Dans la première partie du cantique (versets 2-19), Dieu lui-même intervenait seul par les forces providentielles de la nature pour opérer la délivrance des siens. Dans cette troisième partie, Dieu délivre encore, mais il implique le combattant dans les conflits en vue d’obtenir la victoire.
Les ressources divines sont données (verset 29) : Dieu est Lumière, Bouclier, Rocher. David s’appuie sur elles pour combattre et pour vaincre : “Tu m’as ceint de force” (verset 40).
Par la puissance de Dieu, David a d’abord remporté la victoire sur les ennemis extérieurs. Dieu l’a ainsi établi “chef des nations” qu’il avaient subjuguées (verset 44). Toutes les nations environnantes ont dû se courber sous son joug (les fils d’Ammon, Moab, Édom, les Philistins et la Syrie). Mais David a aussi été délivré “des débats de mon peuple” (verset 44). Les contestations à l’intérieur même du royaume ont été une épreuve supplémentaire pour le roi (chapitre 20), dont Dieu l’a aussi délivré. Il est donc à la fois reconnu comme roi d’Israël et comme chef des nations. Toutefois, la soumission de celles-ci n’est qu’apparente (verset 44) Deutéronome 33. 29 ; le cœur de l’homme n’est pas changé pour autant. Aussi, David, dans son discours du trône, annonce-t-il le jugement des méchants par Christ pendant le règne millénairePsaume 101. 8.
La reconnaissance qui s’exprime dans les paroles précédentes produit la louange envers Dieu. Le cœur de David est rempli de joie.
Le cantique évoque aussi la victoire finale du résidu d’Israël aux jours de sa restauration avant le règne de Christ. Pardonné et délivré, il chantera la louange de son cœur vers Dieu.
Le Seigneur, délivré de la puissance de la mort, tiré hors du puits de la destruction, entonne le cantique nouveau, “la louange de notre Dieu”, et y associe les siens sur la terrePsaume 40. 3, 4. Ainsi tout ce cantique parle de Christ. L’homme souffrant et dépendant implore l’Éternel et crie à lui ; et Dieu lui répond en lui accordant la victoire. Mais Christ n’est pas seul ; il représente ici son peuple Israël et s’associe à lui (l’assemblée n’est pas vue en figure dans cette scène).
Il est de toute beauté de voir notre Seigneur, à la fois comme homme et comme Dieu ; comme celui que Dieu sauve, mais lui-même le Sauveur ; comme celui qui supplie et celui qui répond à la supplication. Le Messie, affligé avec son peuple, est celui même qui le secourt et le bénit. Tout le cantique est empreint de ses souffrances en sympathie pour son peuple, dans toute son histoire depuis la sortie d’Égypte jusqu’au royaume à venir sous son sceptre de droiture. Il régnera sur Israël et sur tous les peuples. (versets 44, 45, 46, 48). Les nations seront son héritagePsaume 2. 8.
David savait qu’il s’en allait “le chemin de toute la terre” 1 Rois 2. 2. Comme objet de la grâce de Dieu, mais serviteur responsable, il fait alors, avec une remarquable lucidité, le bilan de sa vie. Parlant comme oracle de Dieu, dans un langage sobre et hautement poétique, il rappelle le passé, s’arrête sur le présent, puis évoque un avenir merveilleux.
David lui-même se désigne sous quatre caractères différents :
David prononce des paroles inspirées de Dieu : il parle en oracle1. Non seulement David avait reçu les douces communications de l’Esprit et de la Parole de Dieu ; mais il entretenait aussi des relations directes avec le Rocher d’Israël : “il m’a parlé” (verset 3) 2 Corinthiens 12. 9. Toutefois, David, comme tous les messagers de l’Éternel, ne reste qu’un instrument, une simple voix comme le sera Jean le Baptiseur.
Pour révéler sa pensée dans tous les temps, Dieu confie à des hommes des communications, par son Esprit. Ainsi, “toute écriture est inspirée de Dieu”, et “de saints hommes de Dieu ont parlé, étant poussés par l’Esprit Saint” 2 Timothée 3. 16 ; 2 Pierre 1. 21. Dieu s’est servi de DavidActes 13. 36, comme d’autres prophètes de l’A.T., pour faire annoncer à l’avance les souffrances et les gloires de Christ1 Pierre 1. 11.
Quelles sont ces dernières paroles – inoubliables – de David ?
Elles rapportent la vision d’une autorité tellement différente de celle qu’il avait exercée : aucun nuage ne voile la lumière de la scène, dont la contemplation lui fait oublier toutes les brumes de sa vie qui s’achève.
Bien au-delà de Salomon, Jésus, la postérité de DavidApocalypse 22. 16 aura, dans un jour nouveau, la domination et la seigneurie absolue. “L’Orient d’en haut” visitera alors son peupleLuc 1. 78 dans la perfection absolue de ses voies. Crainte et justice apporteront en surabondance une vie nouvelle. L’herbe tendre évoque la pureté et la fraîcheur de la jeunesse. Le soleil symbolise l’autorité et la gloire suprêmes ; la germination parle enfin de la vie de résurrectionDeutéronome 32. 2 ; Psaume 72. 6 ; Ésaïe 66. 14 ; Michée 5. 7.
La création sera elle-même “affranchie de la servitude de la corruption pour jouir de la liberté de la gloire des enfants de Dieu” Romains 8. 21. Ce sera le règne de gloire et de paix du Seigneur sur la terre, éclairé par les rayons du soleil de justiceMalachie 3. 20.
Les chrétiens se réjouissent à la perspective de ces temps heureux, quand resplendira la gloire de leur Seigneur. Dans l’intervalle, ils l’attendent comme l’étoile brillante du matinApocalypse 22. 16 ; et ils se tournent vers le monde, pour dire avec la sentinelle de Séhir : “Le matin vient, et aussi la nuit. Si vous voulez vous enquérir, enquérez-vous ; revenez, venez” Ésaïe 21. 12.
Mais si l’avenir lumineux brille aux regards de sa foi, un retour en arrière montre à David sa propre responsabilité ; il admet avec regret qu’il n’a pas été, ni n’a pas fait, ce qu’il aurait dû. C’est le grand contraste entre David et Christ, celui dont il est le type.
David porte un jugement lucide sur lui-même et sur sa maison. Il reconnaît la faillite de son témoignage, bien convaincu que sa vision ne le concerne pas personnellement, ni sa propre maison : touchante prise de conscience. Son seul recours, tout son salut et tout son plaisir, reposent sur une alliance éternelle qui ne dépendait pas de lui mais de Dieu seul. Une alliance établie, assurée, éternelle, certes, mais dont les effets, les germes, sont reportés dans l’avenir.
Avant la germination (c’est-à-dire la réalisation effective des promesses de l’alliance), le jugement du mal, longtemps retardé, doit s’exécuter. Le feu purificateur débarrassera alors la création de tous les fils de la malédiction. Alors se lèvera un matin éternel, sans nuages. Et le soleil se réjouira de parcourir la carrière d’un jour qui n’aura pas de fin.
Cette attente du jugement est propre à Israël, peuple terrestre de Dieu. Au contraire, l’espérance de l’Église, peuple céleste, est d’être enlevée hors du monde, avant les jugements. Dans l’attente, elle prêche la grâce.