Ce chapitre entame une nouvelle série de prophéties, adressées non plus au peuple élu, mais aux nations qui l’entourent. Dieu n’agit pas avec partialité et, s’il commence le jugement par sa propre maison1 Pierre 4. 17, il ne néglige pas pour autant de s’occuper des incrédules.
L’Éternel avait déjà adressé une prophétie à une nation païenne par l’intermédiaire d’Ézéchiel (21. 33-37). Les peuples limitrophes d’Israël avaient eu le privilège de connaître le peuple de Dieu. Mais ils se comportèrent de façon malhonnête envers lui. Voilà pourquoi Dieu dut intervenir pour les punir. On s’expose au jugement de Dieu lorsqu’on veut faire du mal à son peupleGenèse 12. 3 ; Zacharie 2. 8. Et ce principe reste valable en faveur des rachetés aujourd’huiRomains 12. 19 ; 1 Corinthiens 3. 17.
Les chapitres 25 à 32 comprennent sept oracles sur sept nations1. Dans le livre d’Ézéchiel, contrairement à d’autres prophètes2, Babylone ne fait pas l’objet d’un jugement particulier. Cela ne signifie pas que les Chaldéens étaient innocents ou exempts de reproches (7. 24 ; 28. 7 ; 31. 12), mais ils sont vus dans ce livre comme les instruments de Dieu pour exécuter son jugement.
Le premier chapitre comporte quatre courts oracles, dont la forme sera reprise dans les trois oracles suivants (chapitres 26 à 32). Chronologiquement, le jugement de ces quatre nations suivrait celui de Jérusalem et de Juda. Ces nations sont citées dans l’ordre géographique, de l’est vers l’ouest, par le sud.
Les trois premières nations (Ammon, Moab et Édom) étaient étroitement apparentées avec Israël : les Ammonites et les Moabites descendaient de Lot, le neveu d’AbrahamGenèse 19. 30-38 ; les Édomites provenaient d’Ésaü, le frère de JacobGenèse 36. 9. Cette proximité généalogique explique la jalousie religieuse que ces trois peuples portaient à Israël, qui avait reçu un appel et une tâche toute particulière de la part de Dieu.
Dans ces différents oracles, Dieu commence par donner les raisons de son jugement (“parce que”, “à cause de”, sont des termes qui reviennent constamment, versets 3, 8, 12, 15) ; puis il développe le jugement qui allait frapper la nation coupable. Ce jugement serait exercé :
Enfin, la conclusion revient sous la forme d’un refrain, très fréquent dans ce livre (“et ils sauront que je suis l’Éternel”, versets 5, 7, 11, 17) ; elle montre que Dieu se fait connaître par ses jugements non pas seulement aux siens, mais aussi aux incrédules. Dieu gouverne l’histoire du monde : l’accomplissement des prophéties le révèle.
Dans un premier temps, Ammon avait été épargné pour que le jugement tombât d’abord sur les Juifs (21. 23-32). Il en avait profité pour se réjouir de tout cœur (verset 6). Il s’était moqué du sanctuaire, du territoire et du peuple (verset 3) ; mais, en se moquant du peuple de Dieu, il se moquait de Dieu lui-même.
Certes, le jugement du peuple de Dieu était mérité, mais se réjouir du malheur des autres est un péché très grave. Jugeons tout de suite de telles pensés si elles surgissent dans notre cœur !
Ézéchiel annonça que le jugement divin allait être exécuté sur Ammon. Effectivement, vers 581 av. J.-C., les Babyloniens envahirent ce pays. De plus, le territoire des Ammonites serait donné aux “fils de l’orient” Juges 6. 3 ; Job 1. 3 (c’est-à-dire les Bédouins, les Arabes) qui habitent dans des tentes (versets 4, 5). Au cours de l’histoire, cette prophétie aussi s’est accomplie de façon impressionnante3.
Les Moabites avaient eux aussi une attitude hostile envers Israël. Ils les méprisaient et ne voulaient pas admettre la position particulière d’Israël comme peuple choisi (verset 8) Deutéronome 23. 4, 5. C’est un motif d’antisémitisme qui s’est perpétué jusqu’à nos jours. Les Moabites partageaient cette haine avec les Édomites, habitants de Séhir (verset 8). Comme Ammon, Moab allait être envahi par les Babyloniens (versets 9-11) et son territoire serait habité par “les fils de l’orient” (verset 10) 4.
La haine d’Édom surpassait celle des deux nations précédentes. L’Éternel lui reproche sa vengeance contre les Juifs (verset 12). Cette vengeance ne se limitait pas à un événement particulier, comme la chute de Jérusalem en 586 av. J.-C. Psaume 137. 7, mais elle avait marqué toute leur histoire. Le jugement d’Édom serait le plus sévère de ces quatre peuples : il dévasterait tout le pays, du sud (Théman) au nord (Dedan, verset 13).
L’instrument de ce jugement serait Israël (verset 14). Cette prophétie s’est accomplie partiellement au temps des Macchabées (au 2ème siècle av. J.-C.) 4, lorsque le peuple juif subjugua les Édomites. Mais un accomplissement futur et complet aura lieu dans les derniers jours, avant le règne universel du MessieAbdias 15-21 ; Amos 9. 11, 12 ; Nombres 24. 18.
Les Philistins étaient venus de l’île de Crète pour habiter au sud-ouest du pays de CanaanDeutéronome 2. 23 ; Amos 9. 75. C’est pourquoi la Bible les désigne comme “ceux qui habitent les côtes de la mer” Sophonie 2. 5 ou comme le peuple “sur le bord de la mer” (verset 16).
Dieu leur reprochait leur “vengeance cruelle”, leur “mépris de la vie” 6, leur objectif de “détruire” Israël et leur “inimitié perpétuelle” (verset 15). Au cours de l’histoire, plusieurs jugements tombèrent sur les Philistins, en particulier lors des conquêtes d’Alexandre le Grand (vers 330 av. J.-C.). Mais l’accomplissement définitif de cette prophétie est encore à venir : selon le prophète SophonieSophonie 2. 3-7, l’entière destruction des Philistins sera concomitant du relèvement final d’Israël, lors de la venue du Messie.
Ainsi ces prophéties, bien que s’étant déjà partiellement réalisées, attendent encore leur accomplissement final, mais tout se met en place pour que celui-ci ne tarde pas. “Ammon”, “Moab” et “Édom” correspondent à la Jordanie d’aujourd’hui7. Quant aux Philistins, on peut bien penser qu’il s’agit des Palestiniens, comme le montrent les indications géographiques ou l’étymologie du mot “palestinien” 8. L’actualité donne un relief frappant à ces versets.
Que faisons-nous alors de telles annonces de jugement ? Qu’elles nous encouragent à répandre la bonne nouvelle et à ne pas perdre notre temps, afin que beaucoup encore puissent échapper à la colère divineJean 3. 36 ; 1 Thessaloniciens 1. 10. Disons de tout cœur avec l’apôtre Paul : “L’amour de Christ nous étreint” 2 Corinthiens 5. 14 et montrons-le en pratique.