Cette dernière partie du livre (chapitres 21-24) contient deux cantiques juxtaposés ici pour notre instruction. On ne peut manquer d’être frappé par les solennelles différences qu’ils présentent :
Mais les deux cantiques respirent le même parfum de la merveilleuse grâce de Dieu !
Après la dernière victoire sur les quatre fils du géant (21. 15-22), David est donc totalement délivré de tous ses adversaires. Il adresse alors à Dieu un cantique de reconnaissance et de louanges (chapitre 22). Historiquement, celui-ci se situerait plutôt après que “l’Éternel lui eût donné du repos de tous ses ennemis” (7. 1), c’est-à-dire avant sa chute. Ensuite, il pouvait difficilement parler de sa pureté, ni se comparer à un homme parfait (versets 21-25).
En fait, les paroles de ce cantique, reproduites dans le psaume 18, ne peuvent pas s’appliquer intégralement à David personnellement. Ses déclarations prophétiques introduisent l’histoire d’Israël tout entière, mais surtout parlent de la personne même de Christ, en qui le cantique sera pleinement accompli. Les glorieux résultats de toute la puissance et de l’amour divins y sont exaltés.
Le croyant comprend, dans toutes les délivrances dont il est l’objet, que Dieu a entendu sa voix et son cri, et qu’il a été tiré de sa détresse (verset 7). Le chemin du fidèle est alors aplani (verset 33) ; il est lui-même fortifié et s’écrie avec reconnaissance : “Que Dieu, le rocher de mon salut, soit exalté” (verset 17).
Mais Dieu a été pleinement glorifié par la marche parfaite de Christ sur la terre, lui qui était sans péché (verset 25) Hébreux 7. 26. Il prenait son plaisir dans ce Fils bien-aimé (verset 20), dont la nourriture était de faire la volonté de son PèreJean 4. 34.
Enfin, le résidu, délivré de la violence de ses ennemis, sera le témoin de la puissance de Dieu pour le sauver, et chantera une hymne à la gloire de son nom (verset 50).
Le cantique se divise en trois parties distinctes :
Trois thèmes se suivent dans cette évocation de la délivrance : le secours divin, la profondeur de l’épreuve, et la délivrance elle même.
Quelle suite d’épreuves pour David ! Depuis le lion et l’ours, le mépris de ses frères, l’oubli de son père, les ennemis violents : Goliath, Saül, sans parler des ennemis extérieurs et des conspirations secrètes au milieu même de son peuple.
Mais sa confiance demeure en Celui qui est son rocher, son bouclier, sa haute retraite, son seul refuge. Le rocher évoque la stabilité de celui qui est éternellement “Je suis” ; il parle aussi de sécurité et de protectionDeutéronome 32. 4, 15, 18, 31.
Pourchassé comme une perdrix1 Samuel 26. 20, David voit déferler contre lui les vagues puissantes et profondes de la mort. Elle est comparée ici au filet du chasseur, auquel il est impossible d’échapper. Dans la détresse absolue, le seul recours est de crier de la terre vers Dieu (verset 7).
David emploie les mêmes expressions que Jonas, qui criera des entrailles du poissonJonas 2. 3-8. Et Dieu répond au cri de l’un et de l’autre. Voilà pourquoi il n’y a pas là la pensée des souffrances expiatoires, car Christ n’a pas reçu de réponse à son cri de douleur.
Toutes les forces de la nature se déchaînent : tremblements de terre, vagues, feu, vent, tonnerre et éclairs se succèdent. Ce sont les signes de la colère du Dieu de Sinaï en jugement. Cette puissance qui terrorise les ennemis de David est le moyen de sa délivrance : il est “tiré des grandes eaux” (verset 17). L’expression “les lits des mers parurent” (verset 16) évoque la traversée de la mer Rouge. Le “puissant ennemi” désigne Saül (verset 18).
Ainsi, au milieu de ses terribles épreuves, David saisit quelque chose de la majesté et de la puissance de Dieu. La délivrance que l’Éternel lui accorde est de même nature que celle d’Israël hors d’Égypte. Elle préfigure aussi la délivrance du résidu de la fin lorsque Dieu viendra à son secours.
David invoque alors quelques droits à la délivrance divine, fondés sur sa justice, sa fidélité, sa pureté, son obéissance, sa perfection (versets 20-25). Mais la vraie cause profonde de la délivrance de David est que Dieu prenait son plaisir en lui, son oint. Qui peut s’exprimer ainsi, serait-il David, et même avant sa chute ? Un seul, l’homme Christ Jésus, le Fils de David, a donné à Dieu des motifs pour l’aimer et le délivrer. Le salut que Dieu lui a accordé est devenu celui de son peuple (verset 28).
Toutefois David, par la droiture de son cœur, plaisait à Dieu. Pour autant, le gouvernement de Dieu n’est jamais perdu de vue (versets 26, 27). Dieu agit à l’égard d’un homme comme cet homme agit envers son prochain. Dieu résiste aux orgueilleux, ceux qui eux-mêmes lui résistentJacques 4. 6. Mais Dieu donne la grâce aux humbles. Tel est l’enseignement du SeigneurLuc 6. 31, 36-38.
En définitive, Dieu éclaire le chemin des siens, au milieu des ténèbres de l’épreuve (verset 29), et leur permet d’accomplir pour lui des actes de valeur, au-delà de la capacité humaine (verset 30) Psaume 60. 13, 14 ; 108. 14, 15.