Plusieurs milliers de pages accessibles en format adapté aux lecteurs dyslexiques. Essayer maintenant
Bannière
Le second livre de Samuel
Sondez les Écritures - 3e année

2 Samuel 11

Chute et discipline – Amnon, Tamar et Absalom

1. Le péché de David

Considérations générales

On ne peut qu’être profondément attristé et impressionné par la lecture de ce récit. Attristé, car la conduite de David a porté gravement atteinte à la gloire de Dieu. Impressionné, car si nous voyons de près la faiblesse et la méchanceté de la chair, nous mesurons aussi la grandeur de la miséricorde divine. Les plus grandes faveurs de Dieu à notre égard et le déploiement de tous les soins de sa grâce ne peuvent améliorer en aucune manière la chair qui est en nous !

Les détails de cette triste histoire sont conservés dans les Écritures, pour nous dévoiler tous les secrets du cœur humain. Le péché de David est présenté sous ses divers caractères : adultère, hypocrisie, mensonge et meurtre. Certes, si le péché est confessé, il est ôté aux yeux de Dieu ; mais l’offense demeure et ses conséquences doivent être supportées.

Une chute, même si elle survient subitement, n’est en fait que l’aboutissement de tendances secrètes qui n’ont pas été jugées et ont peut-être même été admises dans le for intérieur : “Du cœur des hommes sortent les mauvaises pensées, les adultères, les fornications, les meurtres” Marc 7. 21. Il suffit d’une occasion favorable et ce qui est en germe dans le cœur se développe pour porter de tristes fruits qui feront verser des larmes amères.

David sera relevé de cette chute comme de ses autres défaillances, car il craint Dieu. Il n’y a en lui aucun endurcissement orgueilleux. Par la confession et la contrition de cœur, il retrouvera progressivement et pleinement la communion avec son Dieu. Néanmoins, le souvenir de sa faute demeurera1 Rois 15. 5.

A part Bath-Shéba, les trois acteurs principaux de ce drame ont été David, Joab et Urie. Le courage et l’énergie naturels de Joab sont bien connus. Homme d’action et d’initiative, il est dur (3. 39) et sans réelle crainte de Dieu. Peu lui importe de se faire le complice d’un affreux péché, pour conserver la faveur de David qui avait le pouvoir. Il aura la même attitude plus tard à l’égard d’Adonija1 Rois 1. 7. David, au contraire, rempli de bonté et d’humilité, manifeste une certaine faiblesse de caractère. Tout en désapprouvant Joab, il se sert de lui en plusieurs occasions. Urie, enfin, est en complet contraste avec Joab, et même avec David. Il fait preuve d’amour, de fidélité, de droiture et de dévouement. En définitive il perdra sa vie par la faute du roi !

Le péché consommé : versets 1-5

  • versets 1, 2 : La scène se passe au retour de l’année, au printemps, l’époque favorable pour les campagnes militaires. En hiver, on se retirait chez soi (10. 14). Semblant avoir oublié l’expérience récente, David donne une deuxième fois à Joab la responsabilité du combat contre les fils d’Ammon qui n’avaient pas encore été détruits. N’était-ce pas à David lui-même d’en finir avec ces ennemis, lui dont Abigaïl avait dit qu’il “combattait les combats de l’Éternel” 1 Samuel 25. 28 ?

David se repose et prend ses aises, alors que son armée est en campagne. Ce moment de paresse et d’oisiveté éteint sa vigilance. Du toit de son palais, il laisse errer ses regards ; amorcé par la convoitise des yeux, il a déjà cédé dans son cœur à la tentation, qui entraîne le péchéJacques 1. 14, 15.

  • versets 3, 4 : David apprend que cette femme qu’il convoitait était mariée à un de ses fidèles soldats, sorti à la guerre avec les armées d’Israël. N’ayant pas gardé son cœurProverbes 4. 23, rien n’arrête ses pas ; il met son autorité royale, reçue de Dieu, au service de ses propres convoitises.

Au doux soleil de la prospérité, la conscience endurcie aux conséquences de ses actes, David profite de circonstances favorables pour céder à la tentation et commettre adultère avec Bath-Shéba. Mais celle-ci n’a-t-elle pas manqué de réserve et de prudence en s’exposant ainsi aux regards des autres ?

L’adultère fournit au roi David un plaisir fugitif payé bien cher. Quelle amère récolte ! Regrets, dégoût, inquiétude, honte, dissimulation, stratagème, conseil des méchantsPsaume 1. 1.

Un péché en entraîne un autre : versets 6-17

La faute de David et de Bath-Shéba entraîne des conséquences prévisibles : la femme attend un enfant (verset 5). Pour cacher son péché et ses conséquences, David est entraîné dans un enchaînement inéluctable de fautes d’où il ne pourra plus sortir.

Le roi est totalement insensible aux reproches involontaires de celui dont il avait pris la femme. Une fois de plus, il use de sa puissance, et fait appeler Urie. Au péché d’adultère, qui méritait la mortLévitique 20. 10, David ajoute l’hypocrisie (verset 7). Ce n’est certes pas avec sincérité qu’il s’enquiert de l’état de Joab, du peuple, et de la guerre. Il offre un présent à Urie, paraissant avoir pour lui une estime particulière (verset 8). Or, par un présent, on fait “dévier les sentiers du jugement” Proverbes 17. 23. Ce ne fut pas le cas pour Urie. Alors, David cherche à l’enivrer et à le tromper, mais en vain.

Par opposition à la conduite coupable de David, combien brillent les beaux traits du caractère et de la conduite d’Urie ! Il n’exprime que la droiture, le sens du devoir, le dévouement et l’amour pour le peuple de Dieu. David lui-même avait regretté que l’arche de Dieu demeure sous une tente (7. 2) 1. Maintenant, devant le roi endurci par le péché, Urie reprend la même pensée, mais peut-être avec plus de consécration.

Toutes ses tentatives de couvrir le mal ayant échoué, David recourt au meurtre. Il renvoie Urie au combat, mais en fait à la mort, porteur de sa propre condamnation. Il ne craint pas de faire appel à la complicité du malheureux Joab, meurtrier lui-même. David sera désormais le débiteur de son capitaine.

Tout s’arrange, en apparence : versets 18-27

Cette dernière stratégie de David réussit et Urie meurt. Il suffisait que cette mort paraisse fortuite pour sauver les apparences. Entre Joab et David, la connivence est complète. Joab prévoyait la colère justifiée du roi quand le messager décrirait la tactique dangereuse pour prendre la ville2. L’argument décisif pour éteindre la colère du roi tenait en une seule parole : “Urie est mort”. David conclut par une parole de conciliation, un dernier mensonge (verset 25).

Bath-Shéba semble respecter un deuil de convenance pour Urie, mort à cause d’elle. Elle se lamente sur la perte de son mari, mais pas sur son péché. Son attitude ne démontre-t-elle pas sa complicité ?

Elle devient alors l’épouse légitime de David. On a dit que l’inconscience du pécheur est pire que sa mauvaise conscience.

Quelle terrible tableau ! Comment le doux psalmiste d’Israël en était-il arrivé là ?

Le récit se termine sur cette solennelle déclaration divine : “Mais la chose que David avait faite fut mauvaise aux yeux de l’Éternel” (verset 27). Dieu ne pouvait en rester là. Il va entrer en scène par la voix de son prophète.

Notes

1On a pensé à tort que l’arche avait été amenée au combat comme dans une autre circonstance (1 Samuel 4. 3). Le texte ne permet pas cette déduction.
2La ville dont il est question (versets 16, 17, 20, 25) est probablement la même que celle du récit précédent (10. 14). Le fait rappelé ici (verset 21) fait allusion à Juges 9. 53.

2 Samuel 11

1Et il arriva, au retour de l’année, au temps où les rois entrent en campagnea, que David envoya Joab, et ses serviteurs avec lui, et tout Israël ; et ils détruisirent les fils d’Ammon et assiégèrent Rabba ; mais David resta à Jérusalem. 2Et il arriva, au temps du soir, que David se leva de dessus son lit de repos et se promena sur le toit de la maison du roi, et, du toit, il vit une femme qui se lavait, et la femme était très belle à voir. 3Et David envoya et s’informa de cette femme, et on [lui] dit : N’est-ce pas là Bath-Shéba, fille d’Éliam, femme d’Urie, le Héthien ? 4Et David envoya des messagers, et la prit ; et elle vint vers lui, et il coucha avec elle (et elle se purifiab de son impureté) ; et elle s’en retourna dans sa maison. 5Et la femme conçut ; et elle envoya, et informa David et dit : Je suis enceinte.

6Et David envoya vers Joab, [disant] : Envoie-moi Urie, le Héthien. Et Joab envoya Urie à David. 7Et Urie vint vers lui ; et David s’enquit de l’étatc de Joab, et de l’étatc du peuple, et de l’étatc de la guerre. 8Et David dit à Urie : Descends dans ta maison, et lave tes pieds. Et Urie sortit de la maison du roi, et on envoya après lui un présent de la part du roi. 9Et Urie se coucha à l’entrée de la maison du roi avec tous les serviteurs de son seigneur, et ne descendit pas dans sa maison. 10Et on le rapporta à David, disant : Urie n’est pas descendu dans sa maison. Et David dit à Urie : Ne viens-tu pas de voyage ? Pourquoi n’es-tu pas descendu dans ta maison ? 11Et Urie dit à David : L’arche, et Israël, et Juda, habitent sous des tentesd ; et mon seigneur Joab et les serviteurs de mon seigneur campent dans les champs, et moi, j’entrerais dans ma maison pour manger et boire, et pour coucher avec ma femme ? Tu es vivant, et ton âme est vivante, si je fais une telle chose ! 12Et David dit à Urie : Demeure ici encore aujourd’hui, et demain je te renverrai. Et Urie demeura à Jérusalem ce jour-là et le lendemain. 13Et David l’appela, et il mangea et but devant lui, et [David] l’enivra ; et il sortit le soir pour se coucher sur son lit avec les serviteurs de son seigneur, et il ne descendit pas dans sa maison.

14Et il arriva, le matin, que David écrivit une lettre à Joab, et l’envoya par la main d’Urie. 15Et il écrivit dans la lettre, disant : Placez Urie sur la première ligne au fort de la bataille, et retirez-vous d’auprès de lui, afin qu’il soit frappé et qu’il meure. 16Et il arriva que, comme Joab surveillait la ville, il plaça Urie à l’endroit où il savait qu’étaient de vaillants hommes. 17Et les hommes de la ville sortirent et se battirent contre Joab ; et il en tomba quelques-uns d’entre le peuple, d’entre les serviteurs de David, et Urie, le Héthien, mourut aussi.

18Et Joab envoya, et rapporta à David tous les faits du combat. 19Et il commanda au messager, disant : Quand tu auras achevé de dire au roi tous les faits du combat, 20s’il arrive que la fureur du roi monte, et qu’il te dise : Pourquoi vous êtes-vous approchés de la ville pour combattre ? Ne savez-vous pas qu’on tire de dessus la muraille ? 21Qui frappa Abimélec, fils de Jerubbésheth ? N’est-ce pas une femme qui jeta sur lui, de dessus la muraille, une meule tournante, et il en mourut à Thébets ? Pourquoi vous êtes-vous approchés de la muraille ? – alors tu diras : Ton serviteur Urie, le Héthien, est mort aussi.

22Et le messager s’en alla ; et étant arrivé, il rapporta à David tout ce pour quoi Joab l’avait envoyé. 23Et le messager dit à David : Les hommes ont eu l’avantage sur nous ; ils sont sortis contre nous dans la campagne, et nous les avons chargés jusqu’à l’entrée de la porte ; 24et les archers ont tiré sur tes serviteurs de dessus la muraille, et des serviteurs du roi sont morts, et ton serviteur Urie, le Héthien, est mort aussi. 25Et David dit au messager : Tu diras ainsi à Joab : Que cela ne soit pas mauvais à tes yeux, car l’épée dévore tantôt ici, tantôt là ; renforce le combat contre la ville, et détruis-la. Et toi, encourage-lee. 26Et la femme d’Urie apprit qu’Urie, son mari, était mort, et elle se lamenta sur son mari. 27Et quand le deuil fut passé, David envoya, et la recueillit dans sa maison, et elle devint sa femme, et lui enfanta un fils. Mais la chose que David avait faite fut mauvaise aux yeux de l’Éternel.

Notes

alitt. : sortent.
blitt. : se sanctifia.
clitt. : la prospérité.
dlitt. : dans les cabanes.
elitt. : fortifie-le.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)