Ce chapitre continue le tableau prophétique du roi qui régnera en Sion, la montagne de la grâce. David vient de manifester toute sa bonté envers un descendant de Saül. La grâce royale doit maintenant franchir les limites du peuple d’Israël, pour être offerte à tous. Le salut doit aller jusqu’aux bouts de la terre, même en faveur de nations maudites comme les fils d’Ammon et les MoabitesDeutéronome 23. 4-6. “Faire miséricorde à tous”, tel est le propos de DieuRomains 11. 32. Si certains refusent et méprisent cette grâce, leur juste jugement n’en sera que plus sévère.
Historiquement, le récit poursuit les relations d’Israël avec ses ennemis, les fils d’Ammon et la Syrie. Leur assujettissement momentané (8. 12) est suivi par d’autres conflits relatés maintenant (versets 6-19), dont l’issue sera rapportée plus loin (12. 26-31).
Nakhash, roi des Ammonites, vient de mourir. La Parole a déjà montré son hostilité cruelle à l’encontre des habitants de Jabès de Galaad, de la tribu de Gad. Il aurait accepté de s’allier avec eux, s’il crevait l’œil droit à tous, jetant ainsi l’opprobre sur tout Israël1 Samuel 11. 1, 2.
Mais David n’oublie pas que Nakash avait usé de bonté envers lui dans une circonstance antérieure. Certainement, Dieu enregistre tout ce qui est fait pour les siens, et ne reste jamais débiteur de personne. Aussi, malgré tout le mal que les fils d’Ammon avaient fait à Israël, David se devait de manifester son esprit de grâce envers Hanun, à l’occasion de la mort de son père.
David ne lui envoie ni présents, ni richesses, mais des consolateurs, ce qui était beaucoup plus précieux. Sa démarche ne manifeste aucune flatterie, et ne cache pas de motifs détournés, contrairement à l’accusation qui lui sera faite. David désirait simplement réconforter le cœur de Hanun, et lui témoigner de la sympathie. Aujourd’hui encore, la grâce du Seigneur, le divin David, est offerte à tous.
Mais pouvait-il y avoir des relations quelconques entre le peuple de Dieu et ses ennemis ? Déjà, au temps de son rejet, David avait cherché un refuge en Moab pour sa famille1 Samuel 22. 3. Le nom même de Nakhash, qui signifie “serpent”, montre le danger subtil de telles relations. La suite du récit montre la pertinence de la déclaration du prophète : “Si l’on use de grâce envers le méchant, il n’apprend pas la justice” Ésaïe 26. 10.
Hanun, ce nouveau roi des Ammonites, n’est pas disposé à recevoir la grâce ; il est de plus mal conseillé par son entourage. Il se montre méfiant, il impute le mal, et ne comprend pas que David puisse oublier l’animosité de ses ennemis et lui envoyer des consolations.
Non seulement, Hanun refuse le témoignage de réconfort de David, mais il outrage et ridiculise ses messagers ; dans la honte, ceux-ci doivent attendre à Jéricho d’avoir recouvré leur dignité d’homme, avant de revenir à Jérusalem.
Durant le temps de la patience de Dieu, la grâce est encore présentée à tous. Mais les ambassadeurs de Christ sont souvent l’objet de moqueries et de mépris de la part du monde.
L’attitude des fils d’Ammon provoque l’indignation de David. Ils avaient, en quelque sorte, outragé l’Esprit de grâceHébreux 10. 29. Après avoir donné libre cours à ses mauvais instincts, leur roi a le pressentiment des graves conséquences de sa conduite. Sans chercher à apaiser la colère de David, il se prépare à s’opposer à lui par la violence, en prenant à sa solde les armées syriennes. Après avoir résisté à la grâce, il va donc maintenant résister au jugement.
Ainsi, de tout temps, les nations s’agitent, les peuples méditent la vanité, les princes consultent ensemblePsaume 2. 2. Nous voyons de nos jours l’inimitié du monde contre Dieu venir à maturité. Mais bientôt s’exercera la vengeance contre ceux qui n’obéissent pas à l’évangile de notre Seigneur Jésus Christ2 Thessaloniciens 1. 8, 9. David avait-il besoin de repos, ou était-il déjà lassé des combats ? Son manque d’énergie manifeste probablement le commencement d’un déclin moral. Abandonnant personnellement la lutte, il confie à Joab le commandement de l’armée d’Israël. En bon stratège, Joab dresse un plan de bataille habile et efficace, qui ne faisait appel qu’à sa propre sagesse ; accessoirement, il ajoute cette requête : “Que l’Éternel fasse ce qui est bon à ses yeux” (verset 12). Telle est la devise du monde, teintée de superstition et de fatalisme : “Aide-toi et le ciel t’aidera”. La piété apparente de Joab ne dépassait guère cette devise ! Par contre, la foi qui compte sur Dieu peut dire : “Par toi, je courrai au travers d’une troupe, et par mon Dieu, je franchirai une muraille” Psaume 18. 30.
Joab repousse les ennemis, mais ne parvient pas à les détruire. La victoire est partielle, et les forces de l’adversaire restent intactes. Un exercice spirituel superficiel, sans engagement sérieux du cœur et de la conscience, ne peut jamais aboutir à un triomphe décisif sur Satan.
Les Syriens se réorganisent. Avec le renfort d’autres puissances, ils montent à nouveau contre Israël. Mais cette fois-ci, David lui-même rassemble le peuple et part pour le combat. Son énergie et sa piété surpassent de loin celles de Joab. La confrontation a lieu à Hélam1. Maintenant, la victoire est complète, l’ennemi est battu et asservi à Israël, et le chef de l’armée est tué. Sept cents chars et quarante mille cavaliers sont détruits. Cette alliance historique des ennemis contre Israël annonce prophétiquement celle d’Hérode et de Ponce Pilate contre ChristActes 4. 26, 27. C’est aussi l’image par anticipation du combat final du Roi des rois et du Seigneur des seigneurs contre les rois de la terre assemblés pour le combatApocalypse 19. 17-21. Le récit met un terme aux hostilités avec les rois régnant à l’ouest de l’Euphrate et qui servaient Hadarézer. Il restait encore à détruire les fils d’Ammon. Leur jugement est imminent (11. 1, 26-31). Mais auparavant, David va connaître la chute qui va transformer sa vie et celle de sa famille.