Le croyant vit dans le monde et se trouve placé sous diverses autorités, gouvernement, magistrats… De quelle manière doit-il se comporter à leur égard ?
La soumission aux autorités, et le principe même de l’autorité, sont actuellement très contestés. Pourtant la parole de Dieu est claire à ce sujet, et l’apôtre énonce ici avec force que non seulement l’autorité (en tant que principe), mais les autorités, c’est-à-dire les personnes qui l’exercent, sont ordonnées de Dieu.
Cet ordre voulu par Dieu remonte au temps de Noé, lorsque, après le déluge, Dieu a institué le principe de l’autorité comme un frein au débordement du mal dans la sociétéGenèse 9. 6. Dès lors, quelle que soit la forme prise par cette autorité, et bien que l’homme en ait souvent fait mauvais usage, ce principe demeure, et nous avons à reconnaître les autorités existantes comme ordonnées de Dieu, et à nous y soumettre. C’est ce que le Seigneur a fait à l’égard de Pilate, en soulignant que son pouvoir lui était “donné d’en haut” Jean 19. 11.
Cette soumission aux autorités s’impose à “toute âme” (verset 1), pas seulement au croyant. Mais celui-ci a le devoir et même le privilège de ne pas même contester12 Timothée 2. 24, mais de prier “pour tous ceux qui sont haut placés” 1 Timothée 2. 2. Ces derniers sont responsables de l’usage de l’autorité qui leur a été confiée. Mais le cas de Pilate, et le fait que ces exhortations aient été données du temps de Néron (le cruel empereur romain qui a beaucoup persécuté les chrétiens et s’est rendu odieux de bien des manières), montrent que l’arbitraire ou même l’injustice des autorités ne peuvent être considérés comme des raisons suffisantes pour ne pas se soumettre.
La Parole ne reconnaît qu’une exception à ce principe : c’est lorsque les exigences des autorités sont en contradiction flagrante avec la volonté de Dieu. Dans ce cas-là, “il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes” Actes 5. 29, comme les apôtres à JérusalemActes 4. 19, ou comme les trois jeunes Hébreux à BabyloneDaniel 3. 16, 17. Remarquons encore que, même dans ce cas, il ne s’agit pas de révolte, mais de soumission à une autorité supérieure, celle de Dieu, en s’attendant à lui pour les conséquences.
Ces deux versets présentent la conduite que tout magistrat devrait avoir selon la pensée de Dieu. Il est établi pour encourager le bien, et pour punir le mal. Il est appelé deux fois “serviteur de Dieu” en rapport avec ces deux aspects de son rôle. L’expression : “Il ne porte pas l’épée en vain” rappelle que selon Genèse 9. 6, la colère dont il est l’instrument peut aller jusqu’à la mise à mort de “celui qui fait le mal”. La crainte du jugement est donc le premier motif de la soumission.
Mais une meilleure raison est donnée pour obéir : la conscience. Voilà qui est bien plus contraignant, dans le détail, que la simple “peur du gendarme”. Dans tous les domaines, qu’il s’agisse du respect des lois (y compris le code de la route !) ou du paiement des impôts, le chrétien devrait être un modèle de probité et d’obéissance.
Répétons-le : les motifs présentés ici (crainte et conscience) sont valables pour tous (toute âme), croyants ou non. Nous trouvons ailleurs des exhortations sur ce sujet adressées aux “bien-aimés”, et le mobile de l’obéissance est alors plus élevé : “Soyez donc soumis à tout ordre humain pour l’amour du Seigneur” 1 Pierre 2. 13.
Nous devons l’obéissance aux autorités, mais aussi le respect. Que nous soyons gardés d’être de ceux qui “méprisent la domination et injurient les dignités” Jude 8. Suivons plutôt l’exemple de Daniel et de Néhémie, qui, tout en ayant conscience que les rois devant lesquels ils se tenaient n’étaient que des hommes, respectaient les usages de la cour pour s’adresser à euxNéhémie 1. 11 ; 2. 3 ; Daniel 6. 21.
Ce sujet est introduit par une brève exhortation : “Ne devez rien à personne”. C’est un principe important pour la marche de ceux qui sont soumis à Dieu. Relevons l’exemple d’Abraham qui n’a pas voulu être redevable aux fils de Heth, et encore moins au roi de SodomeGenèse 23. 13 ; 14. 23. Cela implique en particulier pour nous de payer scrupuleusement à l’échéance tout type d’engagement, loyer ou salaire par exemple. Veillons donc aussi à ne pas nous engager au-delà de nos possibilités. Évitons en particulier d’abuser des différentes formes de crédit actuelles, notamment du « crédit à la consommation » si largement répandu aujourd’hui.
Mais il est une dette que nous ne pourrons jamais éteindre, le devoir d’aimer Dieu d’abord, et de nous aimer les uns les autres. Paul lui-même nous en donne l’exemple : lui qui était étreint par l’amour du Christ2 Corinthiens 5. 14 se sentait “débiteur” envers toutes les nations pour leur annoncer l’évangile (1. 14).
Celui qui montre ainsi l’amour de Christ envers son prochain accomplit tout naturellement la loi, ou plutôt l’a accomplie. Ce passé signifie que “la juste exigence de la loi” se trouve accomplie en celui qui marche ainsi (8. 4), avant même que la loi fasse valoir cette exigence. Remarquons qu’en Romains 8, il s’agit de celui qui marche, non par la chair, mais par l’Esprit. En effet, cet amour divin n’a pas sa source en nous-mêmes, mais il est “versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint” (5. 5). C’est donc dans la mesure où cet amour débordera autour de nous que nous pourrons accomplir cette parole sublime : “Tu aimeras ton prochain comme toi-même”. Et toute la loi est alors accomplieGalates 5. 14, car cette seule parole résume tous ses commandements. Ainsi l’amour, non seulement ne fait pas de mal au prochain, ce qui serait contraire à tous ses caractères1 Corinthiens 13. 4-7, mais il résume, accomplit et transcende la loi.