Ce paragraphe conclut la première partie de l’épître (1. 19 à 3. 20) où sont successivement convaincus de péché les païens, les hommes civilisés et les Juifs : “tous sous le péché”.
Ce constat prépare l’introduction d’un sujet nouveau : le remède de Dieu à cet état de l’homme, développé à partir du verset 21.
En disant “nous” au verset 9, l’apôtre parle au nom des Juifs. Pourraient-ils penser qu’ils étaient par nature meilleurs que les autres ? Tous doivent être convaincus de péché. Si les Juifs étaient prêts à l’affirmer pour les autres, ils auraient bien aimé le refuser pour eux-mêmes. Mais la question concerne aussi les chrétiens, tous ceux qui pourraient penser que leur religion les rend supérieurs.
L’ignorance du païen, la conduite et les prétentions du Grec civilisé, les privilèges religieux et les objections du Juif ne changent rien à l’état de l’homme devant Dieu. Paul en appelle ensuite au témoignage de Dieu.
Les nombreuses citations des Psaumes et du prophète Ésaïe s’imposent au Juif comme faisant partie des oracles inspirés, venant de la bouche même de Dieu. Elles ne lui laissent aucun doute sur le jugement sans appel que Dieu porte sur son peuple. Pour le lecteur qui n’en fait pas partie, ces paroles montrent bien que, même en jouissant de grands privilèges, l’homme n’est pas justifié pour autant. Il a besoin d’une justice de Dieu.
Le témoignage des Écritures est accablant :
“Il n’y a point de juste, non pas même un seul” (verset 10).
C’est au verset 9 que le mot péché apparaît pour la première fois dans l’épître où il est employé plus de soixante fois. Par différentes citations, l’apôtre montre successivement la façon dont le péché se traduit dans l’attitude intérieure, les paroles et les actes, puis le comportement général.
Les paroles de tromperie et de violence expriment ce qui s’agite dans le cœurPsaume 55. 21 ; Ésaïe 57. 20 dont la volonté active pousse au meurtre.
L’absence de
Les différents aspects du mal, signalés avant le délugeGenèse 6. 11, apparaissent clairement dans ces citations : la
Tout le monde est donc coupable devant Dieu : le païen et le Juif comme aussi l’homme religieux de notre époque. Le chrétien de nom, qui ne possède pas la vie divine, se fonde sur le respect de formes extérieures et cherche à se justifier par ce moyen, est encore plus coupable que le Juif.
La conclusion est accablante, un verdict sans appel : “Toute bouche est fermée”. Mais c’est justement dans la mesure où il réalise la gravité de son état devant Dieu, que le pécheur est prêt à écouter ce que Dieu a à lui direJob 40. 4. En acceptant le verdict divin, l’homme prend la place qui convient en reconnaissant : “Je suis un homme pécheur” Luc 5. 8, et se trouve ainsi prêt à accepter le Sauveur. Quel contraste avec les raisonnements de ces philosophes incrédules ou religieux qui incitent les hommes à se déculpabiliser et à trouver en eux-mêmes la force de dépasser leurs limites !
Au verdict de culpabilité entendu par l’homme réduit au silence s’ajoute une affirmation solennelle du juge suprême : “Nulle chair ne sera justifiée devant lui par des œuvres de loi”, autrement dit : aucun être humain ne sera déclaré juste devant lui par des actions conformes à la loiPsaume 143. 2. L’homme ne peut s’en remettre à sa propre conception de ce qui est juste devant Dieu (10. 3) ; Dieu seul le définit. Il ne peut pas davantage espérer acquérir cette justice par ses efforts ni même en accomplissant les œuvres de la loi de Dieu.
Dieu se serait-il donc trompé en donnant sa loi à l’homme ? Non, mais il veut lui montrer son péché par ce moyen. “Pourquoi donc la loi ? Elle a été ajoutée à cause des transgressions”, c’est-à-dire en vue de faire ressortir le mal par des désobéissances à des commandements précis (4. 15) Galates 3. 19.