Le livre que nous allons étudier commence par présenter une situation décourageante : le peuple de Dieu était en partie déporté dans le pays de ses ennemis et ses anciennes espérances étaient brisées. Ézéchiel partageait cet exil en Babylonie. Dans ce moment de désillusion pour lui, les cieux s’ouvrirent pour l’encourager et pour lui donner une optique divine sur la situation actuelle1 : même si le peuple de Dieu est écrasé, l’œuvre de Dieu continue. Un si triste état ne doit pas entraîner un découragement excessif, ni conduire à la passivité.
L’appel d’Ézéchiel, comme celui de plusieurs hommes de Dieu avant lui (Moïse, Ésaïe), coïncida avec une rencontre avec Dieu. Le prophète avait trente ans2, l’âge auquel il aurait dû commencer son service comme sacrificateur dans le templeNombres 4. 3. Exilé loin du lieu saint, il aurait pu se croire inutile, mais il se vit confier une mission d’une portée insoupçonnable.
Par une révélation du Tout-Puissant venue des cieux ouverts, Ézéchiel allait apprendre à s’élever au-dessus des circonstances du moment pour avoir une vision du monde selon Dieu. Quelle différence avec la vision réductrice du monde de l’Ecclésiaste qui voit les choses “sous le soleil” et “sous le ciel” 3 ! Une telle vision conduit facilement au pessimisme. Appliquons-nous à voir la réalité à la lumière des cieux ouverts et de l’éternité2 Corinthiens 4. 17, 18.
Avant la croix, les cieux se sont ouverts à des moments particuliers, comme ici pour Ézéchiel (1. 1) ou pour le Seigneur en témoignage pour la fouleMatthieu 3. 16 ; Marc 1. 11 ; Luc 3. 21. Mais depuis l’œuvre accomplie par Jésus à Golgotha, sa résurrection et son ascension à la droite de Dieu, les cieux nous sont ouverts en permanenceHébreux 10. 19-21 ; Actes 7. 56 ; 10. 11. Quel privilège pour nous et quel encouragement à nous approcherHébreux 4. 16 ; 10. 22 !
Les cieux s’ouvriront une dernière fois lorsque Christ, roi des rois, descendra sur la terre pour y exercer son jugement guerrierApocalypse 19. 11.
La vision de la gloire de Dieu par laquelle s’ouvre ce livre est si grandiose qu’elle défie toute représentation physique ou même mentale. Comment pourrait-il en être autrement, puisqu’elle nous présente la grandeur de Dieu, dont l’infini va bien au-delà de toutes nos pensées ?
Cette vision est progressive : au travers de la tempête (verset 4), apparaît le char du trône de Dieu, dont la description se précise au fur et à mesure. Le prophète discerne d’abord des “animaux” (versets 5-14), puis des roues qui accompagnent ces animaux (versets 15-21) ; ensuite la voix de l’Éternel se fait entendre quand le char se met en mouvement (versets 22-25) ; enfin, au-dessus du char, le prophète entrevoit Dieu lui-même sur le trône de sa gloire (versets 26-28).
Cette vision est difficile à comprendre, pour Ézéchiel comme pour nous. Le langage humain est limité pour décrire les réalités divines et il doit se contenter d’analogies avec des choses tangibles. Voilà pourquoi le prophète emploie constamment des expressions telles que : “la ressemblance de”, “comme l’apparence de”, “comme l’aspect de”, etc. Ces termes permettent aussi d’éviter tout anthropomorphisme4 ; Dieu est infini, dans sa lumière éternelle et inaccessible1 Timothée 6. 16.
Si ce livre commence par cette vision de Dieu sur son trône de gloire, c’est qu’Ézéchiel devait apprendre par cette contemplation des leçons importantes : quand bien même le peuple de Dieu se trouverait en crise ou dans le chaos, Dieu est toujours au-dessus de tout. Il ne perd jamais le contrôle des événements. Toutes choses sont en permanence entre ses mains, même lorsque notre vue se limite à ce qui est “sous le soleil” et que les doutes surgissent dans notre cœur. Cette assurance peut réconforter tout croyant qui se trouve dans une situation troublée.
La vision commence par une terrible tempête venant du nord. Cette direction symbolise l’envahissement du territoire d’Israël5 et les catastrophes qui l’accompagnaient (la guerre, la ruine, la désolation).
Le trône de Dieu apparaît dans la tempête : c’est Dieu qui est à l’origine du jugement sur le peuple juifAmos 3. 6b ; 1 Rois 12. 24. L’ennemi ne peut pas agir souverainement ; il est simplement un instrument dans la main du Tout-Puissant pour accomplir des plans supérieurs.
Mais Dieu mesure l’épreuve qu’il envoie à son peuple : la splendeur est “tout autour” de la tempête. Nous avons l’assurance que Dieu ne permettra pas que nous soyons éprouvés au-delà de ce que nous pouvons supporter1 Corinthiens 10. 13.
Du milieu de la tempête sortait l’apparence de “quatre animaux” (verset 5). Le terme hébreu traduit ici par “animal” signifie littéralement “être vivant”. Il s’applique à toutes sortes d’êtres, à l’exception des hommes. Ici, il désigne une classe particulière d’anges : des chérubins (10. 20) 6. Ces créatures puissantes ont une fonction particulière, en rapport avec la sainteté, la majesté et le règne de DieuGenèse 3. 24 ; Psaume 99. 1 ; Hébreux 9. 5. Dans la vision d’Ézéchiel, ces quatre chérubins formaient une sorte de véhicule vivant qui portait le trône de Dieu (verset 26) Psaume 18. 11.
Même si les chérubins sont des êtres réels, les détails de leur apparence ont un sens symbolique qui parlent de la gloire, de la souveraineté et de la majesté de Dieu dans son essence et dans son action :