Au mois de septembre 592 av. J.-C., Ézéchiel, le sacrificateur, reçut la visite chez lui des anciens de Juda (verset 1). C’est le moment que Dieu choisit pour lui donner une nouvelle vision : en effet, son message s’adressait d’abord à ces hommes responsables. De tout temps, ceux qui reçoivent de Dieu le service de conduire son peuple sont particulièrement responsables de son état moral.
Tout d’abord, Ézéchiel vit un être terrifiant. En rapprochant sa description de celle du chapitre 1 et de celle du Fils de l’homme d’Apocalypse 1, il ne fait guère de doute qu’il s’agissait d’une apparition du Fils de Dieu. Elle introduit cette vision pour nous rappeler que “le Seigneur doit être craint” 2 Corinthiens 5. 11 et que Dieu l’a établi juge de toutActes 10. 42, donc de son peuple en premier lieu.
Puis Ézéchiel eut le privilège d’être transporté en extase dans le splendide temple de Salomon à Jérusalem. Mais ce qu’il y découvrit avait de quoi le décourager : les Juifs avaient rempli les lieux saints d’abominables idoles par lesquelles ils “provoquaient” Dieu (verset 3) pour le faire partir (verset 6). Il est très dangereux de défier ainsi le Dieu saint1 Corinthiens 10. 22, car on attire alors sur soi un jugement divin sans pitié (verset 18).
La première idole vue par Ézéchiel se trouvait au nord de l’autel (versets 3, 5), là où étaient sacrifiés les holocaustes à la gloire de l’ÉternelLévitique 1. 111. Placer une “abomination” en cet endroit était un affront caractérisé pour Dieu, mais ce lieu ne conférait aucune gloire à l’idole. Quel contraste avec la gloire de l’Éternel encore présente là (verset 4) !
Nul ne peut servir deux maîtresMatthieu 6. 24 et en choisir un autre obligera Dieu à partir (verset 6), car Dieu ne tolère pas de rival. La jalousie de DieuExode 20. 5 ; 2 Corinthiens 11. 2 ; Jacques 4. 4 ne se confond pas avec la passion humaine du même nom ; Dieu est jaloux parce qu’il sait que toute adoration d’un autre que lui sera à notre complet détriment. Dans ce sens, sa jalousie se relie tant à sa sainteté qu’à son amour. Comment être insensible à la douleur du cœur de Dieu devant l’idolâtrie de son peuple (verset 6) ?
Dans un second temps, Ézéchiel fut amené vers un endroit où 70 des anciens servaient des idoles dans une chambre secrète faisant partie des bâtiments du temple. Ces conducteurs se croyaient sages, mais leur culte de ces représentations de bêtes impures les rendaient fousRomains 1. 22, 23. Quelle ironie : ces hommes qui avaient la prétention de croire que l’Éternel ne les voyait pas (verset 12), étaient observés non seulement par Dieu mais aussi en vision par un prophète qui vivait à plus de mille kilomètres de là (verset 12 a) !
Jaazania2, le fils de Shaphan, jouait un rôle central parmi ces conducteurs apostats (verset 11). Son père avait joué un rôle important lors du dernier réveil spirituel, au temps du roi Josias2 Chroniques 34. 14-20. Il avait aussi des frères et des neveux fidèles à l’Éternel3. Il est un triste exemple d’un homme placé dans des conditions familiales des plus favorables et qui pourtant abandonne Dieu. La foi n’est pas héréditaire ; chacun est personnellement responsable devant Dieu.
Cette scène fait penser à ces “œuvres infructueuses des ténèbres” et à ces “choses faites en secret” que Paul nous ordonne d’abandonner et de blâmerÉphésiens 5. 11, 12. Moralement, notre “corps est le temple du Saint Esprit” 1 Corinthiens 6. 19 ; mais il peut nous arriver de cultiver dans les recoins les plus cachés de notre cœur des pensées impures. Dieu, soit directement, soit par l’intermédiaire d’un de ses serviteurs, “perce le mur” pour nous faire découvrir ce mal et nous amener à le juger.
Dans une troisième scène, Ézéchiel vit des femmes qui vénéraient un dieu sumérien et syrien, Thammuz4. Selon la mythologie, il était le dieu de la végétation, le protecteur de l’agriculture et des troupeaux. Il était censé mourir chaque année à la fin de l’été, ce qui explique les pleurs des femmes, ce 17 septembre ; puis il renaissait au printemps. Ces femmes pleuraient un dieu mort devant le temple destiné à louer le Dieu vivant et rendaient à la nature la vénération due au Créateur seulRomains 1. 25. Ce même dévoiement est en train d’atteindre notre société occidentale, avec le développement du culte de l’écologie et des valeurs du « retour vers la nature » qui accompagne les mouvements du « nouvel âge ».
Enfin, Ézéchiel vit dans la cour du temple, près de l’autel, 25 hommes5 qui priaient le soleil. Le temple à Jérusalem rendait témoignage au seul vrai Dieu. L’Éternel avait expressément enjoint à Israël de n’avoir qu’un lieu de culte, contrairement à la multitude des temples païensDeutéronome 12. 13, 14 : un temple unique pour le Dieu unique. Dans son centre, le lieu très saint, se trouvait l’arche de l’alliance ; elle contenait deux tables de pierre qui commençaient par défendre formellement au peuple de vénérer d’autres dieuxExode 20. 1-6. Par ailleurs, le temple était orienté vers l’orient, afin que les adorateurs qui venaient pour rencontrer Dieu tournent le dos au lever du soleil6. Ces 25 apostats faisaient exactement l’inverse de ce que Dieu avait prévu : ils tournaient le dos au temple, donc à l’Éternel, pour adorer un faux dieu (verset 16). C’est l’opposé de la conversion : on se détourne des faux dieux, pour se tourner vers le vrai Dieu afin de pouvoir le servir1 Thessaloniciens 1. 9.
Les Juifs idolâtres avaient repris des coutumes religieuses de Syrie (l’idole), de l’Égypte (les bêtes), de Sumer (Thammuz) et de Perse (le soleil) 7. Face à toutes ces abominations dans le temple même, Dieu décida un jugement définitif (verset 18). Combien il était justifié !