Les chapitres 36 à 39 d’Ésaïe relatent des épisodes si remarquables de la vie du roi Ézéchias, que le Saint Esprit a jugé bon de les exposer aussi au deuxième livre des Rois (chapitre 18-20), et au deuxième livre des Chroniques (chapitre 32). Nous essaierons de relever brièvement les principaux enseignements moraux, pratiques et prophétiques du récit du livre du prophète Ésaïe.
Dès son avènement, Ézéchias s’était attaché à rétablir le culte de l’Éternel dans son royaume et à détruire les idoles. Or, “après ces choses et cette fidélité” 2 Chroniques 32. 1, l’Éternel éprouve la foi de son fidèle serviteur : il permet que le roi d’Assyrie pénètre en Judée et menace Jérusalem par une armée conduite par le Rab-Shaké. Celui-ci se tient près de l’aqueduc de l’étang supérieur pour adresser ses menaces aux envoyés d’Ézéchias au lieu même où Ésaïe avait apporté à Achaz les promesses de délivrance de l’Éternel (7. 3-9). Ce n’est pas une simple coïncidence, mais plutôt un encouragement de l’Éternel à Ézéchias, au moment où Dieu juge nécessaire d’éprouver sa foi1 Pierre 1. 5-7.
Par des paroles orgueilleuses, par des moqueries, par des menaces, le Rab-Shaké s’adresse d’abord aux envoyés du roi. Il prétend même venir de la part de l’Éternel (verset 10), ce qui était particulièrement éprouvant pour Ézéchias qui avait bien conscience que l’état du peuple méritait un tel jugement (37. 3). Mais le roi discerne la pensée de Dieu en intercédant pour le résidu (37. 4). L’ennemi essaie ensuite de décourager les habitants de Jérusalem, les invite à faire la paix avec lui, leur promet la prospérité… dans la déportation (verset 17) !
Mais ce pays, que le Rab-Shaké estime comparable à la terre d’Israël, n’en est qu’une contrefaçon ; il lui manque l’essentiel : l’Éternel n’a pas continuellement les yeux sur luiDeutéronome 11. 12. Le dessein de l’ennemi apparaît clairement : il s’agit de faire retourner le peuple de Dieu à son état d’origine, dans le pays d’Aram où “il périssait” Deutéronome 26. 5. De même aujourd’hui le but de Satan est de donner aux enfants de Dieu une religion terrestre, en occupant leurs cœurs du monde, pour qu’ils oublient qu’ils sont du cielColossiens 3. 1-3.
Le discours du Rab-Shaké ne rencontre que le silence, selon le commandement du roi, car les insultes et les railleries de l’ennemi s’adressaient non seulement à Ézéchias et à son peuple, mais d’abord et surtout à l’Éternel (37. 6). Il convenait donc de laisser celui-ci répondre. Ainsi, Jérusalem attend le salut de l’Éternel dans le silenceLamentations de Jérémie 3. 26, mais aussi dans l’humiliation (verset 22), car elle est sous la discipline. Nous verrons au chapitre suivant comment Ézéchias exprime ce sentiment et fait appel à la miséricorde de Dieu pour la délivrance.
Ézéchias représente le résidu fidèle à cause duquel l’Éternel préservera Jérusalem en un temps à venir. Devant la menace assyrienne, il reconnaît sa détresse, sa faiblesse et la nécessité de la discipline de Dieu (37. 3-4). De plus, il réalise que c’est Dieu qui d’abord est outragé par les paroles du Rab-Shaké. Il envoie donc ses serviteurs vers Ésaïe qui, aussitôt, leur annonce la délivrance de l’Éternel.
Une première étape de cette délivrance a lieu lorsque le Rab-Shaké doit s’éloigner pour aider le roi d’Assyrie. Ce dernier adresse une lettre de menaces à Ézéchias. Cette lettre, nouvelle épreuve de la foi d’Ézéchias, l’amène personnellement, et non plus par l’intermédiaire d’Ésaïe, dans la présence de l’Éternel : il lui remet la lettre et lui laisse le soin d’y répondre. Dans une fervente prière, il exalte d’abord la grandeur du Dieu d’Israël qu’il nomme “le Même”, titre éternel de gloire du Seigneur JésusPsaume 102. 28. Il reconnaît ensuite le bien-fondé de certaines affirmations du roi d’Assyrie et s’en remet enfin au Dieu d’Israël pour qu’il se glorifie en délivrant les siens. Qu’il agisse et relève sa gloire.
C’est Ésaïe qui rapporte la parole de l’Éternel contre Sankhérib : ce n’est même pas aux combattants, si insignifiants aux yeux du roi d’Assyrie (36. 8, 9), de manifester leur mépris pour ce dernier. La vierge, fille de Sion, représentant à la fois la faiblesse du résidu et le prix qu’il a pour le Seigneur, se moque maintenant de Sankhérib, anticipant le temps où celui qui habite dans les cieux se rira de ses ennemisPsaume 2. 4.
L’orgueil et la folie de l’Assyrien sont mis en lumière. Dans son égarement, il s’imaginait avoir détruit des villes fortes par sa seule puissance, oubliant qu’il n’était qu’un outil dans la main de Dieu (verset 26). Ses pensées secrètes sont découvertes : c’est dans sa rage contre l’Éternel qu’il agissait (verset 29) ; c’est pourquoi il sera détruit. Certes, la pleine bénédiction d’Israël ne suivra pas immédiatement la disparition de l’ennemi. Trois ans devront s’écouler avant qu’ils puissent moissonner (versets 30-32). Mais dès maintenant, Dieu va protéger et sauver Jérusalem, à cause de lui-même et à cause de David, type de Christ qui régnera en un temps à venir, car la prophétie envisage toujours l’établissement du royaume de Christ.
La destruction de l’armée assyrienne et la mort de Sankhérib sont donc une description et un accomplissement prophétiques de ce qui arrivera à la fin des temps, quand l’ennemi du peuple de Dieu sera anéanti devant Jérusalem.
Pour nous, ce récit illustre les expériences de la foi, ses combats par la prière et enfin la délivrance et la manifestation de la gloire de Dieu.
Il est aussi un précieux encouragement à exposer en toutes choses nos requêtes à Dieu, par des prières et des supplications, avec des actions de grâcesPhilippiens 4. 6.