Dans la première division de l’épître (chapitre 1 à 7), les chapitres 4 et 5 constituent la troisième subdivision.
Paul y parle de son ministère. Dans le chapitre 4 spécialement (mais aussi ailleurs) il emploie le pronom “nous” pour parler avant tout de lui-même. Cependant ce “nous” est encourageant : ces vérités et cette vie sont aussi accessibles à tout chrétien.
Le thème du service de l’apôtre est l’évangile de la gloire de Christ (versets 1-6). Son service s’accomplit maintenant dans la faiblesse humaine, mais par la puissance de Dieu (versets 7-12). Et le terme du service, c’est l’espérance de la résurrection et la gloire à venir (versets 13-18).
Ayant affaire au Père des miséricordes qui lui a confié un tel ministère, l’apôtre n’était pas découragé ni las dans son âme (versets 2, 16). Il ne pensait pas à lui-même, mais à son service.
Au chapitre 3, nous avons vu une série de contrastes. Maintenant, voilà le premier d’une nouvelle série :
Son premier souci est d’être manifesté fidèle devant Dieu et devant les hommes. Si Paul est déjà recommandé par l’existence d’une assemblée à Corinthe (3. 2), il le sera aussi par sa marche en pleine lumière, et cela devant toute conscience d’homme. C’était une préoccupation permanente de l’apôtre. Il le déclare devant Ananias et FélixActes 24. 16 ; 1 Corinthiens 9. 27 ; Hébreux 13. 18.
Paul est conscient de la gloire de son message : c’est l’évangile de la gloire du Christ1. C’est plus que l’évangile du salut. Ce dernier est bien sûr vital, mais ici il s’agit du Sauveur lui-même, image de Dieu, glorifié dans le ciel.
Cette gloire que Dieu lui a donnée1 Pierre 1. 21 est le signe du triomphe complet remporté à la croix. Vouloir ajouter quelque chose à cet évangile serait vouloir ajouter quelque chose à cette gloire. De même, il faut prendre garde à n’en rien retrancher. Les autres apôtres avaient été les témoins oculaires de la résurrection du Seigneur. Dans le livre des Actes, quand l’évangile est présenté, la résurrection est toujours mentionnée comme un fait essentiel. Mais Paul, lui, fut témoin oculaire de sa gloire dans le ciel, apparue quand il était sur le chemin de Damas. Ainsi “son” évangile est celui de la gloire du Christ.
Dans son désir d’agir en pleine lumière, il prend bien soin de ne s’exposer à aucun reproche de la part de ceux qui entendent son message. Il se garde scrupuleusement de toute falsification de la parole de Dieu (verset 2 ; 2. 17).
Mais quel est le comportement du monde en face de l’évangile ?
Si celui-ci est voilé, si notre message n’est pas clair, cela peut être mis à notre charge (verset 3).
Mais nous avons ici le monde en tant que système où règne le diable. Dans cet évangile, la pleine manifestation de Christ, l’image de Dieu, déclenche l’opposition de Satan. Il ne faut pas s’en étonner. Pour fermer la porte de la connaissance, il se sert de l’incrédulité de l’homme qui donne effet à son pouvoir. Les incrédules sont aveuglés. Ils sont appelés ici “ceux qui périssent” ; triste et solennelle appellation, qui se retrouve ailleurs dans l’épître (2. 15) ou dans l’Écriture2 Thessaloniciens 2. 10.
Il existait alors et il existe encore deux classes d’hommes :
L’incrédulité voile tout : pour Israël, nous avons vu au chapitre précédent que Moïse mettait un voile sur sa face. Ainsi, le peuple, au désert, ne put voir la gloire de la bonté de l’Éternel. Du temps du Seigneur à nos jours, il y a, pour ce peuple, un voile sur les Écritures : c’est l’incompréhension. Il y a aussi un voile sur leur cœur : c’est l’endurcissement.
Et maintenant, l’évangile est voilé au monde incrédule. Satan serait impuissant si l’homme ne l’écoutait pas. Mais l’inexplicable volonté de l’homme déchu est de choisir les ténèbres et non la lumière, de préférer l’esclavage de Satan à la liberté offerte par Dieu.
Notons l’expression : “le dieu de ce siècle” (verset 4), plus forte que d’autres appellations comme : “chef de ce monde” Jean 14. 30, “chef de l’autorité de l’air” Éphésiens 2. 2.
Le “siècle” est le “présent siècle mauvais”, c’est-à-dire le monde moral d’où l’évangile nous a retirésGalates 1. 4. Il n’est pas amélioré par le christianisme. Le monde n’est pas converti par l’évangile pour l’instant. Il faudra attendre l’avènement du Prince de la paix et du Soleil de justice pour que l’ordre moral de ce monde soit changé. Néanmoins, on voit au verset 6, qu’une lumière morale, la vraie lumière, a resplendi en ChristJean 1. 5. Les croyants, recevant dans leurs cœurs cette lumière, en seront les reflets, des luminaires dans ce mondePhilippiens 2. 15.
A propos de son ministère, oral ou écrit, l’apôtre met encore les choses au point. Il veut qu’on sache qu’il n’est lui-même ni le thème, ni le but de son message. S’il parle de lui, c’est pour se désigner comme “esclave de tous”. Il se constitue esclave volontaire pour l’amour de Jésus. Quelle beauté, quelle simplicité dans ce langage, et aussi quelle vérité ! Il était vraiment imitateur de Christ.
Rappelons-nous les paroles du Seigneur : “Que le plus grand parmi vous soit comme le plus jeune, et celui qui conduit comme celui qui sert… moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert” Luc. 22. 26, 27. Qu’est-ce qui poussait Paul à cela ? L’amour de Jésus. De même, s’il était livré à la mort, c’est encore “pour l’amour de Jésus” (verset 11). Que cet exemple nous incite à plus de disponibilité et à plus de consécration pour le service que le Seigneur veut nous confier.
Si l’apôtre ne se prêchait pas lui-même, en revanche il prêchait le Seigneur. Ce fut d’abord Jésus Christ crucifié1 Corinthiens 2. 2.
Un parallèle est établi entre le monde physique et le monde moral.
Le Dieu Créateur, par un effet de sa puissance, a fait la lumière. Elle a traversé les ténèbres de la face de l’abîme, et celles-ci se sont enfuies.
Le Dieu Rédempteur, par un effet de son amour, apporte la vraie lumière dans la nuit de ce monde. Ce n’est rien moins que la gloire de Dieu.
La création a eu pour théâtre le monde entier. La nouvelle création a eu pour théâtre notre cœur misérable, ténébreux et limité.
Mais ici, il s’agit d’abord du cœur de l’apôtre. Pense-t-il alors à sa conversion extraordinaire ? Probablement, mais pas uniquement. Le Dieu qui a voulu au commencement que la lumière soit, a voulu aussi qu’un jour, Saul de Tarse porte l’évangile de la gloire de Christ. Pour cela, il a d’abord illuminé son cœur. Une lumière était allumée dans le cœur de Paul, d’où elle rayonnera aux yeux des hommes. “L’amour de Christ nous étreint”, dit-il plus loin (5. 14). De l’abondance du cœur, sa bouche parlait. C’est un principe général. On ne peut donner aux autres que ce que l’on a reçu soi-même. La fontaine d’eau jaillissant en vie éternelle coule de celui qui a reçu pour lui-même l’eau de la vieJean 4. 14. Le cœur jouit profondément de cette lumière qui l’inonde. Mais le but de celle-ci est de resplendir au dehors.
S’il y a de la lumière dans nos cœurs, il y en aura sûrement autour de nous. L’apôtre pouvait affirmer qu’il faisait luire autour de lui la connaissance de la gloire de Dieu. Pouvons-nous être aussi affirmatifs ?