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Le second livre de Samuel
Sondez les Écritures - 3e année

2 Samuel 1

L’avènement du royaume de David

1. La mort de Saül et de Jonathan

David apprend la mort de Saül : versets 1-10

David avait remporté une grande victoire sur Amalek et recueilli un grand butin. Pour autant, il ne manifeste ni confiance en lui-même, ni esprit d’initiative. Il s’interrogeait certainement sur l’issue de la bataille entre Israël, conduit par Saül, et les Philistins ; mais il a la patience d’attendre, ce que n’avait pas su faire Saül1 Samuel 13. 8, 9.

David n’apprend pas la mort de Saül par un rescapé du combat, mais par celui qui se disait être le propre meurtrier du roi, un Amalékite. Trois jours après la défaite d’Israël et la victoire de David, ce messager arrive à Tsiklag pour l’informer d’une manière mensongère. Mais David ne se laisse pas tromper. Notons la tactique de Satan. Après une éclatante victoire remportée sur lui, le croyant peut se faire circonvenir par cet ennemi rusé qui se présente comme un allié.

Cet homme Amalékite vient avec toutes les apparences de la sympathie (ses vêtements déchirés et de la terre sur la tête) pour se prosterner devant David et lui annoncer la défaite d’Israël. Mais le message de l’Amalékite contenait un détail essentiel qui était censé être une bonne nouvelle pour David : la mort de Saül, son ennemi, le dernier obstacle pour son accession au trône. Bien que ne connaissant pas cet homme, David fait preuve d’une grande prudence. Les honneurs et les marques de faveur (la couronne et le bracelet) ne font pas fléchir son jugement. Il pose à l’homme cinq questions simples, mais pertinentes. Ceux qui ont les sens exercés à discerner le bien et le mal se méfient de l’adversaire et s’enquièrent, afin que tout soit amené à la lumière. Combien de fois le Seigneur n’a-t-il pas fermé la bouche à ses détracteurs par une question pertinente !

Le messager se présentait donc comme quelqu’un de neutre, étranger au combat, de passage sur les lieux “par aventure”. Pourquoi cet inconnu était-il donc au courant avant tous les autres de la mort du roi Saül ? Celui-ci, répond-il, avait été blessé par les archers et s’appuyait sur sa lance (verset 6). Après sa “chute” (verset 10) c’est-à-dire sa “défaite”, il s’était rendu compte qu’il était blessé à mort et avait demandé à être achevé. La Parole elle-même contredit le récit de l’Amalékite pour le convaincre de mensonge1 Samuel 31. 3, 4. Devant la menace des archers (et non des chars et des gens de cheval), Saül s’était jeté lui-même sur son épée, et n’avait pas demandé à l’Amalékite de le mettre à mort.

En fait, l’Amalékite se glorifiait devant David du meurtre de Saül dans l’espérance de recevoir une récompense. Il voulait surtout amener David à recevoir de sa propre main la couronne de Saül.

La douleur de David et le jugement du meurtrier : versets 11-16

David est profondément affligé par la nouvelle de la mort de Saül ; il réalise pleinement ce que Salomon écrira plus tard : “Si ton ennemi tombe, ne te réjouis pas” Proverbes 24. 17. Même les compagnons de David comprennent sa peine et partagent sa douleur. Il ne nourrissait ni rancune ni aucune pensée de vengeance. Pour lui, il s’agissait de la perte de Saül, de Jonathan et de la défaite du peuple de l’Éternel.

David ici nous sert d’exemple et aura servi d’exemple à tous les vrais chrétiens persécutés dans les siècles passés. A son image, soyons gardés de toute pensée de jugement ou de désir de vengeance ; menons plutôt deuil et pleurons sur le triste état actuel de la chrétienté.

David se tourne alors vers cet Amalékite et continue de l’interroger. Après les trois premières questions : “d’où viens-tu ?” (verset 3), “que s’est-il passé ?” (verset 4) et : “comment sais-tu ?” (verset 5), David lui demande : “d’où es-tu ?” (verset 13) et “comment n’as-tu pas craint ?” (verset 14). Descendant d’une race ennemie du peuple élu, cet homme était complètement ignorant des pensées de Dieu. Il serait jugé par ses propres paroles, s’étant glorifié d’avoir mis à mort “l’oint de l’Éternel”. David souligne la gravité de ce crime et décrète le jugement immédiat du meurtrier (versets 15, 16). Il pouvait y avoir miséricorde pour le peuple infidèle, mais pas pour l’émissaire de Satan.

David recevrait-il la couronne de la part de cette race ennemie depuis toujours ? Non, il ne pouvait accepter le royaume que de la part de l’Éternel qui l’avait oint. Le Prince des rois de la terre, lui non plus, n’a pas accepté l’autorité ni la gloire de la part de Satan, lors de la tentation au désertLuc 4. 6, mais uniquement par le décret divin : “Demande-moi et je te donnerai les nations pour héritage et pour ta possession les bouts de la terre” Psaume 2. 8.

Le chant de l’Arc : versets 17-27

C’est une complainte de toute beauté, empreinte de pensées élevées et de sentiments profonds. Elle devait être écrite à l’intention des fils de Juda (sur lesquels David régnera au début) dans le livre de Jashar (ou du juste) qui contenait déjà le récit de la victoire de Josué contre les AmoréensJosué 10. 13. Là, par un acte de puissance souveraine, Dieu avait arrêté le soleil. Maintenant, sa miséricorde insondable allait être exaltée, ainsi que la douceur de ses compassions.

Saül avait été vaincu, car les archers de la tribu de Benjamin s’étaient ralliés à David1 Chroniques 12. 1-8. L’arc, emblème de la force, lui avait donc fait totalement défaut. L’Esprit de Dieu veut rappeler cette nécessité absolue de la force acquise dans la dépendance de Dieu pour celui qui doit combattre1. Une formation est nécessaire pour maîtriser le maniement de l’arcPsaume 18. 34, cette arme qui tient l’ennemi en respect et à distance.

“Comment les hommes forts sont-ils tombés !” A la manière d’un refrain, cette exclamation revient trois fois, (versets 19, 25, 27), à chacune des trois strophes de ce cantique.

Première strophe : versets 19-21

La douleur, le dépit et la honte se mêlent pour désirer que cette triste nouvelle soit cachée dans les villes de Philistie où était conservé le souvenir des danses qui avaient célébré les victoires passées : “Saül a frappé ses mille et David ses dix mille” 1 Samuel 29. 5. Guilboa, le lieu de la défaite présente, est poétiquement personnifié, rendu responsable et voué à la malédiction.

Deuxième strophe : versets 22-25

C’est l’éloge de ceux qui sont tombés, exprimé en un tendre et affectueux souvenir. Saül, le pire ennemi de David et Jonathan, son plus cher ami, sont morts ensemble dans la bataille et sont honorés ensemble. Tout exprime la bienveillance, la bonté, la fidélité du cœur de David. Seul, le passé glorieux est retenu (versets 22, 23) et les heureuses conséquences des victoires (verset 24). Aucune trace de rancune ni de ressentiment n’apparaît. C’est le triomphe de la grâce surabondante sur le mal. Paul, bien que persécuté par les Juifs, ses frères selon la chair, avait une grande tristesse et une douleur continuelle en pensant à leur perditionRomains 9. 1-3.

Troisième strophe : versets 26-27

C’est un merveilleux final avant le dernier refrain. L’évocation de l’amour pur et désintéressé de Jonathan bouleverse le cœur de David. Aucune femme ne l’avait aimé à ce point. Il ne se souvient que de l’attachement de Jonathan, même si celui-ci a montré ses limites.

Que le chant de l’Arc nous instruise ; nous y trouvons quelque chose de la douceur et de la débonnaireté de Christ qui a oublié les faiblesses de ses disciples pour parler du secours qu’ils lui avaient apportéLuc 22. 28.

Notes

1Les fils d’Éphraïm, remplis d’orgueil, ont tourné le dos au jour du combat, malgré leurs armes et leurs arcs (Psaume 78. 9). De toute façon, c’est Dieu qui dirige les flèches, même celles des ennemis (2 Chroniques 18. 33)

2 Samuel 1

1Et il arriva, après la mort de Saül, quand David fut revenu d’avoir frappé Amalek, que David habita deux jours à Tsiklag. 2Et, le troisième jour, voici, un homme vint du camp, d’auprès de Saül, ses vêtements déchirés et de la terre sur sa tête ; et aussitôt qu’il arriva auprès de David, il tomba contre terre et se prosterna. 3Et David lui dit : D’où viens-tu ? Et il lui dit : Je me suis échappé du camp d’Israël. 4Et David lui dit : Que s’est-il passé ? raconte-le-moi, je te prie. Et il dit que le peuple s’était enfui de la bataille, et que beaucoup d’entre le peuple étaient tombés et étaient morts, et que Saül aussi et Jonathan, son fils, étaient morts. 5Et David dit au jeune homme qui lui racontait [ces choses] : Comment sais-tu que Saül et Jonathan, son fils, sont morts ? 6Et le jeune homme qui lui rapportait [ces choses] dit : Je passais par aventure sur la montagne de Guilboa ; et voici, Saül s’appuyait sur sa lance, et voici, les chars et les gens de cheval le serraient de près. 7Et il se tourna en arrière et me vit, et m’appela ; et je dis : Me voici. 8Et il me dit : Qui es-tu ? Et je lui dis : Je suis Amalékite. 9Et il me dit : Tiens-toi, je te prie, sur moi, et tue-moi, car l’angoissea m’a saisi, parce que ma vie est encore toute en moi. 10Alors je me suis tenu sur lui, et je l’ai mis à mort ; car je savais qu’il ne vivrait pas après sa chute ; et j’ai pris la couronne qui était sur sa tête et le bracelet qui était à son bras, et je les ai apportés ici à mon seigneur. 11Alors David saisit ses vêtements et les déchira ; et tous les hommes qui étaient avec lui [firent] de même ; 12et ils menèrent deuil, et pleurèrent, et jeûnèrent jusqu’au soir sur Saül et sur Jonathan, son fils, et sur le peuple de l’Éternel, et sur la maison d’Israël, parce qu’ils étaient tombés par l’épée.

13Et David dit au jeune homme qui lui avait rapporté [ces choses] : D’où es-tu ? Et il dit : Je suis fils d’un homme étranger, d’un Amalékite. 14Et David lui dit : Comment n’as-tu pas craint d’étendre ta main pour tuerb l’oint de l’Éternel ? 15Alors David appela un des jeunes hommes et [lui] dit : Approche [et] jette-toi sur lui ! Et il le frappa, et il mourut. 16Et David lui dit : Ton sang soit sur ta tête, car ta bouche a témoigné contre toi, disant : J’ai mis à mort l’oint de l’Éternel.

17Et David prononça sur Saül et sur Jonathan, son fils, cette complainte ; 18et il dit d’enseigner aux fils de Juda [le chant de] l’Arcc ; voici, il est écrit au livre de Jashard :

19Ton ornement, ô Israël, est tué sur tes hauts lieux. Comment les hommes forts sont-ils tombés !

20Ne le racontez pas dans Gath, n’en portez pas la nouvelle dans les rues d’Askalon ; de peur que les filles des Philistins ne se réjouissent, de peur que les filles des incirconcis ne tressaillent de joie.

21Montagnes de Guilboa, qu’il n’y ait pas de rosée, pas de pluie sur vous, ni des champs d’offrandese ; car là fut jeté comme une chose souillée le bouclier des hommes forts, le bouclier de Saül, [comme s’il n’avait] pas été oint d’huile.

22L’arc de Jonathan ne se retirait pas du sang des tués [et] de la graisse des hommes forts ; et l’épée de Saül ne retournait pas à vide.

23Saül et Jonathan, aimés et agréables dans leur vie, n’ont pas été séparés dans leur mort. Ils étaient plus rapides que les aigles, plus forts que les lions.

24Filles d’Israël, pleurez sur Saül, qui vous revêtait d’écarlate, magnifiquementf, qui a couvert vos vêtements d’ornements d’or.

25Comment les hommes forts sont-ils tombés au milieu de la bataille ! Comment Jonathan a-t-il été tué sur tes hauts lieux !

26Je suis dans l’angoisse à cause de toi, Jonathan, mon frère ! Tu étais pour moi plein de charmes ; ton amour pour moi était merveilleux, plus [grand] que l’amour des femmes.

27Comment sont tombés les hommes forts, et ont péris les instruments de guerre !

Notes

ale sens du mot est incertain.
bhéb. : détruire.
cou : [à tirer de] l’arc.
dqqs. : du Juste (droit) .
ec.-à-d. : qui produisent de quoi faire des offrandes.
fou : avec délices.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)