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Le second livre de Samuel
Sondez les Écritures - 3e année

2 Samuel 24

Le mont Morija et la grâce

6. Le mont Morija et la grâce

Ce dernier récit du livre montre d’une manière saisissante comment s’exercent successivement la discipline et la grâce divines, et comment la colère fait place à la bénédiction : “Il y a un moment dans sa colère, il y a une vie dans sa faveur” Psaume 30. 6. La scène se termine par une révélation merveilleuse de l’œuvre de la rédemption.

Le dénombrement

Par suite de quelque péché dont Israël s’était rendu coupable, la colère divine s’embrase contre lui. Comme le précise le livre des Chroniques, Dieu permet à Satan de tenter le roi David1 (verset 1) 1 Chroniques 21. 1.

David décide donc de dénombrer son peuple. On peut se demander en quoi un tel dénombrement était si grave. Mais tout dépend de l’intention du cœur. A plusieurs reprises, le peuple avait déjà été dénombré :

  • pour recueillir l’argent consacré au sanctuaireExode 38. 25 ;
  • pour recenser les moyens dont disposait le peuple pour combattre les combats de l’ÉternelNombres 1. 2, 3 ;
  • soit, enfin, en vue du partage de l’héritage promisNombres 26. 51. Mais Dieu avait commandé ces dénombrements dans un but précis.

Ici, le mobile de David est tout autre : “afin que je sache le nombre du peuple” (verset 2). Son succès avait été grand dans le monde d’alentour : son empire était devenu puissant. Il veut connaître la puissance de son armée, pour en tirer une gloire personnelle. Après avoir succombé à la convoitise des yeux et de la chair dans l’affaire de Bath-Shéba, voilà David atteint par l’orgueil de la vie1 Jean 2. 16.

Quelle honte pour David de se faire reprendre par Joab, complètement étranger à la crainte de l’Éternel. La parole du roi est pour lui une abomination1 Chroniques 21. 6, car il ne voyait aucun intérêt à mépriser Dieu dans l’affaire. Beaucoup de gens, sans engagement de cœur, pensent qu’il vaut mieux avoir Dieu pour soi que contre soi. Mais le bon sens de l’homme naturel ne peut rien contre la volonté de Dieu en châtiment, ni contre les ruses de Satan. En définitive, la voix de David est la plus forte, et pendant neuf mois et vingt jours son péché se poursuit jusqu’à son terme. Beaucoup de peine est dépensée pour un résultat d’ailleurs incomplet, car ni Lévi ni Benjamin ne sont dénombrés1 Chroniques 21. 6.

Le gouvernement de Dieu : versets 10-17

Le résultat du dénombrement ne réjouit pas le cœur de David, mais au contraire le remplit d’amertume. Le fruit de nos péchés nous déçoit toujours. Si Satan cherche à nous séduire avant la chute, il ne nous cache pas après les conséquences de nos folies, mais plutôt les exagère pour nous accabler. Mais lorsque la vie divine est là, la conscience se réveille pour nous amener devant Dieu.

Spontanément, David, repris dans son cœur, confesse sa faute à l’Éternel, sans chercher d’excuses : “J’ai gravement péché… j’ai agi très follement” (verset 10). Il n’en avait pas été ainsi dans l’affaire de Bath-Shéba. David s’humilie sous la puissante main de Dieu, non à cause du châtiment qui doit l’atteindre mais à cause du péché lui-même. C’est pourquoi Dieu lui envoie Gad le prophète.

Après la confession du péché, la grâce peut pardonner, mais la discipline reste nécessaire. Il faut que David apprenne, une fois de plus, que ce qu’un homme sème, il le moissonnera inévitablement de la main de Dieu.

L’attitude de soumission de David devant les divers châtiments proposés par le prophète de la part de Dieu (verset 13) est déjà un sûr indice de son relèvement moral. Il ne voulait tomber ni dans les calamités aveugles de la nature (la famine) ni dans les mains des hommes (les ennemis) mais dans celles de l’Éternel dont il connaissait la miséricorde. Son péché avait été grand (verset 10), sa détresse maintenant était grande (verset 14), mais les compassions de l’Éternel aussi étaient grandes (verset 14) : “Elles sont nouvelles chaque matin”, et “ce n’est pas volontiers qu’il afflige et contriste les fils des hommes” Lamentations de Jérémie 3. 23, 33.

Dieu envoie donc la peste en Israël, l’un des quatre jugements désastreux de l’ÉternelÉzéchiel 14. 21 ; et le fléau va suivre le même chemin que les messagers du roi, qui avaient dénombré le peuple : de Dan à Beër-Shéba, (versets 2 et 15), et cela jusqu’au temps assigné. L’ordre royal du dénombrement était parti de Jérusalem, et c’est à Jérusalem que la plaie s’arrête. Mais ce n’est pas à cause du repentir de David, mais à cause d’un autre déroulement des voies de Dieu (verset 16).

La grâce pouvait-elle être plus glorieuse si ce n’est en s’exerçant sur un Jébusien appartenant à une race ennemi et maudite (5. 6) ? Mais Arauna montre qu’il était déjà touché par la grâce de Dieu et qu’il s’associait de cœur avec son peuple.

David revendique pour lui seul et sa maison la responsabilité du jugement ; puis il intercède pour le peuple : “ces brebis, qu’ont-elles fait ?” (verset 17) 2. Il est à nouveau le bon berger d’Israël, type du Seigneur. Mais si David avait conscience d’être pleinement coupable, le Sauveur, Lui, était innocent ; en donnant sa vie pour ses brebis, il s’offrait volontairement pour porter les péchés des élus.

Le fondement de la grâce : versets 18-25

Cette scène merveilleuse se complète par l’offrande d’un sacrifice offert sur l’autel (verset 25). La miséricorde divine en face du jugement ne peut s’exercer que sur la base du sacrifice expiatoire de Christ à la croix.

Le mont Morija, lieu désigné à Abraham pour l’offrande de son fils uniqueGenèse 22. 2, l’aire d’Arauna le Jébusien et l’emplacement du temple de Salomon2 Chroniques 3. 1, 2 sont un seul et même lieu. Quel site extraordinaire, unique ! là où la victime innocente a été immolée, c’est là même que la grâce arrête la plaie. Le lieu de la substitution devient celui de la propitiation.

Bien des siècles plus tard, et en un lieu tout proche, Golgotha, Dieu se pourvoira de l’Agneau du sacrifice expiatoire qui ôte le péché du mondeJean 1. 29.

Arauna, le Jébusien, dans un esprit de générosité et de respect pour le roi, veut tout offrir. Mais le sacrifice présenté par David, pour lui même et pour tout le peuple, devait être payé de son plein prix. David s’en charge seul pour le compte de tous ; en cela il est un beau type du Seigneur qui a seul acquitté le salaire du péché.

L’autel de Moïse et le tabernacle étaient encore à Gabaon1 Chroniques 21. 29. Un autre lieu de témoignage et de culte est maintenant établi, Sion, la montagne de la grâce royale, choisie par l’Éternel pour son habitationPsaume 132. 13.

Le feu des cieux descend sur l’holocauste pour le consumer1 Chroniques 21. 26. De même, un jour, le jugement divin est tombé sur la sainte victime. Mais ce feu était aussi le signe de l’approbation du sacrificeJuges 6. 21.

Ainsi, le mont Morija, lieu du sacrifice et du jugement, devient le lieu de la miséricorde divine et de la rencontre éternelle de tous les rachetés avec leur Dieu.

Conclusion

A l’occasion d’une circonstance historique, l’Écriture met en valeur la profondeur des richesses et de la sagesse de Dieu. Quel moyen magnifique qui permet la rencontre de la bonté et de la vérité, de la justice et de la paix sans altérer le caractère d’aucune d’ellesPsaume 85. 11.

Le Fils de Dieu, son sacrifice expiatoire et sa mort accomplie à Jérusalem, forment la base de toutes les bénédictions terrestres et célestes ; c’est le fondement sur lequel est bâtie l’Église, aimée du SeigneurMatthieu 16. 16, 18 ; 1 Pierre 2. 6.

Ainsi le livre s’achève sur un nouveau et dernier triomphe de la grâce.

Notes

1L’histoire de Job est une autre illustration de cette action de Satan permise par Dieu. De même, plus tard, Dieu donne une écharde à Paul qui la désigne comme “un ange de Satan pour me souffleter” (2 Corinthiens 12. 7).
2Quoique dans d’autres circonstances, nous retrouvons ces mêmes admirables sentiments chez Moïse (Exode 32. 32) et chez l’apôtre Paul (Romains 9. 3).

2 Samuel 24

1Et la colère de l’Éternel s’embrasa de nouveau contre Israël ; et il incita David contre eux, disant : Va, dénombre Israël et Juda. 2Et le roi dit à Joab, chef de l’armée, qui était avec lui : Parcours, je te prie, toutes les tribus d’Israël depuis Dan jusqu’à Beër-Shéba, et qu’on dénombre le peuple, afin que je sache le nombre du peuple. 3Et Joab dit au roi : Que l’Éternel, ton Dieu, ajoute au peuple 100 fois autant qu’il y en a, et que les yeux du roi, mon seigneur, le voient ! Mais pourquoi le roi, mon seigneur, prend-il plaisir à cela ? 4Mais la parole du roi prévalut sur Joab, et sur les chefs de l’armée ; et Joab et les chefs de l’armée sortirent de devant le roi pour dénombrer le peuple, Israël.

5Et ils passèrent le Jourdain et campèrent à Aroër, à droite de la ville qui est au milieu du torrent de Gad, et vers Jahzer. 6Et ils vinrent en Galaad, et dans le bas pays de Hodshia, et vinrent à Dan-Jaan, et dans les environs de Sidon. 7Et ils vinrent à la ville forte de Tyr, et dans toutes les villes des Héviens et des Cananéens, et sortirent au midi de Juda, à Beër-Shéba. 8Et ils parcoururent tout le pays, et revinrent à Jérusalem au bout de neuf mois et 20 jours. 9Et Joab donna au roi le chiffre du recensement du peuple ; et il y avait d’Israël 800 000 hommes de guerre tirant l’épée, et des hommes de Juda, 500 000 hommes.

10Et le cœur de David le reprit, après qu’il eut dénombré le peuple ; et David dit à l’Éternel : J’ai grandement péché dans ce que j’ai fait ; et maintenant, ô Éternel, fais passer, je te prie, l’iniquité de ton serviteur, car j’ai agi très follement. 11Et le matin, quand David se leva, la parole de l’Éternel vint à Gad, le prophète, le voyant de David, disant : 12Va, et parle à David : Ainsi dit l’Éternel : Je t’impose [l’une de ces] trois choses ; choisis-en une, et je te la ferai. 13Et Gad vint vers David, et lui rapporta [cela], et lui dit : La famine viendra-t-elle sur toi sept ans dans ton pays ; ou veux-tu fuir trois mois devant tes ennemis, et qu’ils te poursuivent ; ou y aura-t-il trois jours de peste dans ton pays ? Sache maintenant, et vois quelle parole je rapporterai à celui qui m’a envoyé. 14Et David dit à Gad : Je suis dans une grande détresse. Que nous tombions, je te prie, dans les mains de l’Éternel, car ses compassions sont grandes ; et que je ne tombe point dans la main des hommes.

15Et l’Éternel envoya la peste en Israël depuis le matin jusqu’au temps assigné ; et il mourut du peuple, depuis Dan jusqu’à Beër-Shéba, 70 000 hommes. 16Et l’ange étendit sa main sur Jérusalem pour la détruire ; et l’Éternel se repentit de ce mal, et dit à l’ange qui détruisait parmi le peuple : Assez ! Retire maintenant ta main. Or l’ange de l’Éternel était près de l’aire d’Arauna, le Jébusien.

17Et David, quand il vit l’ange qui frappait parmi le peuple, parla à l’Éternel, et dit : Voici, moi j’ai péché, et moi j’ai commis l’iniquité ; mais ces brebis, qu’ont-elles fait ? Que ta main, je te prie, soit sur moi et sur la maison de mon père.

18Et Gad vint vers David, ce jour-là, et lui dit : Monte, dresse un autel à l’Éternel dans l’aire d’Arauna, le Jébusien. 19Et David monta selon la parole de Gad, comme l’Éternel l’avait commandé. 20Et Arauna regarda, et il vit le roi et ses serviteurs qui passaient vers lui ; et Arauna sortit, et se prosterna devant le roi, le visage contre terre. 21Et Arauna dit : Pourquoi le roi, mon seigneur, vient-il vers son serviteur ? Et David dit : Pour acheter de toi l’aire, pour bâtir un autel à l’Éternel, afin que la plaie soit arrêtée de dessus le peuple. 22Et Arauna dit à David : Que le roi, mon seigneur, prenne et offreb ce qui est bon à ses yeux. Vois, les bœufs seront pour l’holocauste, et les traîneaux à fouler et l’attirail des bœufs, pour le bois. 23Tout cela, ô roi ! Arauna le donne au roi. Et Arauna dit au roi : L’Éternel, ton Dieu, veuille t’avoir pour agréable ! 24Et le roi dit à Arauna : Non, car certainement j’achèterai de toi pour un prix, et je n’offriraib pas à l’Éternel, mon Dieu, des holocaustes qui ne coûtent rien. Et David acheta l’aire et les bœufs pour 50 sicles d’argent. 25Et David bâtit là un autel à l’Éternel, et offritb des holocaustes et des sacrifices de prospérités. Et l’Éternel fut propice au pays ; et la plaie fut arrêtée de dessus Israël.

Notes

aou, comme nom propre : le pays de Thakhtim-Hodshi.
boffrir, ici : offrir sur l’autel même.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)