Il apparaît très clairement que le dernier paragraphe du chapitre 52 se lie au chapitre 53, pour constituer l’un des plus merveilleux passages de la parole de Dieu.
Le livre d’Ésaïe a été appelé « l’évangile de l’A.T. ». Le texte qui est maintenant devant nous suffirait à justifier cette appellation – pour ne rien dire du nom même du prophète, qui signifie “le salut de l’Éternel”.
Nous arrivons, a-t-on dit, au point le plus élevé de la vision du prophète, car ce ne sont plus des événements qui passent devant ses yeux. C’est une Personne, que sa foi contemple et dont il nous décrit la beauté.
C’est le passage de l’Écriture que lisait l’intendant de la reine CandaceActes 8. 30-35 ; c’est en “commençant par cette écriture” que Philippe lui annonça Jésus. Ainsi, l’Écriture même établit avec sa pleine autorité, que celui dont il est question dans ce passage est Jésus lui-même, le Fils de Dieu, notre Seigneur et notre Sauveur.
Pour conclure ces quelques remarques préliminaires, ajoutons que nous entrons ici dans la pensée de Dieu quant à Christ serviteur, en contraste avec Israël serviteur.
Soulignons aussi la structure de ce passage : il s’agit d’un entretien entre Dieu et les croyants, qui sont le prophète, le résidu et peut-être aussi Israël. Nous avons là l’expression de la communion des fidèles avec Dieu, au sujet de son Fils bien-aimé. Il n’est peut-être pas inutile de signaler aussi que de nombreux psaumes présentent ce caractère de communion qui, dans l’A.T., se rattache essentiellement à ce que Christ est pour Dieu. Enfin, nous pouvons dire que si ce chapitre s’applique premièrement au résidu d’Israël, il est pour nous, chrétiens, d’un prix et d’une importance infinis, car le Saint Esprit nous y révèle, dans la personne du serviteur de l’Éternel, le Seigneur Jésus notre Sauveur, ses souffrances et sa gloire.
Comme dans beaucoup de psaumes, le premier verset de notre texte est le titre du passage tout entier : “Voici, mon serviteur agira sagement”. Nous trouvons dans ces versets ce que le Christ Jésus a été pour Dieu, sur la terre : son serviteur, son élu en qui son âme a trouvé son plaisir (42. 1-7). Mais, parce qu’il a été “l’homme de douleurs” (53. 3), serviteur “obéissant jusqu’à la mort et à la mort de la croix”, “Dieu l’a haut élevé” Philippiens 2. 7-9, l’a fait asseoir à sa droite et a fait et Seigneur et Christ, ce Jésus qui a été crucifiéActes 2. 35-36. Ce passage nous montre aussi le chemin qu’a suivi ici-bas le Seigneur Jésus, chemin de souffrances, mais qui se termine dans la gloire où nous le voyons maintenant par la foiHébreux 2. 9.
Le contraste est saisissant entre l’inexprimable affliction et l’humiliation du serviteur, de “l’homme de douleurs” d’autrefois, et son exaltation future. Beaucoup de nations, des rois même, seront comme commotionnés par la foudre (c’est le sens littéral du mot “étonné”), en considérant sa gloire et son élévation. Cela ne nous fait-il pas penser à Saul de Tarse sur le chemin de DamasActes 9. 3, 4 ? Le verset 15 nous montre que ceux à qui il n’avait pas été annoncé ont vu et que ceux qui n’avaient pas entendu ont compris : il s’agit des nations.
Un autre contraste apparaît aussi entre son rejet, lorsqu’il est “méprisé” (53. 3) et méconnu par son peuple, et son acceptation de la part des nations, par l’ÉvangileRomains 15. 21.
Le prophète prend alors la parole, s’identifiant avec le peuple de Dieu, dans la confession du rejet du Messie.
Mais maintenant le prophète, s’adressant au peuple de l’Éternel, demande tristement : “Qui a cru ?” La grâce avec laquelle “le Christ, le Seigneur” Luc 2. 11 était venu, né à Bethléem et couché dans une crèche, n’avait pas touché le cœur de son peuple. Il était pour eux celui qui venait de Nazareth d’où il ne pouvait rien sortir de bonJean 1. 46. On le laissait seulJean 7. 53, les chefs du peuple le rejetaientJean 8. 59 et cherchaient à le faire mourirJean 11. 53. Il était pourtant le rejeton du tronc d’Isaï (11. 1), et seule la foi pouvait discerner sa gloire. Mais il était venu au milieu d’une génération incrédule et perverseMatthieu 17. 17 et quand furent venus “leur heure et le pouvoir des ténèbres” Luc 22. 53, il connut profondément les outragesLuc 22. 63-65, le méprisLuc 23. 11 et fut mis au rang des iniquesLuc 22. 37.
Entendant la voix de l’Éternel, le résidu reconnaît devant lui et devant les hommes, que le Serviteur était “frappé de Dieu”, non à cause de ses fautes – car il n’en avait commis aucune (verset 9) – mais à cause des transgressions et des iniquités de son peuple. La confession des fidèles porte le sceau de la foi : “Certainement”. Ainsi, le résidu exprime-t-il ici une double certitude :