Le chapitre 51 et les douze premiers versets du chapitre 52 forment un même sujet, qui se divise en sept parties décrivant les progrès du résidu juif pieux, depuis sa détresse jusqu’à l’arrivée à la gloire promise.
Les trois premières parties commencent par une invitation à écouter (51. 1, 4, 7). Les trois suivantes sont introduites par l’appel : “Réveille-toi” (51. 9, 17 ; 52. 1). Enfin, dans la septième division (52. 11, 12), il est dit aux fidèles, d’une manière pressante : “Partez… sortez”.
Le parfait serviteur, celui qui a “écouté l’Éternel” (50. 4, 5), s’adresse à ceux qui sauront l’écouter, parce qu’ils poursuivent la justice et cherchent l’Éternel ; ce sont les caractères du résidu fidèle de la fin, comme des enfants de Dieu aujourd’hui2 Timothée 2. 22. Qu’ils ne soient pas découragés par leur petit nombre : leur foi sera récompensée comme l’a été celle d’Abraham et de Sara, si richement bénis. Car l’Éternel dont la puissance donna à Abraham une riche descendanceGenèse 18. 18 ; 22. 17, changera les lieux déserts de Sion en un Éden, où l’allégresse, la joie et la louange seront trouvées.
L’Éternel réclame maintenant l’attention du peuple qu’il revendique comme sien et il énonce les caractères de son règne. Une loi de paix et de grâce sortira d’auprès de lui (versets 2-4), les peuples seront éclairés par son jugement, ceux qui ont soif de la justice seront rassasiésMatthieu 5. 6, et toutes les nations s’attendront à lui. Les caractères distinctifs de sa justice demeureront au-delà de la disparition des cieux et de la terre actuels2 Pierre 3. 10-13.
Voici le dernier “écoutez-moi”, qui s’adresse non plus à ceux qui poursuivent la justice (verset 1), mais à un peuple qui connaît son Dieu, parce que la loi de l’Éternel est dans son cœur, en accomplissement de la parole prophétiqueJérémie 31. 31-34 ; Hébreux 8. 10, 11. Ce peuple connaîtra alors le Serviteur qui a marché devant lui, lui donnant un vivant exemple (50. 6). Comment redouter alors la puissance de l’homme, que détruiront les plus méprisables et les plus faibles des créatures ?
En conclusion, comme au verset 6, la justice et le salut de Dieu sont associés, contrastant par leur immuable stabilité avec la durée passagère des outrages de l’homme. Telle est aussi notre part2 Corinthiens 4. 17. Nous trouvons maintenant une seconde série d’appels introduits par les mots : “Réveille-toi”, répétés, car l’appel est pressant.
“Réveille-toi… bras de l’Éternel !” Le résidu fait appel à la puissance qui fit sortir Israël d’Égypte, “à bras étendu” Exode 6. 6, et conduisit à travers la mer son peuple racheté. La foi du résidu lui fait considérer sa délivrance encore future, comme déjà accomplie (verset 11) ; la louange et la joie suivent tout naturellement.
En réponse à cet appel, l’Éternel se présente comme le consolateur de son peuple (verset 12), avant de lui rappeler sa puissance (verset 14). Il s’adresse enfin à son serviteur (verset 16) à qui il a donné sa sagesse et son secours pour accomplir l’œuvre du salut de Sion. Alors, il pourra lui dire : “Tu es mon peuple” !
“Réveille-toi… lève-toi, Jérusalem !” C’est d’abord la description de l’abattement de Jérusalem sous la colère de l’Éternel. Elle a bu jusqu’au fond le calice de la coupe d’étourdissement qui lui a enlevé toute force. Ses fils même ne lui sont d’aucun secours, et où trouver une consolation pour ce qui lui est arrivé ? Ses fils sont lassés, comme un animal sauvage qui a vainement tenté de se dégager du filet ; ils éprouvent toute la rigueur de la répréhension de l’Éternel.
Mais, si Jérusalem ne peut compter sur ses propres ressources, il lui reste encore un moyen de salut : son Seigneur, l’Éternel, plaide la cause de son peuple. Écoute, lui dit-il, je connais la raison de ton abattement, mais j’ôte de ta main la coupe qui t’étourdit, tu n’en boiras plus. Tes ennemis qui t’ont affligée et foulée aux pieds, passant sur toi comme si tu n’étais qu’une rue, eux, désormais vont connaître ma colère et mon indignation.
Ce nouvel et double appel à Sion, pour qu’elle se réveille, est suivi d’une exhortation à se revêtir de force. Le jugement est donc bien passé, mais où trouver la force, sinon dans la grâce de Dieu ? Quel contraste donc, avec l’état d’étourdissement et de sujétion duquel Jérusalem est appelée à sortir. Le nom de Sion, associé ici à celui de Jérusalem, rappelle au résidu que l’Éternel a choisi cette ville pour être son habitationPsaume 132. 13, 14, et qu’il a aimé la montagne de SionPsaume 78. 68. C’est à Jérusalem d’agir, maintenant, pour ôter de dessus elle les marques de sa servitude (verset 2). N’avons-nous pas ici comme un écho du cantique de Debora : “Réveille-toi, réveille-toi, Debora ! … lève-toi, Barak” Juges 5. 12 ? Mais c’est d’une délivrance plus grande que celle de l’Égypte et de l’Assyrie qu’il est question ; car maintenant, le peuple de l’Éternel connaîtra son nom. En ce jour-là, est-il écrit, il connaîtra mon nom… que c’est moi-même, qui dis : Me voici ! Ces paroles sont celles d’un Dieu Sauveur ; elles sont familières à tous les rachetés, car ce sont celles par lesquelles le Seigneur Jésus ressuscité s’est fait reconnaître des siens, au jour de sa résurrectionLuc 24. 39.
Combien alors sont beaux, sur les montagnes d’où le résidu attendait son secoursPsaume 121. 1, 2, les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui annonce la paix (verset 7) !
Quelque temps avant, il était dit aux villes de Juda : “Voici votre Dieu !” (40. 9). Maintenant, Sion entend la plus heureuse des nouvelles : “Ton Dieu règne”. N’est-ce pas, en effet, la fin des épreuves ? Le moment est venu où les sentinelles qui attendaient le matinPsaume 130. 5, 6, exulteront en chants de triomphe, car elles verront face à face…
Le rétablissement de Sion est arrivé, la consolation annoncée est là (versets 8, 9), Jérusalem est rachetée. L’Éternel a répondu à la prière du résidu (51. 9) et a mis à nu le bras de sa sainteté aux yeux de toutes les nations, et toute la terre verra comment Dieu a donné le salut à son peuple.
Que reste-t-il donc à faire pour le résidu ? Sortir ! Ici, il lui faut sortir de Babylone (comp. 48. 20), du système religieux corrompu, comme les chrétiens fidèles sont aujourd’hui appelés à se retirer de l’iniquité2 Timothée 19. Mais, quel calme, quelle dignité dans cette sortie ! Il n’y a aucune précipitation ; c’est plutôt une marche triomphale, car l’Éternel ira devant eux et le Dieu d’Israël sera leur arrière-garde.