Vaut-il la peine de s’attacher à Dieu et à sa Parole, si on considère la brièveté de la vie et son cortège de souffrances ? Près de la mort à cause des persécutions dont il est sans cesse l’objet, le psalmiste garde espérance en la Parole, parce qu’il sait qu’elle fait vivre (verset 81). Les Saintes Écritures sont les seules capables d’amener l’homme à jouir du salut. Au plus fort de la souffrance, Job avait la même assurance : “Et moi, je sais que mon rédempteur est vivant, et que, le dernier, il sera debout sur la terre”. Même après avoir perdu patience, Job avait gardé la foiJob 19. 19, 25.
À bout de forces, le psalmiste ne cherche d’autre consolation que celle qui vient de la Parole (verset 82). Son corps est comme une outre vide qu’on a suspendue dans une tente près du foyer domestique, sèche et tannée (verset 83). Ni la fumée, ni le feu, ne peuvent l’éloigner de la Parole et lui faire oublier les statuts divins.
Dans sa souffrance, il demande ce qui lui reste à vivre1 (verset 84). La question reste sans réponse. Si nous savions ce qu’il nous reste à vivre, nous ne mettrions pas à profit le temps imparti. Malade à la mort, le roi Ézéchias a demandé la vie. Il ne pouvait pas accepter de mourir sans avoir achevé son œuvre. Dieu lui a accordé une prolongation de quinze ans de vie, mais il s’est enrichi et l’orgueil l’a saisi. Ce temps, dont il connaissait la durée exacte, a été fatal pour sa familleÉsaïe 38-39.
Dans la même prière, le psalmiste demande que Dieu juge ses ennemis (verset 84). Comme croyants dans le temps de la grâce, nous ne pouvons pas le suivre dans cette supplication. Nous savons que Dieu est un juste juge et que la vengeance lui appartient. Le Seigneur vengera les siens, mais pas avant que la période de la grâce soit terminée. En ce jour, les persécutions qu’ont subies les croyants seront une démonstration que le jugement de Dieu sur les hommes incrédules est juste2 Thessaloniciens 1. 6 ; 1 Pierre 4. 12, 13.
Les orgueilleux ne supportent personne à leur côté. Sans aucune raison, sinon celle de faire taire leur conscience, ils cherchent à éliminer celui qui est fidèle à la Parole : ils creusent des fosses pour le précipiter (verset 85).
Dans la persécution, le psalmiste a appris une grande leçon : les commandements de Dieu sont fidélité (verset 86). L’expérience chrétienne va plus loin : Dieu lui-même est fidèle1 Corinthiens 10. 13.
En obéissant à la Parole, en comptant sur les promesses divines, la délivrance est proche. L’issue est souvent étroite, mais Dieu délivre au moment où tout semble perdu (verset 87).
Le psalmiste ne prie pas pour que Dieu enlève son épreuve, mais pour qu’il soit vivifié, une demande qu’il répète à plusieurs reprises (versets 25, 40, 88, 107, 149, 154, 156, 159). Il s’engage à garder le témoignage venant de la bouche de Dieu (verset 88). “L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu” Matthieu 4. 4.
Nous arrivons au cœur du Psaume 119. À la suite de multiples difficultés, mais aussi de grandes délivrances, le psalmiste est amené à constater que la fidélité de Dieu est permanente et sa parole immuable2.
La Parole est établie dans les cieux où rien ne peut l’atteindre (verset 89). Elle n’est pas soumise à la fragile condition humaine. Elle subsiste par elle-même. Elle seule dévoile ce qu’il est permis à l’homme de connaître du passé, du présent et de l’avenir3. Les enseignements des hommes changent souvent. Seule “la parole de notre Dieu demeure à toujours” Ésaïe 40. 8 ; 1 Pierre 1. 25.
Les cieux et la terre ont surgi à la voix du Tout-Puissant. Et c’est la même voix qui proclame : “Je serai avec toi : je ne te laisserai point et je ne t’abandonnerai point” Josué 1. 5. De la même bouche procèdent la parole de puissance et la parole de promesse. Parce que la terre est fermement établie et que les mondes sont soutenus par sa parole puissanteHébreux 1. 3, le croyant peut avoir confiance : le Seigneur, le Créateur, est fidèle à ses promesses de génération en génération (verset 90). Jérémie développe le même argumentJérémie 31. 35, 36. Chaque fois que nous posons le pied sur le sol, rappelons-nous la stabilité des promesses de Dieu. Rien n’existe ou n’arrive par hasard : Toutes choses servent Dieu dans les cieux et la terre qu’il a créés (verset 91).
Dans les moments les plus sombres, les promesses de la Parole nous empêchent de désespérer (verset 92). Les paroles de Dieu sont esprit et sont vie. Les disciples de Jésus l’avaient bien comprisJean 6. 63, 68.
Quand Dieu nous fait revivre par ses paroles (verset 93), qui pourrait jamais les oublier ? Elles sont écrites sur nos cœurs du doigt de Dieu. Le psalmiste revient très souvent sur cette expérience (versets 16, 61, 83, 109, 141, 153). C’est même la dernière qu’il nous laisse au terme de son long psaume : “Je n’ai pas oublié tes commandements” (verset 176).
Le croyant, plus que les autres hommes, ressent le besoin d’être délivré chaque jour des circonstances fâcheuses (verset 94). L’apôtre Paul demandait aux Romains de combattre avec lui dans la prière afin d’être délivré des incrédules et de pouvoir accomplir son serviceRomains 15. 30, 31.
Le méchant épie le justePsaume 10. 8-10 ; 37. 32, cherchant la faille, la moindre faute, pour passer à l’attaque ; d’où l’importance d’être attentif à tous les commandements de Dieu pour éviter les faux pas (verset 95). L’apôtre Jean exprime la même pensée : nous avons la victoire sur le méchant quand la parole de Dieu demeure en nous1 Jean 2. 13, 14.
Lorsque nous aurons constaté que la perfection humaine n’existe en aucun domaine, les limites de nos frères et notre propre incapacité deviendront supportables. Mais il est impossible de discerner l’étendue de la Parole. Les commandements divins sont :
Plus on médite la Parole, plus elle grandit en beauté et en majesté.
On dit de certains hommes que plus on les connaît, moins on les admire. Le contraire est vrai pour la parole de Dieu : plus on la connaît, plus on l’aime4 (verset 97).
Tout le jour le psalmiste médite la Parole. Elle lui devient si familière, que c’est comme s’il la respirait.
Pour méditer utilement la Parole, il faut :
Le psalmiste avait demandé bon sens et connaissance (verset 66). Dieu a répondu à sa demande (versets 98-100). La parole communique une intelligence spirituelle (sagesse, bon sens) supérieure à celle que la force (les ennemis), l’expérience (les maîtres5) et l’âge (les anciens du peuple6) peuvent procurer. Le psalmiste excelle plus qu’eux tous en sagesse, car il connaît la Parole, la médite et surtout parce qu’il la met en pratique.
Le chemin du bonheur est révélé dans l’A.T. par trois voies convergentes : la Loi, la prophétie et la sagesseJérémie 18. 18. La sagesse est la perception de la vraie nature des choses. Elle implique un discernement exact du bien et du mal et la prudence dans toute la conduite.
Le psalmiste aspire à un contact direct avec la Parole car les meilleurs docteurs peuvent masquer le Maître.
La Parole garde du péché et elle maintient le croyant dans le bon chemin (verset 101). Si la Parole ne nous garde pas du péché, le péché nous gardera de la Parole. Le croyant ne teste pas la Parole par ses expériences, mais il éprouve ses expériences à la lumière de la Parole (verset 101).
La Parole est la seule norme pour la conduite du croyant (verset 102). Si nous nous éloignons de la Parole, personne ne peut savoir jusqu’où cela peut mener. Un écart entraîne un autre écart et le fossé se creuse en s’élargissant. Mépriser la Parole conduit à être séduit par ses propres idées. Quand elle n’est pas aimée et désirée, l’instruction est vite rejetée.
Qui peut décrire la saveur de la Parole ? Il faut la goûter pour l’apprécier7 (verset 103).
La parole de Dieu ne peut être lue que dans un esprit de prière avec le désir sincère d’entendre Dieu parler et la volonté de mettre en pratique les enseignements reçusJacques 1. 22.
L’Esprit de Dieu forme notre esprit par la Parole (verset 104). L’histoire est riche en exemples qui démontrent que l’étude de la Parole élève le niveau moral et intellectuel de ceux qui la pratiquent.
Aimer le SeigneurPsaume 97. 10 et sa Parole (verset 104) conduit à haïr le mal.