec cette tête d’or, le roi des ChaldéensDaniel 2. 38. Il ne cessera qu’avec l’avènement du règne de Christ, le vrai fils de David dont le royaume sera un royaume éternelDaniel 7. 27.
Les nations devaient accepter le joug de Nebucadnetsar, et le servir, ainsi que son fils et son petit-fils (verset 7). Il en coûterait fort cher d’écouter les faux prophètes, les devins, les songeurs et autres pronostiqueurs qui, d’une seule voix, pour les flatter, disaient : “Vous ne servirez point le roi de Babylone” (verset 9). S’ils croyaient au mensonge, Dieu les visiterait “par l’épée et par la famine et par la peste” et les jetterait dehors, de sorte qu’ils périraient loin de leur terre (versets 8, 10). En se soumettant, ils pourraient rester dans leur pays et le labourer (verset 11). Israël avait été mis à l’épreuve. Il avait désobéi à Dieu et n’avait donc pas pu être béni. Il est désormais mis de côté. Il est frappant de constater que Dieu donne alors à un homme des nations le pouvoir de dominer sur ce monde. Son incapacité à en faire bon usage et sa déchéance seront rapidement démontréesDaniel 4. 28, 29.
“Servez-le, lui et son peuple, et vous vivrez” (verset 12). La parole de Dieu prend ici dans la bouche du prophète des accents solennels : “Pourquoi mourriez-vous, toi et ton peuple ? … Pourquoi cette ville serait-elle un désert ?” (versets 13, 17). Il ne fallait pas écouter tout homme qui faisait l’inspiré (29. 26), ni ses messages optimistes ou ses promesses agréables. La chute de Jérusalem était proche, mais, à entendre les prophètes, les ustensiles d’or et d’argent de la maison de l’Éternel, déjà emportés, selon l’habitude, par l’envahisseur, allaient bientôt revenir ! (verset 16) 2 Chroniques 36. 10.
Ces messages étaient en opposition absolue avec la parole de Dieu, prononcée par Jérémie. Il en est ainsi aujourd’hui dans la chrétienté. Des critiques donnent volontiers une vision optimiste de l’état spirituel de l’époque où nous vivons, en contradiction avec la parole prophétique.
Jérémie déclare que, s’ils sont vraiment prophètes, ils doivent en donner la preuve en intercédant auprès de l’Éternel pour que les ustensiles qui sont restés ne soient pas retirés à leur tour de la maison de Dieu. Mais ce serait en vain, car Dieu révèle par le moyen de Jérémie que ces ustensiles aussi vont être emportés à Babylone, et y seront “jusqu’au jour où je m’en occuperai” et où il les fera remonter et revenir dans ce lieu. C’est ce qui se produisit, en effet, soixante-dix ans plus tard, à la fin de la captivité (verset 22 ; 29. 10) Esdras 1. 7 ; 7. 19.
Si Dieu nous frappe, à cause de notre péché, soumettons-nous à sa discipline. Souvenons-nous que celle-ci n’est profitable qu’à “ceux qui sont exercés par elle” Hébreux 12. 11. Écoutons la verge et celui qui l’a décrétéeMichée 6. 9. Nous ferons l’expérience que l’épreuve est le chemin de la communion retrouvée.