Dans son discours, Pierre rend un puissant témoignage aux Juifs, peuple aimé par un Dieu fidèle à ses promesses. Jésus, qu’ils ont crucifié, est monté au ciel ; il pouvait revenir pour établir son règne, si ce peuple reconnaissait que celui qu’ils avaient mis à mort était leur Messie.
L’attention du peuple est attirée par cette guérison, et la foule se rassemble, étonnée. Au chapitre 2, Pierre avait dû réfuter l’accusation d’ivresse portée par quelques-uns contre les disciples s’exprimant en d’autres langues. Ici, il rectifie une autre méprise : ni leur piété, ni leur puissance personnelle, n’ont pu accomplir un si grand miracle. Pierre détourne l’attention de lui-même et de Jean, pour attribuer cette guérison au pouvoir du Seigneur Jésus. Eux n’étaient que des instruments de la puissance du Seigneur. Il ne fallait pas s’étonner d’un tel miracle : le Dieu de leurs pères, celui qu’ils révéraient, avait glorifié Jésus. C’est par son nom que ce miracle avait été opéré (verset 16). Mais Pierre accuse les Juifs d’avoir commis un péché extrêmement grave : ils ont crucifié leur Messie.
Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob avait fait des promesses aux patriarches. Jésus était venu pour les accomplir. Il était le serviteur de l’Éternel, annoncé par les prophètes1, celui qui était venu pour faire la volonté de Dieu. Pierre leur dit : c’est lui que vous avez livré aux nations ! Pilate, le gouverneur romain, avait décidé de le relâcher : “je ne trouve en lui aucun crime” Jean 18. 38 ; 19. 4, 6 avait-il dit trois fois. C’est alors que vous l’avez renié : “Nous n’avons pas d’autre roi que César” Jean 19. 15. Placés par Pilate devant un choix entre Jésus “le saint et le juste”, et un meurtrier (Barabbas), vous avez choisi le meurtrier, celui qui prend la vie des autres, et vous avez mis à mort le fondateur de toute vie. Quelle terrible responsabilité pour cette nation choisie par Dieu !
La hardiesse de Pierre est remarquable : lui, qui avait renié le Seigneur quelques semaines auparavant, maintenant restauré dans son âme, peut leur faire comprendre la honte d’un tel péché. Mais il ne s’arrête pas là. Celui que vous avez crucifié, Dieu l’a ressuscité d’entre les morts : nous en sommes témoins, leur dit-il (comp. 2. 32). Bien plus que cela, encore, Dieu l’a glorifié (verset 13). Il vous donne aujourd’hui un témoignage public, incontestable, de la puissance qui est dans le nom de Jésus : le boiteux guéri est là, devant vos yeux ; vous le connaissez depuis longtemps ; aucun doute ne vous est permis (verset 16). La gloire de Jésus dans le ciel vous est démontrée par le miracle accompli, en son nom, sur la terre.
En résumé, Pierre montre que leur état, comme nation, est désespéré : ils ont rejeté celui que Dieu a glorifié. C’est le cas de tout homme loin de Dieu. Mais ce n’est pas le dernier mot de Dieu : le jugement est toujours son travail inhabituelÉsaïe 28. 21. Et il fait présenter sa grâce à ce peuple infidèle, comme il fait, aujourd’hui, proclamer l’évangile à tous les hommes pour qu’ils soient sauvés.
La forme de l’appel de Pierre est un témoignage de grâce : “Et maintenant, frères”. Il s’adresse à eux comme un des leurs, appartenant à cette nation choisie par Dieu. “Je sais que vous l’avez fait par ignorance”. C’est comme s’il leur disait : vous avez commis une erreur, vos chefs aussi ; vous êtes des meurtriers sans préméditation, pour lesquels une ville de refuge est ouverteDeutéronome 19. 1-10. C’est une réponse divine à la parole que Jésus a prononcée au moment où les hommes l’ont crucifié : “Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font” Luc 23. 34. Ils ne savaient pas que Dieu choisirait le moment de leur plus forte haine contre lui, pour accomplir ce que tous les prophètes avaient annoncé, à savoir que le Messie devait souffrir2. “Livré par le conseil défini et par la préconnaissance de Dieu” (2. 23), Christ était venu “pour donner sa vie en rançon pour plusieurs” Marc 10. 45.
Mais cela n’ôtait rien à leur responsabilité. Peuple sourd aux paroles de JésusJean 8. 43, 47, aveuglé devant ses œuvresJean 9. 39-41, ignorant les oracles de Dieu qui leur avaient été confiés, ils étaient coupables de ce crime et devaient donc se repentir. Le moment était venu, pour eux, de se convertir, de se tourner vers Dieu, pour réaliser la parole prophétique : “et ils regarderont vers moi, celui qu’ils auront percé, et ils se lamenteront sur lui, comme on se lamente sur un fils unique” Zacharie 12. 10. S’ils l’avaient fait, leurs péchés auraient été effacés et Jésus, déjà monté au ciel, serait revenu pour établir son règne.
Ce règne est appelé ici : “les temps du rétablissement de toutes choses”. Tous les prophètes, depuis Samuel, avaient annoncé la bénédiction de la terre sous la domination du MessieÉsaïe 11. 1-10. Moïse lui-même avait parlé de la venue de Jésus, présenté comme le prophète qu’il fallait écouter sous peine d’être exterminé. Ils n’avaient donc plus, maintenant, l’excuse de l’ignorance. Refuser ce message de grâce constituerait un péché volontaire, un péché commis par fiertéNombres 15. 30, pour lequel il ne pouvait pas y avoir de pardon, puisque c’était le refus même du pardon divin. Le but de Dieu étant toujours de bénir, la grâce leur était offerte de dire : “Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur” Matthieu 23. 39. Qu’en feront-ils ?
Ainsi, aujourd’hui encore, la grâce divine offre un salut gratuit à l’homme pécheur : “Je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés ni de leurs iniquités” Hébreux 10. 17. Encore faut-il prendre conscience de la nécessité du salut pour soi-même, et ne pas refuser le don de Dieu.