La fin du chapitre 2 atteint de plein fouet la conscience du Juif et de toute personne qui s’appuie sur la forme de la religion dont elle se contente. Dieu a montré que cela ne suffit pas et qu’il exige la sincérité. Alors, comme souvent en pareille situation, on émet des objections pour se dérober :
En y répondant, l’apôtre saisit l’occasion pour montrer comment la gloire de Dieu brille :
Touché par les interpellations du dernier paragraphe du chapitre 2, le Juif ne peut que s’interroger sur tout ce qu’il avait cru jusqu’ici. Il n’imaginait pas que Dieu exige une telle sincérité et une mise en accord parfaite des paroles et de toutes les actions, même les plus secrètes (2. 28, 29). Mais au lieu d’accepter simplement cette remise en cause et d’écouter la voix de sa conscience à ce sujet, il essaie d’y échapper en élevant des objections qui en arrivent à contester la façon dont Dieu agit envers son peuple.
Cette question peut en contenir plusieurs :
Est-il possible que Dieu ne fasse plus de différence entre le Juif et le païen incirconcis ? et encore : A-t-il trompé son peuple en instituant le judaïsme et la circoncision ?
L’homme est toujours prêt à douter de Dieu et à le critiquer. Quand surviennent les épreuves, même l’enfant de Dieu se surprend quelquefois à mettre en doute la bonté et l’amour de Dieu.
La réponse est claire ; les privilèges des Juifs sont grands. Ils ont déjà été exposés au chapitre 2. 17, 18 et sont repris au chapitre 9. 4, 5. Dans notre texte ils sont résumés ainsi : “Les oracles de Dieu leur ont été confiés” 1. La révélation de Dieu et de ses pensées dans la Parole écrite a été confiée au peuple d’Israël. Quel profit et quelle bénédiction pour celui qui croit ces oracles de DieuPsaume 119. 72, 103, 105, 130, 162 ; Jérémie 15. 16 !
Ces promesses étaient sans condition ; Dieu serait-il donc revenu sur sa parole du fait de l’infidélité du peuple ? Non ! Dieu reste “vrai” ; même si tous les Juifs devaient le renier, il accomplira ce qu’il a promis. Mais Dieu a aussi promis le jugementDeutéronome 27. 15-26 ; 28. 15-68 à tous ceux qui lui désobéissent et il l’exécutera fidèlement. David le reconnaît dans le Psaume 51 (cité au verset 4), écrit à la suite de son affreux adultère.
La réponse est évidente : Dieu est juste quand il punit le mal où qu’il soit ; or le Juif était bien convaincu que Dieu était juste en jugeant le monde païen, comme le précise l’apôtre aux versets 5 et 6.
Dieu pourrait-il ainsi oublier les exigences de sa justice et excuser le pécheur sous prétexte que les conséquences de ses actions ne sont pas toutes mauvaises ? Poursuivre ce raisonnement conduit à dire : “Faisons du mal afin qu’arrive le bien” (verset 8). On allait même jusqu’à mettre cette phrase dans la bouche des chrétiens, et de Paul en particulier. Cette accusation indigne montre que la condamnation de celui qui la prononce est juste, car il méprise la grâce et la confond avec le plus profond laisser-aller et la dissolution des mœursJude 4.
Les questions et objections soulevées sont aussi, pour l’apôtre, l’occasion de montrer que Dieu prend toujours soin de sa gloire quand il agit envers l’homme.
En montrant ainsi comment Dieu prend soin de sa gloire, sous le double aspect de sa sainteté et de sa fidélité à ses promesses, l’apôtre souligne un des aspects de l’évangile : la révélation de la justice de Dieu (1. 17). Dieu est juste en sauvant le pécheur, tout en condamnant le péché comme il le mérite. Ce point essentiel est développé au chapitre 3. 21-26.