Le sujet du chapitre 21 est le jugement qui allait fondre sur Israël par “l’épée” de Nebucadnetsar (verset 24). Mais Ézéchiel révéla que cette épée était en fait celle de Dieu (versets 8, 10). Le roi de Babylone n’était qu’un instrument entre les mains de Dieu, qui est le Maître de l’histoire.
Les versets 1 à 5 décrivent ce jugement sous la forme d’une parabole qui est ensuite expliquée en détail dans le reste du chapitre.
La prophétie que Dieu donna à son serviteur visait la région sud d’Israël (versets 1, 2). Le mot “midi” dans les expressions “la forêt des champs du midi” et “la forêt du midi” est ici un terme géographique pour désigner la région du Néguev. Ce chapitre nous apprend qu’une grande forêt couvrait cette zone au temps d’Ézéchiel1.
La forêt représente le royaume juif et ses arbres sont les individus dont il était composé : les arbres verts sont les justes, les arbres secs les impies (versets 3, 8). La colère de Dieu est figurée par le feu qui consumerait toute cette forêt (versets 3, 4).
Au lieu d’écouter et de prendre au sérieux cette déclaration divine, les Juifs s’excusaient en prétendant que les paroles d’Ézéchiel n’étaient guère compréhensibles (verset 5) 2. Aujourd’hui encore, les incrédules prétextent volontiers la difficulté de la Bible pour éviter de s’y soumettre.
Pour couper court à cette excuse, Dieu donna au prophète une nouvelle révélation terrifiante qui traduisait cette parabole en langage compréhensible.
Une comparaison soigneuse des versets 2 à 5 et 7 à 10 fait clairement apparaître le parallélisme. On comprend alors qu’il s’agit ici d’une parabole et de son interprétation :
Dans les versets 8 à 25, le mot “épée” n’apparaît pas moins de 13 fois3. Il annonce un jugement sanglant et général sur le peuple et ses conducteurs (verset 17), “du midi jusqu’au nord” (verset 9). Un même jugement temporel peut atteindre les “justes” et les “injustes”, mais le sort éternel de chacun reste scellé : “Si un arbre tombe, vers le midi ou vers le nord, à l’endroit où l’arbre sera tombé, là il sera” Ecclésiaste 11. 3.
Ce message était si amer qu’Ézéchiel dut gémir, crier et hurler (versets 11, 12, 17). Le prophète avait la mission d’annoncer le jugement, mais il devait délivrer son message en prenant par avance sur lui la peine et la douleur que connaîtrait bientôt son peuple. Si Dieu nous demande d’avertir ou de reprendre quelqu’un, soyons attentifs à le faire dans cet état d’esprit, sans dureté de cœur ni satisfaction cachée, mais en étant nous-mêmes affligés comme le fut le prophète. Jésus n’a-t-il pas pleuré sur JérusalemLuc 19. 41 ?
L’épée viendrait contre la tribu de Juda, bien qu’une promesse lui ait été faite : “Le sceptre ne se retirera point de Juda” Genèse 49. 10. Les Juifs s’en glorifiaient au point de considérer les sceptres des autres rois comme du bois mort en face de leur sceptre (verset 15) 4. Mais Dieu allait leur envoyer non du bois, mais une épée bien aiguisée. L’application pour nous est claire : nous ne pouvons pas nous abriter superstitieusement derrière les belles promesses de la parole de Dieu en faisant fi de ses commandements et en vivant dans le mal.
Dieu révéla à Ézéchiel que le roi de Babylone devrait se décider entre attaquer Jérusalem et attaquer Rabba, la principale ville des Ammonites5. Il est étonnant que la Parole nous décrive aussi exactement les trois méthodes de divination que Nebucadnetsar utiliserait pour se décider (verset 26). Mais cela montre de manière éclatante que le plan de Dieu pour juger Jérusalem était fixé longtemps avant les essais de divination de ce roi idolâtre. Les esprits méchants, évoqués par des pratiques superstitieuses ou occultes, ne peuvent jamais rien faire contre les plans de Dieu.
A cause des injustices du peuple juif, le jugement viendrait (verset 29). Le “méchant prince d’Israël” (verset 30) était Sédécias qui avait rompu l’alliance faite avec Nebucadnetsar2 Rois 24. 20 ; 2 Chroniques 36. 13 ; il est qualifié ici de “profane”, car il avait méprisé les bénédictions de Dieu (22. 26) Hébreux 12. 16. Sédécias présente aussi quelques traits de caractère de l’Antichrist qui sera roi d’IsraëlDaniel 11. 36-39 “au temps de l’iniquité de la fin” (verset 30).
La famille royale de David perdrait sa gloire (verset 31) et aucun de ses descendants ne monterait plus sur le trôneJérémie 22. 24-30 ; Osée 3. 4 – jusqu’à la venue du Messie (verset 32). Cette prophétie s’est pleinement accomplie : du retour de la captivité à la venue du Seigneur, aucun descendant de David ne fut roi sur Israël. Mais le jour va venir où “Dieu donnera [à Christ] le trône de David son père ; et il régnera sur la maison de Jacob à toujours, et il n’y aura pas de fin à son royaume” Luc 1. 32, 33. En contraste avec les derniers rois de Juda – et avec tant de dirigeants injustes et oppresseurs depuis – le règne de Christ sera marqué par la justiceÉsaïe 32. 1.
La décision de Nebucadnetsar d’attaquer Jérusalem plutôt que Rabba donna aux Ammonites l’occasion de se moquer des Juifs (verset 33). C’est pourquoi Ézéchiel annonça que le jugement allait aussi fondre sur les fils d’Ammon. Cinq ans après la destruction de Jérusalem, les Babyloniens saccagèrent Ammon. Dieu déteste qu’on se réjouisse du malheur d’autrui, comme Édom l’avait fait à l’égard de son frère JacobAbdias 12. Prenons garde à ce péché.