Après avoir à nouveau annoncé les terribles jugements qui atteindront les rois de Juda, les princes, les prophètes et les habitants de Jérusalem, l’Éternel leur fait encore dire : “Est-ce qu’on tombe et qu’on ne se relève pas ?” (verset 4). C’était très grave pour le peuple d’être tombé si bas de façon répétée, mais combien plus grave encore de refuser de se repentir en méprisant les appels de Dieu à revenir à lui. Dieu est attentif à tout début de repentance : “J’ai fait attention et j’ai écouté” (verset 6), prêt à encourager tout mouvement de retour, mais en vain. Israël a moins d’intelligence que les oiseaux migrateurs qui savent discerner le moment où il est temps de revenir pour hiverner.
La responsabilité des prophètes et des sacrificateurs, plus directement en contact avec la parole de Dieu, est particulièrement grande. Les versets 10 et 11 répètent l’accusation portée contre eux au chapitre 6, versets 13 et 14. Plus on a reçu l’enseignement de Dieu, plus on est responsable d’agir en lui obéissant. Si, au contraire, la fausseté et le gain déshonnête viennent remplacer la piété, et rendent le cœur insensible aux peines du peuple de Dieu, le jugement est sans miséricorde.
“Ils ont pansé la plaie… légèrement” (verset 11) et en réclamant la paix que Dieu ne pouvait donner sans qu’il y ait eu une repentance véritable. Leur prétendue sagesse sera réduite à néant et ils tomberont pour être retranchés, comme ceux qui n’ont pas d’intelligence. Quand Dieu fait la plaie, c’est une folie que de chercher une guérison superficielle avec les ressources de la sagesse humaine.
Dans le paragraphe qui débute par cette question, quelques-uns paraissent vouloir secouer l’apathie, faire silence devant Dieu et reconnaître qu’ils ont péché contre l’Éternel. Mais si l’annonce du jugement produit la crainte et le désir de se mettre à l’abri “dans les villes fortes”, la conscience n’est pas profondément touchée. Nous trouvons dans la Parole plusieurs exemples d’hommes qui ont dit : “J’ai péché”, pour essayer d’échapper aux conséquences, sans que le cœur ait été droit devant Dieu pour s’humilier réellement (tels le PharaonExode 10. 16 ou Saül1 Samuel 15. 24). C’est un piège pour tout homme de confesser qu’il a péché s’il ne va pas jusqu’à reconnaître effectivement le mal et à l’abandonner.
Jérémie est profondément attaché au peuple d’Israël, spécialement à Sion, à Jérusalem, “la fille de mon peuple” (verset 22). La grande ruine qui va frapper celle qu’il aime, le remplit de deuil et d’épouvante. Pourrait-il trouver quelque consolation alors qu’il entend déjà la voix des captifs d’un pays lointain ? Mais n’est-elle pas la ville du grand RoiPsaume 48. 3 ? L’Éternel lui-même ne doit-il pas y régnerPsaume 24. 10 ? C’est dans cette assurance que le prophète en désarroi trouve motif d’espérer contre toute espérance. Comment est-ce possible qu’elle ait laissé passer le temps favorable pour se tourner vers celui qui dit : “Je t’appliquerai un appareil et je te guérirai” (30. 17) ?
Jérémie exprime ici des sentiments qui font penser à l’amour de Christ en présence de l’incrédulité obstinée de Jérusalem lorsqu’il viendra la visiter : “Jérusalem, Jérusalem… que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu !” Matthieu 23. 37