Après avoir montré la culpabilité de tout homme et décrit les principes de son jugement par Dieu, l’apôtre s’occupe spécialement des Juifs et montre leur responsabilité particulière. Comme à la séance d’un tribunal, le Juif est appelé à la barre, après le païen et l’homme civilisé. La façon tout à fait personnelle, dont il est interpellé tout au long du réquisitoire (versets 17-27), rappelle que le jugement est individuel.
L’apôtre passe successivement en revue cinq privilèges, cinq prétentions et cinq manquements.
Le ton utilisé dans ces versets montre la fierté que les Juifs tirent, en général, de privilèges qui ne font pourtant qu’accroître leur responsabilité, et fourniront le cadre de leur jugement ; ils seront “jugés par la loi” (verset 12).
Au lieu d’être reconnaissants de leurs privilèges, les Juifs en tirent une grande confiance en eux-mêmes. Ils tendent à mépriser le reste de l’humanité qu’ils considèrent comme aveugle, ignorante, immature et dans les ténèbres. Cette attitude se double encore de cinq prétentions à conduire, éclairer, instruire, former, fixer les normes, qui aggravent encore la responsabilité.
Comme souvent, les prétentions ne correspondent pas au vécu. Les cinq questions de l’apôtre et les réponses qu’elles sous-entendent le démontrent. Tout en possédant “la formule de la connaissance et de la vérité” (verset 20), les Juifs commettent les mêmes actes que les païens qu’ils condamnent.
Si sa conscience est réveillée, un Juif se reconnaîtra comme plus coupable que les païens à cause de ses privilèges. Si sa conscience est endurcie, ce n’est pas le fait d’enseigner ou de prêcher qui diminuera sa culpabilité, bien au contraire.
En commettant péché sur péché, les Juifs incitent les autres nations à blasphémer DieuÉsaïe 52. 5 ; Ézéchiel 36. 20-23.
En désobéissant à la loi, le Juif se constitue
Tout ce développement traite de la responsabilité des Juifs sous la loi que Dieu leur a donnée. Il n’est pas fait mention ici du rejet de leur Messie. S’ils sont particulièrement responsables à cause de ce qu’ils ont reçu, combien le sont davantage les chrétiens (de cœur ou de nom seulement) qui ont entendu l’évangile et ont toute la parole de Dieu entre leurs mains. Tout décalage entre nos paroles et nos actions est un obstacle à la réception de l’évangile. Ceux qui vivent près de nous y sont particulièrement sensibles. Ils savent très bien comment un chrétien devrait se conduire.
Ce qui précède conduit directement à la conclusion des deux versets qui terminent le chapitre 2. Le seul respect de formes religieuses, même instituées par Dieu, sans la vie intérieure – la lettre sans l’esprit – est un véritable reniement des privilèges donnés. Dieu rejette aussi toute forme extérieure qui ne traduit pas un engagement profond du cœur et de la conscience1 Samuel 16. 7 ; Psaume 51. 6.
Au contraire, et sans se contredire pour autant, Dieu accorde sa faveur et son approbation à celui qui réalise une vraie mise à part pour Dieu, Juif du cœur, “Juif au dedans.” Durant son service, le Seigneur Jésus a rencontré des personnes non juives mais possédant cette “circoncision du cœur, en esprit”, comme le centurion romainLuc 7. 1-9 et la femme cananéenneMatthieu 15. 22-28. Il s’est plu à souligner leur grande foi.
Ce qui est dit du “Juif qui l’est au dehors” s’applique aussi au chrétien de nom qui ne fait que suivre les formes extérieures d’une religion à laquelle il est fier d’appartenir ; il n’a pas la vie divine. On peut aussi étendre la portée de ces versets à un vrai chrétien lorsqu’il attache plus d’importance aux apparences qu’à l’engagement du cœur. Il est pernicieux de se glorifier de connaître la vérité, d’avoir des ancêtres pieux, qui ont souffert pour leur foi, sans vivre soi-même dans la piété.
Chrétiens, qui que nous soyons, laissons-nous personnellement sonder par ces flèches pénétrantes de l’Esprit de Dieu qui veut amener chacun dans la lumière devant Dieu.