En se nourrissant du sacrifice qui les abritait de la mort et les mettait à part des Égyptiens, les fils d’Israël devaient prendre une attitude en harmonie avec la position d’étrangers, invités à partir pour le pays que l’Éternel leur avait promis (3. 8 ; 6. 4-8), ils devaient prendre les vêtements du voyageur pour manger la pâque. Ils devaient préserver leurs vêtements – figure de leur état moral – des souillures et de la poussière de la route, en “ceignant leurs reins”. Les sandales aux pieds sont indispensables pour parcourir le chemin vers le pays promis : elles nous parlent de la marche de la foi. Le bâton, enfin, aide le voyageur jusqu’au terme de sa courseHébreux 11. 21.
Ces voyageurs, sur le point de quitter l’Égypte, devaient donc manger l’agneau “à la hâte” (verset 11), car certes, “ce n’est pas ici un lieu de repos” Michée 2. 10. Ne serions-nous pas pressés de quitter un monde déjà jugé par la mort de ChristJean 12. 31, 32 ?
“C’est la pâque à l’Éternel” (verset 11) ; il passera “par-dessus la porte” (verset 23), là où il verra le sang. Mais il passera pour frapper, dans tout le pays d’Égypte et pour y exercer ses jugements sur tous ses dieux (verset 12). La sentence est scellée de son autorité toute-puissante : “Je suis l’Éternel” (verset 12).
En même temps qu’il juge ceux qui lui désobéissent, il peut faire grâce en toute justice à ceux qui se réclament de la valeur du sacrifice offert. “Le sang vous sera pour signe sur les maisons où vous serez”, rappelle-t-il aux siens, et je verrai – non pas mon peuple Israël dans ses maisons, mais, remarquons-le bien – “je verrai le sang et je passerai par-dessus vous et il n’y aura point de plaie à destruction au milieu de vous” (verset 13). Ce verset montre à la foi la valeur unique du sang de Christ, aux yeux de Dieu tout d’abord, avant que nous n’apprenions à en parler nous-mêmes comme “du sang précieux de Christ” 1 Pierre 1. 19. Puissions-nous aussi apprécier la grâce qui nous est donnée, à nous chrétiens, de connaître l’amour de notre Sauveur, afin que nous rendions gloire “à celui qui nous aime, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang” Apocalypse 1. 5.
Le souvenir de “ce jour-là” (verset 14) sera célébré comme une fête, est-il dit alors à Israël, et les pains sans levain sont immédiatement mentionnés, suite et accompagnement de la pâque. Cela signifie qu’un peuple abrité par le sang de l’agneau doit être aussi “un peuple saint, consacré à l’Éternel” Deutéronome 7. 6.
Or, cet état de sainteté pratique, de mise à part du mal et du péché, est présenté, par la grâce de Dieu, comme une fête : “Vous garderez la fête des pains sans levain” (verset 17). Cette période de sept jours était comprise entre deux saintes convocations (verset 16), où le peuple était invité à se tenir devant son Dieu. L’application que l’apôtre Paul fait aux croyants actuels, de la pâque et des pains sans levain, nous aide aussi à en comprendre le sens : “Notre pâque, Christ, a été sacrifiée ; c’est pourquoi célébrons la fête, non avec du vieux levain… mais avec des pains sans levain, de sincérité et de vérité” 1 Corinthiens 5. 7, 8.
Le levain est une image du mal, particulièrement du mal doctrinal, des fausses doctrines. En Matthieu 16. 6, le Seigneur désigne ainsi la doctrine des pharisiens et des sadducéens. “Un peu de levain fait lever la pâte tout entière” 1 Corinthiens 5. 6 ; c’est-à-dire que, sous une apparence négligeable, il donne pourtant son caractère à tout le milieu où il est introduit. Manger du pain sans levain représente donc la séparation du mal : c’est la sainteté pratique, que nous ne pouvons réaliser qu’en prenant garde à nos voies selon la parole de DieuPsaume 119. 9-11. Notre pâque, Christ, a été sacrifiée ; il a porté à notre place le châtiment de nos péchés. N’est-ce pas là un motif assez puissant pour que nous célébrions la fête avec des pains sans levain ?
Enfin, les sept jours de la fête représentent une période de temps complète : celle de notre vie ici-bas, à partir du moment où, ayant cru au Seigneur Jésus, nous avons entendu le saint appel de Dieu2 Timothée 1. 9 – sainte convocation du premier jour – jusqu’au moment où nous répondrons à la “sainte convocation” qui termine la fête, pour être pour toujours avec le Seigneur1 Thessaloniciens 4. 17.
Moïse communiqua ces instructions divines aux anciens d’Israël (versets 21-27), charge à eux de les enseigner au peuple, comme Christ a placé des dons dans son assemblée pour l’édifier ici-bas.
La mention du bouquet d’hysope (verset 22) à employer pour faire l’aspersion du sang, exprime l’état du cœur qui a affaire avec le sacrifice de l’agneau. L’hysope, opposée au cèdre majestueux1 Rois 5. 13, parle d’humilité et de petitesse. David en associe le nom – en pensant au sang – à la purification du péché et dit aussi : “O Dieu, tu ne mépriseras pas un cœur brisé et humilié” Psaume 51. 9-19.
Moïse répète encore une fois aux anciens d’Israël, que l’Éternel passera par-dessus la porte car “il verra le sang” (verset 23) et ne permettra pas au destructeur d’entrer dans les maisons. Le souvenir d’une si grande délivrance est à garder (verset 24), comme un service et comme un témoignage pour les enfants (versets 25, 26). Il rappelle aux parents leur délivrance, il annonce le salut à leurs enfants. Et si la Cène du Seigneur est d’abord le souvenir de ses souffrances et de sa mort, elle nous rappelle aussi notre délivrance et notre espérance.
En entendant ces choses, le peuple s’inclina et se prosterna (verset 27), et ils s’en allèrent et firent comme l’Éternel l’avait commandé à Moïse : “ils firent ainsi” (verset 28).
L’accent est mis ici sur leur obéissance ; c’est le caractère fondamental de la foiHébreux 11. 8 ; Jean 3. 36.
Le jugement annoncé tombe alors sur l’Égypte (versets 29-31), et, comme l’Éternel l’avait annoncé à Moïse et à Israël, le Pharaon renvoie le peuple, les Égyptiens les pressent de partir et “ils dépouillèrent les Égyptiens” (verset 36). Combien le monde est appauvri, lorsqu’il rejette le peuple de Dieu et Dieu lui-même !