La douleur du prophète s’intensifie parce qu’il ressent en même temps une affection intense pour son peuple et la nécessité d’en être séparé. Tout d’abord, il aime profondément son peuple, ce qui lui fait sentir ses blessures comme les siennes propres. Ensuite, il est obligé d’être entièrement séparé du mal dans lequel vivent ces hommes, séparation qui s’exprime par le désir d’être éloigné d’eux alors que sa sollicitude l’attache à eux. Enfin, la parole de l’Éternel l’avertit de la corruption profonde qui l’entoure : mensonge, calomnie, tromperie. Toutes ces actions sont de graves péchés ; mais quand elles se pratiquent entre amis, entre frères, Dieu les réprouve avec d’autant plus de vigueur. Comment pourrait-il les supporter ? Non, il châtie d’autant plus ceux qui portent son nom.
Encore une fois, l’Éternel, par la bouche du prophète, annonce la désolation qui va tomber sur le pays de Juda, sur Jérusalem, et la dispersion de leurs habitants parmi les nations, parce qu’ils n’ont pas voulu écouter sa voix. Au contraire, ils ont marché en “suivant le penchant obstiné de leur mauvais cœur” (verset 13 ; 3. 17). Ces versets répètent en d’autres termes ce qui a déjà été plusieurs fois annoncé dans les chapitres précédents. N’est-ce pas une preuve touchante de la bonté de Dieu qui multiplie les appels vers un peuple rebelle et obstiné pour le pousser à revenir vers lui ?
Il n’y a plus rien à faire qu’à se lamenter : les femmes d’Israël sont appelées à le faire sans retard. C’est le moment où écouter la parole de Dieu consiste à mener deuil et à reconnaître que l’ennemi a couvert le peuple de Dieu d’une honte méritée.
Toute ressource dans l’homme – sagesse, vaillance, richesse – est réduite à néant. Mais pour celui qui connaît Dieu, individuellement, et le discerne dans ce qu’il fait, au travers des circonstances qu’il permet, il y a un sujet d’encouragement. C’est même un sujet de gloire : “Que celui qui se glorifie, se glorifie en ceci, qu’il a de l’intelligence et qu’il me connaît ; car je suis l’Éternel qui use de bonté, de jugement et de justice” (verset 23). Le sûr rocher subsiste au milieu de la tempête. C’est le refuge de la foi dans tous les temps :
Ce verset est cité en 1 Corinthiens 1. 31 pour mettre en garde contre toute prétention humaine dans l’assemblée. Les pensées de Dieu sont immuables et sa parole est toujours propre à enseigner ceux qui l’écoutent.
Si l’on refuse de l’écouter, à quoi servira-t-il d’avoir été mis à part pour Dieu, comme les Israélites l’étaient par la circoncision ? Celle-ci ne leur a été d’aucun profit. Ils ont été confondus dans un même jugement avec les nations incirconcises. Rien n’est plus dangereux que de se prévaloir d’une relation extérieure avec Dieu – circoncision, baptême, participation à un service religieux ou à des sacrements – avec un cœur qui n’est pas réellement engagé avec lui par la foi et l’obéissance à sa Parole.