L’ennemi qui vient du nord est si proche qu’il faut sonner de la trompette pour engager les Benjaminites à fuir la ville. L’Éternel donne ses instructions aux assaillants : de jour ou de nuit, ils ne doivent pas se laisser arrêter, mais envahir et détruire. Pourtant, il s’adresse encore à Jérusalem : “Reçois instruction… de peur que mon âme ne se détache de toi” Ézéchiel 23. 18 (verset 8). C’est dire tout le prix qu’elle a pour lui et son ardent désir qu’elle revienne de sa mauvaise voie.
Qui écouterait encore, puisque “la parole de l’Éternel est en opprobre parmi eux” (verset 10) ? Toutes les catégories de la population sont concernées et seront l’objet du jugement, depuis les petits enfants jusqu’aux vieillards, depuis le petit jusqu’au grand. Les prophètes et les sacrificateurs sont particulièrement coupables : ils usent de fausseté et ont trompé le peuple en parlant de paix alors que la destruction est à la porte, et sans avoir hoteSophonie 3. 5 ; Psaume 36. 2. Leur châtiment sera plus sévère : “ils tomberont parmi ceux qui tombent” (verset 15).
Dieu a toujours révélé aux hommes comment ils devaient le servir. Il n’a pas demandé à son peuple d’innover, il leur a fait connaître quel était le bon chemin à suivre. Mais ils s’en sont rapidement écartés. L’écrivain de l’épître aux Hébreux dira plus tard : “Nous devons porter une plus grande attention aux choses que nous avons entendues, de peur que nous ne nous écartions” Hébreux 2. 1. De nos jours, on parle volontiers de recherche, de développement, on veut sortir des sentiers battus. Certes, il est bon de veiller à ne pas s’enfoncer dans une ornière de traditions humaines, mais prenons garde que cela ne serve pas de prétexte pour suivre nos propres pensées. Le chemin de la bénédiction est tracé : celui du retour à ce que Dieu a donné au commencement : “Enquérez-vous touchant les sentiers anciens, quelle est la bonne voie” (verset 16). Celui qui met ces enseignements en pratique sera appelé “réparateur des brèches, restaurateur des sentiers fréquentés” Ésaïe 58. 12.
L’Éternel avait confié des trompettes aux sacrificateurs. Ils devaient s’en servir en diverses occasions, en particulier dans la guerre pour que le peuple soit “rappelé en mémoire devant l’Éternel” Nombres 10. 9. Bien que les sacrificateurs aient été infidèles, l’Éternel avait aussi chargé des sentinelles comme Jérémie d’avertir par le son de la trompette de l’approche de l’ennemiÉzéchiel 33. 1-6 ; mais en vain. Or il ne sert à rien que des sacrifices soient offerts, qu’une forme de culte subsiste, si les cœurs sont rebelles. Dieu ne peut supporter que l’iniquité soit associée à des formes religieuses (verset 20) Ésaïe 1. 13.
Alors il n’y a plus de remède. Déjà on peut entendre la rumeur de la formidable armée en marche, semant la terreur, l’instrument du châtiment que l’Éternel fait venir sur son peuple.
L’Éternel a placé Jérémie au milieu du peuple comme une forteresse que les hommes assaillent sans pouvoir l’abattre. Sa présence les met à l’épreuve et la parole de Dieu dans sa bouche est comme un feu d’affineur. Mais ils sont tous des rebelles, “on affine en vain” (verset 29). Les scories brûlent et il ne reste rien de bon. Dieu a fait tout ce qui était possible pour ramener le peuple vers lui ; maintenant il doit déclarer avec tristesse qu’on les appellera : “Argent réprouvé (mis au rebut) ; car l’Éternel les a rejetés” (verset 30).