Tous les traits de caractère d’Absalom apparaissent : il est orgueilleux, ambitieux, trompeur, flatteur, séducteur et démagogue. Au contraire, David manifeste humilité et parfaite soumission dans la douleur. De son cœur brisé s’échappera un cantique de foi et d’espérance comme en témoignent certaines expressions du psaume 3 écrit dans cette circonstance. Sa dignité morale brille au milieu de sa honte et de son abaissement. Quel exemple pour nous, si la discipline nous atteint !
Si Absalom s’était rendu compte de la gravité de son péché, et s’il avait été sensible à la bonté de David, il serait resté dans l’ombre. Mais la soif du pouvoir le conduit à une odieuse conspiration contre son propre père. Il commence à se constituer un cortège de prestige qui le précédera en tous lieux (verset 1). Puis il se présente comme un juge impartial et honnête tout dévoué au bonheur de son peuple et capable, mieux que le roi, de résoudre toutes les difficultés. Il use de flatterie et se montre familier avec tous. Or cette apparente bonté et cette condescendance n’avaient comme seul but que de dérober les cœurs des hommes d’Israël.
Pour mieux tromper son père, Absalom donne les apparences de la crainte de Dieu, et revêt son infamie d’une couleur religieuse. Au bout de quatre ans1, il se souvient qu’il est redevable à l’Éternel de la délivrance qu’il lui aurait demandée, et veut s’acquitter d’un vœu. Satan peut nous faire revêtir ainsi les vêtements de la piété. David aurait dû s’en émouvoir. Mais, hélas, il manque ici de discernement, comme auparavant (13. 25) et se laisse abuser, disant même à son fils indigne : “Va en paix”. Le choix de Hébron par Absalom n’était pas innocent. Son père y avait été oint roi par les hommes de Juda. Là, il lui ravirait le trône. Il envoie des émissaires dans les douze tribus, et deux cents invités, ignorant tout de la conspiration, se joignent à lui. Ils seront pris de court devant le fait accompli.
Enfin, la complicité d’Akhitophel, qui habitait Guilo près d’Hébron et dont la sagesse faisait autorité, était un atout de plus au succès2. Comme le peuple est influençable et versatile ! Le même peuple ne demandera-t-il pas la mort de son Messie, quelques jours seulement après l’avoir accueilli à Jérusalem avec joieMarc 11. 9 ?
David ne semble pas avoir discerné que le cœur du peuple avait basculé vers Absalom. Lorsqu’il le réalise, il décide aussitôt de fuir et d’éviter le combat. Pourtant, son armée, puissante et bien entraînée, aurait pu briser sans peine la rébellion de son fils. Pourquoi une telle attitude ? Était-ce la peur ou la défiance des siens ? Non, David voit nettement l’épée de Dieu annoncée par Nathan. Sous la puissante main de Dieu, il se soumet à la verge de sa disciplineMichée 6. 9.
En quittant Jérusalem, il voulait aussi épargner un combat à la ville, dans laquelle était encore l’arche de l’Éternel. Mais quelle douleur pour lui de laisser la sainte montagne de Sion où Dieu l’avait établi !
David se révèle alors homme de foi et d’espérance. Soumis à la discipline qui l’atteint, il n’est pas découragé. Il est confiant et certain que Dieu l’aime et le soutient. Malgré les pensées défaitistes de ceux qui l’entourent, il est sans crainte et sait que Dieu répondra à son criPsaume 3. 3, 5-7.
Les secrets des cœurs se manifestent alors. Certainement, les beaux traits de caractère de David se reflètent dans ses serviteurs. Quel baume de consolation pour le roi que leur belle réponse : “selon tout ce que choisira le roi, notre seigneur, voici tes serviteurs” (verset 15). Ils témoignent d’une soumission complète et d’une entière disponibilité envers leur maître.
Dans sa fuite, David est suivi par toute sa maison et ses serviteurs, puis par tout le peuple, un peuple de franche volonté (versets 16, 17). Certaines circonstances supposent un choix et la neutralité n’est plus possible : “Celui qui n’est pas avec moi est contre moi” dira le Seigneur plus tardMatthieu 12. 30.
Sous certains aspects, David est ici un type de Christ, rejeté par son peuple ici-bas mais honoré et servi par quelques cœurs qui quittent tout pour le suivre. Toutefois, si la souffrance de David était une conséquence de ses fautes, celle de Christ était le résultat de sa justice et de sa fidélité.
Les Kéréthiens et les Péléthiens, mentionnés en compagnie du roi, étaient les serviteurs et les émissaires du royaume. Les six cents hommes (verset 8) sont probablement les fidèles compagnons de David déjà nommés1 Samuel 27. 2 ; 30. 93.
Itthaï4, étranger et en exil au milieu d’Israël, se révèle un ami véritable du roi : “L’ami aime en tout temps et un frère est né pour la détresse” Proverbes 17. 17. Avec ses frères, il s’attache au roi pourchassé, et sa loyauté ne se démentira pas. Il quitte son foyer pour partager avec lui les peines, les combats, l’opprobre et même la mort (verset 21). Les paroles de dissuasion de David, accompagnées de ses bénédictions, ne font que mettre en relief la fermeté de sa détermination. Pour Itthaï, la vie ne se concevait pas sans David. Quel réconfort pour David que la conduite de cet étranger !
C’est ainsi que tout le peuple, mêlant ses larmes à celles du roi, traverse le Cédron (verset 23), laissant Jérusalem derrière lui ; et devant lui, par delà le mont des Oliviers, s’ouvrent les sauvages étendues désertiques qui descendent abruptement jusqu’au Jourdain.