Plusieurs milliers de pages accessibles en format adapté aux lecteurs dyslexiques. Essayer maintenant
Bannière
Le second livre de Samuel
Sondez les Écritures - 3e année

2 Samuel 9

David, roi sur Israël à Jérusalem

5. Mephibosheth, la gloire de la grâce

Près de vingt ans se sont écoulés depuis la triste fin de Jonathan et de Saül. Mephibosheth n’avait que cinq ans (4. 4) à la mort de son père Jonathan ; c’est maintenant un homme infirme (verset 13).

Confondu par la grâce divine, David en mesurait quelque peu l’étendue pour lui-même (chapitre 7). Il désire la manifester à d’autres, comme imitateur de Dieu, en usant d’une “bonté de Dieu”.

Si le règne de David est un règne de justice (8. 15), c’est aussi un règne de salut et de bonté. Cet aspect complète le tableau moral de son royaume, en accord avec la déclaration du psaume : “Il aura compassion du misérable et du pauvre et il sauvera les âmes des pauvres” Psaume 72. 12, 13.

Prophétiquement, il s’agit encore de la période qui précède le règne de gloire et de paix du Messie, lorsqu’il reprendra ses relations avec le résidu de son peuple. Jonathan est un type de ce résidu, objet du gouvernement de Dieu1, car il ne s’est pas séparé de la masse apostate (figurée par Saül). Mephibosheth est le symbole de ce même résidu, mais objet de la grâce divine.

La grâce qui attire : versets 1-5

Le premier verset donne le thème de tout ce chapitre. Le cœur de David contenait une provision de grâce qui cherchait un objet pour se manifester. Trois fils de Saül étaient tombés dans la bataille et Ish-Bosheth avait été assassiné. Restait-il encore un descendant de la famille de Saül de cette maison effondrée, dont la ruine était grande ? Mephibosheth, fils de Jonathan, subsistait encore ; boiteux, il vivait caché. Par nature, il aurait pu être compté parmi les boiteux et les aveugles qui avaient mérité la haine de David (5. 8).

Le roi apprend de la bouche de Tsiba, ancien serviteur de Saül et gérant de ses biens, que Mephibosheth résidait à l’est du Jourdain, non loin de Mahanaïm à Lodebar, nom qui signifie “lieu sans pâturage”. Ce petit-fils de Saül, apparemment sans ressources, avait été recueilli par Makir, chez qui il se cachait. En revanche Tsiba avait bien prospéré : il avait quinze fils et vingt serviteurs (verset 10).

Makir semble avoir été dans une situation aisée, à en juger par son intervention ultérieure, avec Barzillaï, en faveur de David (17. 27). Avait-il pris le parti de la maison de Saül, pour cacher ainsi Mephibosheth ? La grâce merveilleuse de David gagnera son cœur et changera ses dispositions.

Mephibosheth avait deux sérieuses raisons de craindre David : il appartenait à la famille de son ancien ennemi et il était boiteux de surcroît. Quelle émotion pour lui d’être appelé par le roi en personne ! De sa propre volonté, il ne serait jamais allé vers lui. Ainsi, l’homme qui se sait pécheur et qui ne connaît pas la grâce de Dieu ne peut que fuir la lumière divine. Le Seigneur a dit : “Nul ne peut venir à moi, à moins que le Père ne le tire” Jean 6. 44. Mais David a dans son cœur un propos de miséricorde, dans sa bouche une parole de grâce et dans sa main la puissance pour bénir.

La grâce qui comble : versets 6-13

Amené devant David, Mephibosheth se prosterne sans rien dire. Le roi rompt le silence et l’appelle par son nom : “Mephibosheth”. Puis il ajoute : “Ne crains point”, la parole même que prononcera plus tard le Seigneur pour rassurer son disciple PierreLuc 5. 10. Quelle valeur ont ces mots dans la bouche de celui qui détient tout le pouvoir ! Non seulement, Mephibosheth n’allait pas mourir, mais il allait être pardonné, accepté, nourri, béni, honoré et introduit pour toujours dans la communion avec le roi comme un de ses fils (verset 11). David n’avait donc pas oublié le serment qu’il avait fait à Jonathan1 Samuel 20. 17.

En entendant de telles paroles, si inattendues, Mephibosheth se prosterne à nouveau. Le cœur de David, à la ressemblance du cœur de Dieu, n’aurait pu se satisfaire de manifester une grâce moins complète, moins durable et moins glorieuse.

La grâce pure : versets 7-13

Tout est assuré dans cette grâce : “certainement” (verset 7) ; rien n’est éphémère : “continuellement” (versets 7, 10) ; elle est : “à toujours” (verset 13).

Le bas état de l’homme, objet de cette grâce, met en relief cette “bonté de Dieu”, et fait apprécier son immense valeur. Mephibosheth confesse qu’il ne vaut pas plus qu’un chien mort. Tout mérite personnel et tout droit à la bénédiction sont abandonnés. Il se savait haïssable, comme tout homme dans ses péchés. David n’a pas cherché à secourir un homme noble ou estimable. La miséricorde ne s’exerce qu’en faveur de personnes misérables. Voilà la manière de Dieu. Un chien mort ! David lui-même s’était estimé tel devant Saül1 Samuel 24. 15 ; aussi, pouvait-il comprendre la force de cette allusion. Mephibosheth avait donc affaire à un sauveur qui s’était lui-même abaissé. Nous aussi, nous connaissons le suprême abaissement du Sauveur du monde obéissant jusqu’à la mortPhilippiens 2. 8.

David ne rappelle pas le passé. Certes, Mephibosheth est toujours boiteux mais ses pieds seront cachés sous la table. Dieu ne reparlera jamais de notre ancien étatPsaume 103. 12.

Mephibosheth mangera à la table du roi. David répète sa promesse à trois reprises (versets 7, 10, 11), et la met en application (verset 13). C’est ce qui a le plus de prix pour le cœur de Mephibosheth. Plus que les champs de Saül, plus que sa maison, ses terres, ses cultures et ses fruits, c’est la personne de David qui compte pour lui, comme il le montrera plus tard (19. 31).

La pensée de David avait été d’user de bonté à l’égard d’un descendant de Saül, son ennemi. Dieu répond à son attente, et lui permet en même temps d’exprimer toute sa grâce envers le fils de son plus tendre ami.

David, dans cette scène touchante, est le type du Sauveur parfait en pardon et en sympathie. La conscience de notre indignité et la foi entière en la bonté surabondante de Dieu, permettent à sa grâce de se déployer “dans des vases de miséricorde qu’il a préparés d’avance pour la gloire” Romains 9. 23.

Notes

1Le terme de “gouvernement” est souvent employé dans le sens de “discipline” ou de “punition”. Le gouvernement de Dieu implique une action divine pour le temps présent, en rapport avec la conduite de l’homme sur la terre. C’est la différence avec le jugement, qui est en relation avec l’état de l’âme ; la notion d’éternité est alors introduite.

2 Samuel 9

1Et David dit : Y a-t-il encore quelqu’un qui soit demeuré de reste de la maison de Saül ? et j’userai de bonté envers lui à cause de Jonathan. 2Et il y avait un serviteur de la maison de Saül, dont le nom était Tsiba ; et on l’appela auprès de David. Et le roi lui dit : Es-tu Tsiba ? Et il dit : Ton serviteur ! 3Et le roi dit : N’y a-t-il plus personne de la maison de Saül ? et j’userai envers lui d’une bonté de Dieu. Et Tsiba dit au roi : Il y a encore un fils de Jonathan, perclus des pieds. 4Et le roi lui dit : Où est-il ? Et Tsiba dit au roi : Voici, il est dans la maison de Makir, fils d’Ammiel, à Lodebar. 5Et le roi David envoya, et le prit de la maison de Makir, fils d’Ammiel, à Lodebar. 6Et Mephibosheth, fils de Jonathan, fils de Saül, vint vers David, et il tomba sur sa face et se prosterna. Et David dit : Mephibosheth ! Et il dit : Voici ton serviteur. 7Et David lui dit : Ne crains point, car certainement j’userai de bonté envers toi à cause de Jonathan, ton père, et je te rendrai tous les champs de Saül, ton père, et tu mangeras continuellement le pain à ma table. 8Et il se prosterna, et dit : Qu’est ton serviteur, que tu aies regardé un chien mort tel que moi ?

9Et le roi appela Tsiba, le serviteur de Saül, et lui dit : Tout ce qui appartenait à Saül et à toute sa maison, je le donne au fils de ton seigneur ; 10et tu cultiveras pour lui la terre, toi et tes fils et tes serviteurs, et tu en apporteras [les fruits], et le fils de ton seigneur aura du pain à manger ; et Mephibosheth, fils de ton seigneur, mangera continuellement le pain à ma table. Or Tsiba avait 15 fils et 20 serviteurs. 11Et Tsiba dit au roi : Ton serviteur fera selon tout ce que le roi, mon seigneur, a commandé à son serviteur. Et Mephibosheth, [dit le roi,] mangera à ma table comme un des fils du roi. 12Et Mephibosheth avait un jeune fils, et son nom était Mica ; et tous ceux qui habitaient dans la maison de Tsiba étaient serviteurs de Mephibosheth. 13Et Mephibosheth habitait à Jérusalem, car il mangeait toujours à la table du roi ; et il était boiteux des deux pieds.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)