L’étude de ce livre nous a permis de voir quel prix Dieu attache à la sainteté. Ésaïe présente avant tout le salut de Dieu et Jérémie est le prophète des compassions de Dieu ; le message d’Ézéchiel, lui, est centré sur la sainteté de Dieu. Cependant la sainteté que présente toute la Bible – et ce prophète en particulier – ne consiste pas en un ensemble de règles artificielles ou en un mysticisme exalté. Cette sainteté est tout d’abord la reconnaissance de ce qu’est Dieu, le Dieu saint, dans la gloire de sa transcendance, comme le montre l’expression si fréquente “mon saint nom” (20. 39 ; 36. 20, 21, 22 ; 39. 7, 25 ; 43. 7, 8). Elle est ensuite l’application de la nature de Dieu dans les domaines qui lui sont propres, et plus particulièrement dans le culte qui doit lui être rendu. Elle est enfin, pour chaque fidèle qui est en relation avec Dieu, une puissance positive pour vivre une vie qui soit en harmonie avec la connaissance qu’il a de son Dieu, dans une véritable humilité1 Pierre 1. 15, 16.
Mais cette sainteté de Dieu ne se montre pas indépendamment de sa grâce : si l’Éternel se devait à lui-même de châtier son peuple idolâtre et désobéissant en lui retirant le privilège de sa présence (chapitres 1-11), ce n’était pas sans motifs (chapitres 12-24) et il ne faisait pas preuve en cela de partialité, puisque les autres nations connurent aussi son jugement, conséquence de sa sainteté (chapitres 25-32). Mais Dieu se devra aussi à lui-même, par cet amour incompréhensible qui fait partie de son essence, de ramener son peuple (chapitres 33-39) pour le bénir sous le règne glorieux et paisible du “fils de David”, dans la jouissance de sa présence retrouvée (chapitres 40-48).
Ce livre abonde en images qui ont été reprises par le Seigneur Jésus. Il s’appelait lui-même le “fils de l’homme”, ce qui devait entre autres rappeler à ses auditeurs l’interpellation fréquente d’Ézéchiel par Dieu sous ce terme. En particulier, les parallèles sont nombreux entre ce livre et l’évangile selon Jean :
On pourrait sans doute trouver d’autres allusions, mais celles-ci nous font déjà comprendre combien ce prophète méconnu peut éclairer des récits qui nous sont plus familiers et c’est en soi une incitation à le lire.
Les parallèles avec l’Apocalypse sont tout aussi nombreux et frappants. Ces deux livres commencent par une vision glorieuse, continuent par des jugements et s’achèvent sur un tableau du règne bienheureux à venir. Mais Ézéchiel présente ces événements vus de la terre et en rapport avec Israël, tandis que l’Apocalypse les envisage vus du ciel et d’abord en relation avec l’Église.
Ainsi la symbolique parfois ardue de l’Apocalypse s’éclaire par les images que développe le prophète Ézéchiel et, réciproquement, la clef de l’application pour nous de ces images nous est souvent donnée par le dernier livre de la Bible.
On voit ainsi quel profit peut retirer le lecteur de la Parole de Dieu qui saisit que la Révélation écrite forme un tout indissociable. Il est bien vrai que “aucune prophétie de l’Écriture ne s’interprète elle-même” 2 Pierre 1. 20.
Comme nous l’avions déjà remarqué en introduction, Ézéchiel est avant tout le livre de la gloire de l’Éternel. Les chapitres 1 à 3 présentent cette gloire dans la vision magnifique du char de Dieu. Partie à regret du temple de Salomon qui allait être détruit (chapitres 8-11), elle reviendra définitivement dans le nouveau temple, lors du millénium (chapitre 43).
Nous aussi, nous attendons “la gloire à venir qui doit nous être révélée” Romains 8. 18, le jour où nous serons définitivement dans la présence de notre Dieu et Père (48. 35). Mais au milieu d’un monde qui mûrit pour un jugement qui sera tout aussi mérité et tout aussi terrible que la dispersion du peuple autrefois, nous pouvons déjà voir la gloire de Dieu dans la vallée de nos circonstances, de nos peines, de nos luttes (3. 22, 23) 2 Corinthiens 3. 18. Nous pouvons aussi nous approprier la promesse du “petit sanctuaire” (11. 16) que Dieu veut être pour les siens en attendant, non pas seulement une cité et un temple terrestre, si glorieux soient-ils, mais la “sainte cité, nouvelle Jérusalem”, où “le Seigneur, Dieu, le Tout-puissant, et l’Agneau, en sont le temple” Apocalypse 21. 2, 9, 22.