L’Éternel met en évidence l’infidélité d’Israël et la perfidie de Juda ; il multiplie les appels à revenir vers lui. Il annonce le rétablissement des deux ensemble et fournit par la bouche du prophète l’expression de la repentance de ceux qui reviendront.
“Retourne vers moi, dit l’Éternel… Reviens… Revenez… Revenez” (versets 1, 12, 14, 22). Quoi de plus touchant que ces appels répétés de l’Éternel à son peuple ? Quel est l’obstacle qui barre le chemin du retour ? “Tu refuses d’avoir honte” (verset 3). Israël et Juda sont l’un et l’autre comparés à des femmes infidèles. Elles sont tombées dans l’idolâtrie la plus grossière. Juda est encore plus coupable qu’Israël, car elle a vu le châtiment infligé par l’Éternel à sa sœur, Israël, emmenée en captivité par le roi d’Assyrie. Ni le sentiment de sa déchéance, ni les châtiments déjà exercés, ni l’exemple d’Israël ne suffisent à briser son orgueil. Pourtant l’Éternel l’encourage à revenir en démontrant sa grâce : “Je ne ferai pas peser sur vous un visage irrité, car je suis bon” (verset 12). C’est la bonté de Dieu qui pousse l’homme pécheur à la repentance, car Dieu ne prend pas plaisir à la mort du méchant, “mais plutôt à ce que le méchant se détourne de sa voie et qu’il vive !” Ézéchiel 33. 11.
Même quand un retour s’est produit sous la direction du roi Josias, l’Éternel doit dire : “Juda la perfide n’est pas revenue à moi de tout son cœur, mais avec mensonge” (verset 10). Ce réveil pouvait avoir une belle apparence, mais “l’Éternel ne regarde pas ce à quoi l’homme regarde, car l’homme regarde à l’apparence extérieure, et l’Éternel regarde au cœur” 1 Samuel 16. 7. Orgueil et perfidie sont les traits qui caractérisent “le penchant obstiné de leur mauvais cœur” – le cœur de tout homme – que Jérémie devra dénoncer à bien des reprises (6. 15 ; 7. 12 ; 17. 9).
Pour revenir vers Dieu et être reçu, il y a une condition. “Seulement, reconnais ton iniquité” (verset 13). C’est la repentance. Il ne s’agit pas seulement de reconnaître ce que l’on a fait, mais d’accepter que Dieu le juge : “Connais et vois que c’est une chose mauvaise et amère” (2. 19). On ne revient pas vers Dieu la tête haute comme si, après l’avoir méconnu, on voulait prendre un nouveau départ en oubliant le passé. Il faut que je revienne en reconnaissant avec humiliation que j’ai fait ce qui est mauvais à ses yeux. La confession doit être claire, nos péchés bien identifiés. Il ne suffit pas de dire que l’on a commis une faute. Dieu précise ici :
La repentance est un travail de cœur qui est d’abord individuel, avant d’être collectif. Les appels au retour s’adressent à tous, mais peu nombreux sont ceux qui y répondent. Dieu les connaît et a les yeux sur chacun d’eux pour les ramener : “un d’une ville, deux d’une famille”.
Christ n’était pas encore venu pour accomplir l’œuvre de la croix. L’Éternel ne révèle pas, par Jérémie ou l’un des prophètes, pourquoi il peut pardonner. Mais il annonce clairement sa volonté de faire grâce pour encourager tout pécheur à se tourner vers lui.
L’appel du verset 12 est adressé à Israël déjà en captivité, mais dirige aussi le regard vers le moment où l’Éternel ramènera quelques réchappés.
L’arche de l’alliance, mentionnée ici au verset 16 pour la dernière fois dans l’A.T., a disparu lors de la destruction du temple de Jérusalem par Nebucadnetsar, roi de Babylone. Le jour viendra où tout Israël – Juda et les dix tribus ensemble – se multipliera et fructifiera à nouveau dans son pays et où “on appellera Jérusalem le trône de l’Éternel” (verset 17). Mais l’arche ne sera plus au centre de la royauté comme aux jours de Salomon, où la nuée de gloire remplissait la maison de Dieu2 Chroniques 5. 14. Dieu ne rétablit jamais dans son état initial ce qui a été perdu par la désobéissance des hommes ; il accomplit ses promesses en établissant quelque chose de meilleur qui repose entièrement sur Christ. “Et moi, j’ai oint mon roi sur Sion, la montagne de ma sainteté” Psaume 2. 6. C’est Christ qui recevra “un royaume qui ne sera pas détruit” Daniel 7. 14.
Le dernier paragraphe du chapitre nous laisse entrevoir une attitude bien différente de l’orgueilleuse révolte de son début : pleurs, supplications, confession. N’est-ce pas, par la voix du prophète, une anticipation prophétique du travail de cœur en Israël dans ce jour futur où il reviendra de son éloignement de Dieu ? L’Esprit de Dieu fournit l’expression des sentiments qui conviennent à ceux qui retournent vers le Seigneur. Il veut les produire dans le cœur de ceux qui, dans tous les temps, sont sensibles à sa parole de grâce et de vérité.