Le tableau des mœurs dissolues des païens et de leur ignorance de Dieu (1. 19-32) ne suffit pas à décrire l’état de tous les hommes et à montrer la culpabilité de chacun. En effet, tous ne se sont pas livrés à des péchés si grossiers. Mais tous sont coupables, qu’ils soient civilisés, tels les Grecs de l’époque, ou religieux comme les Juifs. Ils seront jugés par Dieu. Tout homme a tendance à juger autrui et l’apôtre part de cette constatation pour démontrer la culpabilité de chacun.
En portant un jugement sur autrui, l’homme ne se justifie pas ; au contraire, il prouve en faisant ainsi qu’il sait discerner le mal (il a conscience que les actes jugés méritent “la juste sentence de Dieu”). Il n’a donc plus d’excuse s’il en commet lui-même. L’homme, quel qu’il soit, peut dire et prétendre ce qu’il veut ; le jugement de Dieu demeure.
Dieu s’est révélé aux hommes de diverses manières. Il les juge maintenant d’après ce qu’il est lui-même, en fonction de leurs relations avec lui.
“Le jugement de Dieu est selon la vérité.” Si l’homme peut chercher à paraître aux yeux de ses semblables ou être satisfait de lui-même, il ne peut tromper Dieu qui “sonde les cœurs et les reins.” Rien ne peut lui être caché des actes ni des mobiles1 Corinthiens 4. 5, rien ne permet d’échapper à son jugement. Peu importe également tout ce que l’homme peut penser ou imaginer à l’égard de Dieu qui est et demeure le même1. Son jugement2 est selon la vérité ; c’est lui qui aura le dernier mot et maintiendra, par le jugement, la différence entre le bien et le mal.
Dieu attend avant d’exécuter le jugement, car il veut que le pécheur se repente et qu’il vive. N’est-ce pas mépriser la bonté patiente de Dieu que d’en profiter pour continuer à faire le mal ou de la confondre avec une tolérance qui laisse faire ? On parle légèrement du « bon Dieu » pour chercher à écarter la pensée de son juste jugement. La bonté de Dieu pousse tout homme à se repentir, c’est-à-dire à reconnaître que le jugement de Dieu est vrai. La
“Tu amasses pour toi-même la colère”. Il ne sert à rien d’essayer de s’abriter derrière le grand nombre en disant : nous serons tous dans le même cas. Le jugement s’exercera sur chacun individuellement en rapport avec ses actions. Dieu “rendra à chacun selon ses œuvres”. Bien des passages de la Bible insistent sur cette responsabilité individuelle : “Chacun de nous rendra compte pour lui-même à Dieu” (14. 12).
Le juste jugement de Dieu divisera les hommes en deux classes et deux seulement. Leurs sorts sont radicalement différents. “À ceux qui, en persévérant dans les bonnes œuvres, cherchent la gloire et l’honneur et l’incorruptibilité, – la vie éternelle ; mais à ceux qui sont disputeurs et qui désobéissent à la vérité et obéissent à l’iniquité, – la colère et l’indignation”. Toutes les différences de race, de situation sociale, de capacité et de mérite s’effaceront alors. Cela réduit à néant les efforts de l’homme pour s’améliorer ou se concilier la faveur de Dieu. Car seule compte l’appréciation divine de ce qu’ont été les œuvres de chacun, parfaitement connues jusque dans leurs mobiles par celui qui sonde les cœurs. Un changement intérieur radical est nécessaire pour chercher “la gloire et l’honneur et l’incorruptibilité”. Quelle vie pourrait produire de bonnes œuvres selon l’appréciation de Dieu, sinon la vie divine que l’on reçoit par la foi ? La récompense attribuée par Dieu à ceux qui persévèrent dans les bonnes œuvres – la vie éternelle – est considérée ici comme le but, le couronnement d’une vie qui se manifeste dans ses fruits sur la terre. L’apôtre ne veut évidemment pas fonder le salut sur les œuvres, ce qu’il combat si fortement plus loin.
Le bien et le mal ont été pleinement mis en évidence à la croix. Christ est venu, il a montré le bien parfait dans sa vie, il a rendu témoignage que les œuvres des hommes étaient mauvaises. Sa mort a démontré l’amour de Dieu, manifesté l’état moral irrémédiable du cœur de l’homme, et montré la seule ressource : Christ mort et ressuscité, reçu par la foi.
Les Juifs auraient pu se prévaloir d’être le peuple de Dieu, d’être les dépositaires de sa loi, de connaître sa volonté. Toute position privilégiée augmente la responsabilité. Dieu sonde les cœurs et ne reconnaît pas de privilège extérieur, sinon pour en demander compte.
Nous devons toujours nous souvenir que “l’homme regarde à l’apparence extérieure, et l’Éternel regarde au cœur” 1 Samuel 16. 7. De plus, Dieu nuance son appréciation en fonction de ce que l’on a reçu. La responsabilité est accrue pour les Juifs qui ont eu, par la loi, connaissance des justes exigences de Dieu. Quel sera le sort de tant de personnes qui se disent chrétiennes et se contentent d’une apparence de piété ou qui s’appuient sur des avantages extérieurs (baptême, éducation, connaissances…) sans avoir été amenées à se repentir pour recevoir Christ comme Sauveur ? Si nous avons, dès notre enfance, entendu la parole de Dieu, nous sommes d’autant plus responsables d’y obéir.