Ce premier paragraphe reprend les avertissements donnés au chapitre 3 (versets 16-21) : la destruction de Jérusalem n’avait pas clos le service d’Ézéchiel et Dieu lui reconfirmait ici sa mission (verset 7). Les avertissements qu’il allait donner étaient d’autant plus importants que, si le danger extérieur (les armées de Babylone) était déjà passé, le danger intérieur (la méchanceté du cœur) restait toujours présent. Cette répétition touche notre conscience : si Dieu juge bon d’insister à ce point sur notre rôle de sentinelleÉsaïe 21. 6-12, c’est pour que nous y prenions gardeJob 33. 14.
Le prophète avait eu la responsabilité d’avertir ses contemporains du jugement. Maintenant son privilège allait être d’apporter la consolation ; toutefois il ne devait pas négliger d’avertir ceux qui ne s’étaient pas encore repentis et qui étaient donc toujours sous la colère divine. Dieu n’élève que ceux qui s’humilient sous sa puissante main1 Pierre 5. 6 : seuls ceux qui s’étaient repentis pouvaient s’approprier les consolations et les bénédictions que le prophète allait développer dans ces derniers chapitres. Comme Ézéchiel, gardons-nous de prêcher la grâce sans insister sur la nécessité de la repentance : l’équilibre entre ces deux aspects est indispensable.
Ce paragraphe reprend le sujet de la responsabilité individuelle, traité au chapitre 18. La question du verset 10 montre la réaction du peuple devant le jugement qui était tombé sur lui : “et comment vivrions-nous ?”
A ceux que nous rencontrons et qui sont accablés par le poids de leurs péchés, nous pouvons présenter la même réponse que celle donnée par Dieu à Ézéchiel : Repentez-vous et vivez (verset 11) ! Nous sommes touchés par l’insistance avec laquelle Dieu appelle le pécheur à se tourner vers lui et cela nous incite d’autant plus à être des ambassadeurs zélés afin que Dieu puisse faire entendre par notre moyen cet appel solennel : “Soyez réconciliés avec Dieu !” 2 Corinthiens 5. 20 La repentance est ouverte au plus mauvais des pécheurs (versets 14-16) 1, alors que le jugement attend le meilleur des hommes qui “se confie en sa justice” (versets 12, 13).
Face au jugement de Dieu, le peuple avait deux réactions :
Nous retrouvons ces mêmes réactions parmi nos contemporains ; mais Dieu reste le même, à la fois bon et sévèreRomains 11. 22.
De plus, quelle inconvenance d’oser porter un jugement sur les voies de Dieu, alors qu’on est aveuglé par le péché ! Ce principe reste valable pour nous : notre appréciation spirituelle dépend de notre état moral.
“La ville est frappée” : malgré de multiples appels à la repentance, le peuple n’avait pas écouté Dieu. Alors, le jugement tomba, inexorable (verset 21).
Divinement averti, Ézéchiel s’attendait à l’arrivée d’un réchappé qui viendrait pour annoncer la chute de la ville bien-aimée. Dieu lui avait dit que ce jour marquerait un changement fondamental dans son service (24. 25-27 ; 3. 24-27) 2 : il pourrait enfin parler librement (verset 22). Au-delà de son sens littéral, la fin du mutisme du prophète correspondait au début d’une nouvelle phase de son service : à l’annonce des jugements succédait celle du rétablissement, sujet sur lequel sa bouche avait été fermée jusque-là.
Les quelques survivants des guerres babyloniennes restés dans le pays d’Israël vivaient toujours dans le mal (versets 25, 26). Et ils ajoutaient à leurs péchés une prétention insensée : ils se croyaient d’autant plus autorisés à rester dans le pays promis qu’Abraham était seulÉsaïe 51. 2, alors qu’eux, ses descendants, étaient nombreux (versets 23, 24). Leur raisonnement était complètement faux. Pour Dieu, le nombre n’est pas un argument valableJuges 7. 2 et qualité vaut mieux que quantité. Abraham suivait le Seigneur tandis qu’eux vivaient dans le péché. Aussi le jugement les atteindrait-il (versets 27-29) : en 582, Nebuzaradan déporta encore des JuifsJérémie 52. 30.
La foi n’est pas un optimisme aveugle qui s’illusionne sur son état tout en s’appuyant sur les promesses de Dieu, comme le faisaient ces Juifs. Ne croyons pas que le Seigneur agit envers nous indépendamment de notre fidélité et de notre conduite.
L’accomplissement de ses prophéties sur Jérusalem avait rendu le prophète brusquement populaire. Quel piège pour Ézéchiel, d’autant plus subtil que ces flatteries venaient après des moqueries (21. 5). On aimait l’entendre, on appréciait son éloquence (versets 30-32) 3. La parole de Dieu était assimilée à une production artistique et le fond était supplanté par la forme (verset 32). Or celui qui ne fait qu’écouter la parole sans la mettre en pratique se séduit lui-mêmeJacques 1. 22-25 ; Matthieu 7. 24-27. Notre attitude pendant les réunions (verset 31 a) est-elle en opposition avec la réalité de notre vie (verset 31 b) Ésaïe 29. 13 ?
Quelle tristesse pour le cœur d’un serviteur fidèle que de constater que son message a été apprécié mais qu’il n’a eu aucun effet pratique. La meilleure réaction vis-à-vis d’une prédication donnée de la part du Seigneur n’est pas : “Quelle belle méditation !”, mais plutôt : “Le Seigneur m’a parlé clairement et je sais ce que je dois faire.” Prenons garde à une satisfaction purement intellectuelle qui nous réjouirait sur le moment mais qui ne changerait rien dans nos vies.