Rappelons que la deuxième division du livre d’Ésaïe – ch. 13 à 27 – a pour principal sujet les oracles touchant les nations qui ont eu affaire avec Israël.
L’importance de Babylone réside davantage dans ce qu’elle symbolise dans la parole de Dieu, que dans sa puissance et sa réalité historiques. Babylone est la forme hellénisée du nom sémitique “Babel”, qui apparaît peu après le déluge, comme le commencement du royaume de NimrodGenèse 10. 8-10. C’est la première puissance qui domine par sa propre force et fonde un empire où sont manifestés d’abord l’homme qui se rebelle contre Dieu, – Nimrod signifie “rebelle” – et ensuite l’esprit religieux, par l’association des hommes pour s’élever contre Dieu et se faire un nom sur la terre. Ce projet aboutit au jugement et à la dispersion de l’humanité, les desseins de l’homme opposé à Dieu ne pouvant qu’entraîner désordre et confusion, comme l’exprime le nom de Babel (confusion).
La Babylone historique apparaît sous Nebucadnetsar après s’être libérée de la tutelle assyrienne. Elle est alors, dans la main de Dieu, l’instrument du châtiment de Juda. Dans le songe de NebucadnetsarDaniel 2. 31-45, une grande statue, composée de quatre matériaux différents, représente les quatre empires auxquels Dieu confiera successivement le gouvernement du monde, après la faillite de la royauté à Jérusalem. La tête d’or est l’empire babylonien, que caractérisent son orgueil et son idolâtrieJérémie 50. 31-38 ; sa cruauté et sa violenceHabakuk 1. 6-9 ; et son élévation contre le Seigneur des cieuxDaniel 5. 23. Tous ces empires d’ailleurs, quels que soient leurs traits respectifs, présentent des caractères semblables, car la statue est une.
Dans l’avenir, Babylone la grandeDaniel 4. 27 est le nom donné symboliquement à la femme assise sur une bête écarlateApocalypse 17. 5. Elle représente alors la puissance religieuse apostate issue du christianisme, qui aura pour un temps la suprématie sur tous les rois de la terre après les avoir aidés à établir leur puissance, avant d’être détruite par eux. Précisons que cette ville, installée sur les sept montagnes qui désignent RomeApocalypse 17. 9, n’est pas la Babylone historique : ce qui est en vue est son caractère moral corrompu et corrupteur et aussi tyrannique. Sa chute définitive et son jugement, causes de deuil pour ceux qu’elle aura enrichis, sera un sujet de joie et de louanges dans le ciel. Cette chute précédera les “noces de l’Agneau” Apocalypse 18 ; 19. 1-10.
Avant d’exposer les grandes lignes de l’oracle touchant Babylone, nous rappellerons “qu’aucune prophétie de l’écriture ne s’interprète elle-même” 2 Pierre 1. 20, c’est-à-dire que l’accomplissement historique d’un événement annoncé par la prophétie, n’en constitue pas la seule explication. Il peut y avoir eu un accomplissement partiel, comme nous le verrons au sujet de Babylone, mais l’objet final de la prophétie est toujours l’établissement du règne de Christ.
La difficulté pour comprendre cet oracle réside dans le fait que Babylone y est vue surtout en relation avec les événements futurs : il est question, en effet, du jour de l’Éternel (13. 6, 9) 1. Le jugement de la ville historique par les Mèdes est effectivement annoncé (versets 17-22), mais il préfigure essentiellement le jugement qui va atteindre le système politico-religieux dont Babylone est le type.
Nous trouvons dans ces versets la confusion (Babel) des peuples, le tumulte des nations rassemblées… une milice de guerre… l’instrument de l’indignation de l’Éternel pour détruire tout le pays. Car c’est la terre d’Israël qui sera le théâtre de toutes ces destructions. Qu’adviendra-t-il des fidèles, au milieu des terribles événements annoncés ? Comme le but de ces jugements est la délivrance des saints et l’établissement du règne de Christ, le Seigneur prendra soin d’eux, il élèvera un étendard pour rassembler ses “saints” (13. 3) et les séparera du peuple apostat qui sera frappé avec les nations. De plus, ces jours seront abrégés à cause des élusMatthieu 24. 22.
Ces événements, nous le savons, auront lieu après la venue du Seigneur Jésus pour enlever les siens, selon 1 Thessaloniciens 4. 15-17, mettant fin ainsi à l’évangile de la grâce. Ensuite viendront les jugements sur “ceux qui habitent sur la terre” et c’est pourquoi nous lisons que les pécheurs seront exterminés (verset 9). En ce jour de l’Éternel (versets 9-16), la terre sera désolée, les autorités détruites, la violence et la mort régneront sans retenue.
Les versets 17 à 22 nous montrent le jugement de la Babylone historique, prise et ruinée par les Mèdes, dépeints comme des conquérants implacablesDaniel 5. 30 ; 6. 1. Au temps où Ésaïe prononçait cette prophétie, ce jugement était près d’arriver ; de nos jours, la Babylone historique n’est que ruines.