Le nom de la ville de Ramsès, dans le pays de Goshen, est associé au nom de la divinité égyptienne Râ. Les fils d’Israël quittent donc un monde caractérisé par ses idoles. Ils se dirigent vers Succoth (verset 37), dont le nom signifie “cabanes”. Dès le début du voyage, nous apprenons que “nous n’avons pas ici de cité permanente, mais nous recherchons celle qui est à venir” Hébreux 13. 14. Les petits enfants et le bétail que le Pharaon avait voulu retenir en Égypte (10. 10, 11, 24), partent avec les hommes faits : la délivrance est complète. Mais “un grand amas de gens” (verset 38) monta avec eux, véritable levain au milieu du peuple de Dieu. Ils seront prompts à regretter l’Égypte et à entraîner les fils d’Israël dans leurs convoitisesNombres 11. 4-6. Ils représentent ces hommes qui se sont glissés parmi les fidèles… des impies, qui changent la grâce de notre Dieu en débauche et renient notre seul maître et seigneur, Jésus ChristJude 4, et ont été, dès le début, une source de maux pour l’Église.
La hâte avec laquelle les fils d’Israël quittèrent l’Égypte, les conduisit à cuire “en gâteaux sans levain” (verset 39) la pâte qu’ils emportaient, “car elle n’avait pas levé… ils n’avaient pas pu tarder”. S’ils avaient eu du temps pour quitter l’Égypte, n’auraient-ils pas fait lever leur pâte, du moins pour quelques-uns d’entre eux ? Cela nous montre en tout cas que si nous tardons à nous séparer du monde et des choses qui y sont, nous risquons d’en emporter quelque levain, le regret de quelques unes de ces “vanités mensongères” qui nous font abandonner la grâce qui est à nousJonas 2. 9.
Ainsi s’achève le séjour d’Israël en Égypte : quatre cent trente ans, dont quatre cents d’asservissement et d’oppressionGenèse 15. 13. Pourraient-ils alors oublier la nuit de leur délivrance ? Pourtant Dieu, qui connaît nos cœurs, dit ici à deux reprises que cette nuit est à garder pour l’Éternel par tous les fils d’Israël en leurs générations (verset 42 et comp. versets 24, 25). Le Seigneur Jésus ne peut oublier ceux qu’il aime, pour qui il a souffert : ils sont gravés “sur les paumes de ses mains” Ésaïe 49. 16. Mais nous sommes en danger d’oublier rapidement ce que notre salut a coûté à notre Sauveur. C’est pourquoi l’Éternel a donné la pâque à Israël, pour mémorial de “cette nuit à garder… en leurs générations” (verset 42). De même, le Seigneur Jésus nous a laissé, “la nuit qu’il fut livré” 1 Corinthiens 11. 23, le mémorial de ses souffrances et de sa mort, “jusqu’à ce qu’il vienne”.
Le “statut de la Pâque” précise quels sont ceux qui ne peuvent en manger, où et comment elle doit être mangée, et qui doit la faire. Ce sont là des dispositions obligatoires, “un statut”.
L’étranger (verset 44) est celui qui ne fait pas partie du peuple de Dieu, “sans droit de cité en Israël… sans Dieu” Éphésiens 2. 12. “Car quelle part a le croyant avec l’incrédule ?” 2 Corinthiens 6. 15 L’incirconcis, qu’il soit habitant du pays ou même salarié d’un Israélite, n’avait pas de part avec le peuple de Dieu et ne pouvait manger de la Pâque. Mais l’esclave, “acheté à prix d’argent”, c’est-à-dire au bénéfice de la rédemption, devait être circoncisGenèse 17. 12 pour faire partie de la maison de l’Israélite et devait faire la Pâque.
La “maison” où Israël est à l’abri du sang, est à nouveau mentionnée ici. Là et nulle part ailleurs, la pâque devait être mangée, et “vous n’en casserez pas un os” (verset 46). L’unité de la maison d’Israël s’exprime dans la célébration du même sacrifice (comp. verset 6) ; ce qui est à l’extérieur de la maison est, selon le sens du type ici, étranger au peuple de Dieu, peuple séparé des nations par le sang de l’agneau. Les disciples réalisaient cela, au premier jour de la semaine, quand les portes du lieu où il étaient assemblés étaient fermées par crainte des Juifs, devenus les ennemis de ChristJean 20. 19.
De plus, aucun os de l’agneau ne devait être cassé (verset 46). Nous trouvons d’abord ici un avertissement quant à la manière de considérer Christ dans sa mort : il faut du soin, de la délicatesse et de la crainte, pour s’occuper de l’œuvre de Christ et de la perfection de sa personne.
Nous avons ensuite un type frappant de ce qui constitue “un seul corps et un seul Esprit” Éphésiens 4. 4. L’Église de Dieu est une, il la voit et la maintient telle. Il veille à l’unité de l’Église comme il a veillé sur le corps de son Fils bien-aimé sur la croix. Les chefs des Juifs avaient souhaité ne pas se saisir de Jésus pendant la fêteMatthieu 26. 4, 5 ; mais, selon le décret de Dieu, son Agneau devait être sacrifié à ce moment là. Les Juifs avaient demandé à Pilate qu’on rompît les jambes des crucifiés, mais, “les soldats étant venus à Jésus, comme ils virent qu’il était déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes… car ces choses sont arrivées afin que l’Écriture fût accomplie : pas un de ses os ne sera cassé” Jean 19. 31-37.
Ainsi, quelque quinze siècles à l’avance, Dieu annonçait de quelle manière il veillerait sur son Fils bien-aimé, le vrai Agneau de la pâque.
Le livre de l’Exode nous montre combien la première pâque avait été importante pour le peuple d’Israël ; dans l’évangile selon Luc, nous assistons à la célébration de la dernière pâque dont nous parle l’Écriture, la dernière de l’histoire d’Israël avant la croix.
Lors de cette Pâque, que le Seigneur Jésus a “fort désiré de manger” Luc 22. 15 avec ses disciples, le Saint Esprit a voulu réunir l’agneau pascal, type de Christ, et l’Agneau de Dieu – Christ, notre Pâque, sacrifié1 Corinthiens 5. 7.
Quelle scène unique ! L’agneau, rôti au feu, dont aucun os n’était cassé, était là, devant les yeux et le cœur du Sauveur avant qu’il ne souffre.
Il savait parfaitement ce que serait pour lui le feu qu’avait subi l’agneau pascal ; il entendait aussi la parole divine : aucun de ses os ne sera cassé. Gethsémané, la croix, étaient devant lui qui, “quoiqu’il fût Fils, a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes” Hébreux 5. 8.
C’est alors que le Seigneur a institué pour les siens, pour nous, le mémorial de ses souffrances et de sa mortLuc 22. 19, 20, rappelant un sacrifice accompli, alors que la pâque annonçait un sacrifice à venir.
La fin du statut de la pâque concerne “l’étranger qui séjourne chez toi” (verset 48). Pour lui, comme pour l’Israélite de naissance, la condition nécessaire à sa participation à la pâque est qu’il soit circoncis, figure du “dépouillement de la chair” Colossiens 2. 11, 12. Car “ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu” Romains 8. 8.
Ainsi, la sortie d’Égypte est étroitement liée au sacrifice de la pâque (verset 51).