Cette seconde épître aux Corinthiens peut être considérée comme la suite de la première. Elle traite du ministère (ou service) public ou privé de tous les chrétiens. Chaque croyant, membre du corps de Christ, a sa responsabilité envers le Seigneur et à l’égard des autres membres.
Le service n’est ni le monopole ni la prérogative de certains. Désigner officiellement un clergé, seul habilité à exercer le ministère chrétien, aboutit à une restriction du service mutuel par l’inactivité de beaucoup de croyants ; il en résulte une grande perte de bénédictions spirituelles.
Paul était venu à Corinthe lors de son deuxième voyage missionnaireActes 18. 1-17. Il était à l’origine de cette assemblée dans cette grande ville. Mais au début de son troisième voyage, il reçoit de très graves nouvelles au sujet de cette assemblée qui lui tenait tant à cœur ; entre autres, par le témoignage des frères de chez Chloé1 Corinthiens 1. 11.
C’est d’Éphèse qu’il écrit sa première épître1 Corinthiens 16. 8, dans laquelle il censure vertement les croyants. Après un séjour de trois ans, il quittera Éphèse à la suite de circonstances dramatiques qui ont failli lui coûter la vieActes 19. 23-41 ; 1 Corinthiens 15. 32. Il y fait probablement allusion dans cette seconde épître (1. 8-10). Mais de telles souffrances ne l’empêchent pas de penser avec une grande sollicitude à ses chers Corinthiens.
Les graves questions qu’il se posait à leur égard étaient : Comment avaient-ils reçu les réprimandes rigoureuses de la première épître ? S’était-il aliéné leur affection ? Allaient-ils manquer de droiture et refuser la répréhension ? Ou, au contraire, leur conscience serait-elle réveillée par la grâce de Dieu ?
Timothée leur avait été envoyé en premier lieu pour poursuivre le travail de l’apôtre1 Corinthiens 4. 17. Mais le compte rendu de cette visite ne nous a pas été révélé. Ensuite Tite part à Corinthe avec la délicate mission d’apprécier l’effet de la première épître. L’apôtre est impatient de connaître les nouvelles qu’il va lui ramener. Ne le trouvant pas en Troade, où il se rend en venant d’Éphèse, il n’hésitera pas à traverser le nord de la mer Égée pour, enfin, le retrouver en Macédoine (2. 12). Ce dernier voyage est signalé dans le livre des ActesActes 19. 21 ; 20. 1. A son grand soulagement, les nouvelles sont bonnes dans l’ensemble, mais loin d’être parfaites.
Le premier mouvement de l’apôtre a été de se hâter d’aller lui-même à Corinthe (1. 15). Mais, conduit par Dieu plus que par ses sentiments, il est amené à aller vers eux, non en personne, mais par le moyen de cette seconde épître. C’est pour cela que lorsqu’il s’y rendra enfin, ce sera, peut-on penser, la troisième fois qu’il vient à eux (13. 1, 2).
Connaissant donc leur état spirituel par le témoignage de Tite, Paul leur envoie maintenant cette seconde épître depuis la Macédoine (9. 4). Il semble qu’elle ait été écrite au cours de l’été de l’an 57, alors que la première l’aurait été au printemps de l’année précédente.
Voici les buts essentiels de cette lettre :
Cette épître ne fait pratiquement pas allusion aux venues futures du Seigneur ni à son royaume, contrairement à la première. En revanche, elle parle beaucoup de la gloire. C’est même une pensée clé (le mot gloire y est répété une vingtaine de fois). Mais il s’agit presque toujours de la gloire actuelle et non future. Les mots ministère, consolation, sont aussi d’autres mots clés.
Soulignons enfin la multiplicité des contrastes souvent très forts, confinant même au paradoxe. Le style est épistolaire et chaleureux, plus apaisé que dans la première épître.
Le sujet général de l’épître est le ministère (ou service) chrétien.
En comptant parties et sous-parties, l’épître peut donc être divisée en neuf séquences qui reflètent la progression de la pensée de l’apôtre Paul. Mais, contrairement à la première épître, les thèmes se chevauchent souvent. Ainsi, certaines pensées déjà présentées sont reprises plus loin.