La première partie du chapitre 12 (versets 1-10) révèle :
L’apôtre fut abaissé par les épreuves de son corps décrites au chapitre 11. La puissance du Seigneur l’a délivré et conservé2 Timothée 4. 18. Et si pour un moment il est exalté dans la gloire, il ne faut pas qu’il perde le sentiment de sa fragilité et de son néant, sinon la puissance de Dieu ne pourrait pas s’exercer. Se glorifier seulement dans les infirmités, voilà la condition absolue pour que Dieu soit glorifié dans l’accomplissement de sa puissance.
L’apôtre, pour la première fois, va parler d’un secret qu’il était seul à connaître. Il s’agit d’une vision et d’une révélation d’un caractère unique.
En effet, il eut d’autres visions et d’autres révélations divines destinées à être connues. Par exemple, il évoque, devant ses frères, non seulement sa conversion sur le chemin de Damas, mais aussi une vision dans le temple à JérusalemActes 22. 6, 17.
Mais l’expérience dont il parle maintenant le concernait lui seul. Cela était tellement vrai que la communication totale des faits était impossible. Lui seul avait reçu, pour un moment, la capacité de les apprécier et d’en jouir. Et s’il en parle toutefois, c’est parce qu’il était utile pour les Corinthiens d’en connaître quelque chose.
L’apôtre avait gardé ce secret depuis quatorze ans. Il n’en aurait peut-être jamais parlé si l’état de ses frères ne l’avait nécessité, pour montrer l’immense grâce de Dieu à son égard et pour donner du poids à son enseignement.
Il est bon de garder pour soi les moments particuliers d’intimité secrète que nous avons pu avoir avec le Seigneur. Souvenons-nous du cas de David. Aurait-il révélé à Saül le secret de ses victoires contre le lion et l’ours s’il n’y avait pas eu la nécessité de se faire reconnaître comme un combattant valable1 Samuel 17. 34-36 ?
Le livre des Actes ne fait aucune allusion à cet événement. Contrairement à la vision sur le chemin de Damas, il n’y eut aucun témoin, car ce dernier aurait pu préciser si ce ravissement avait été dans le corps ou hors du corps.
Depuis quatorze ans, on connaissait son écharde ; elle était visible, mais on en ignorait l’origine et la raison. Tout va s’expliquer maintenant.
Paul parle de lui-même à la troisième personne (versets 2, 3), comme s’il s’agissait de quelqu’un d’autre. Il ne parle pas en tant qu’apôtre, ni en tant qu’esclave du Seigneur. Les révélations qu’il avait reçues comme tel (apôtre ou esclave) étaient destinées à être retransmises. Mais ici, il parle simplement comme “un homme en Christ”.
Il distingue dans sa propre personne, mais sans les séparer : d’un côté, l’homme en Christ et de l’autre côté, le moi avec ses faiblesses.
Être en Christ, c’est la position inaltérable devant Dieu de tout vrai chrétien. Un tel homme n’est plus condamnéRomains 8. 1, il est une nouvelle création (5. 17), il est assis dans les lieux célestes, rendu agréableÉphésiens 1. 6 ; 2. 6. Souvent, hélas, une telle position n’est ni réalisée, ni goûtée dans notre vie pratique.
Paul pouvait préciser l’époque (il y avait quatorze ans) et le lieu (le troisième ciel) mais non son état (avec ou sans son corps). Mais, est-ce important ? Notre corps actuel a-t-il une part à ces choses célestes ? L’apôtre a déjà fourni la réponse dans sa première épître : “La chair et le sang ne peuvent hériter du royaume de Dieu” 1 Corinthiens 15. 50.
Que signifie le troisième ciel ? Cette expression, unique dans les Écritures, n’a pas manqué d’interroger les commentateurs.
En considérant le parvis du tabernacle, son lieu saint et son lieu très saint, les Juifs parlaient en figure des trois ciels. D’après l’épître aux Hébreux, ils étaient “la figure et l’ombre des choses célestes”.
Avec une certaine emphase, l’apôtre renouvelle son doute quant à son corps1. Mais il a été ravi “dans le paradis”. Le paradis, appelé aussi le paradis de DieuApocalypse 2. 7, désigne le même lieu que le troisième ciel, impliquant l’idée de choses élevées au plus haut degré.
Le paradis rend compte plutôt du caractère du lieu : c’est un jardin de délices. Là, une bénédiction inestimable attendait le brigand crucifié et converti : “Tu seras avec moi dans le paradis” Luc 23. 43.
“L’homme en Christ” (verset 2) ou “un tel homme” (verset 5), ne désigne pas l’apôtre Paul, mais le simple croyant Paul, comme tout autre croyant. Sa gloire est précisément d’être en Christ : quelle position glorieuse ! Il ne s’agit surtout pas de “gloire personnelle”. Paul, séparé peut-être de son corps, ayant en tout cas perdu la notion de ce corps, pouvait se glorifier car c’était entièrement “dans le Seigneur” 1 Corinthiens 1. 31. Se glorifier ainsi n’était pas de l’orgueil. Dans le troisième ciel, la conscience du moi est perdue.
Mais de retour ici-bas, le moi revient avec ses limites et ses tendances. Les paroles deviennent inexprimables. Il ne peut pas en dire plus que ce qui est écrit ici. Il retrouve les passions de tout hommeActes 14. 15.
Si Paul n’a pas d’orgueil, il n’a pas non plus de complexe d’infériorité. Il pourrait sans peine, sans forcer les événements, faire état d’innombrables choses à son actif : signes, prodiges, miracles incontestés. Et en faisant cela, il ne serait pas insensé.
Il y a donc quatre domaines dans lesquels Paul est susceptible de se glorifier, mais il n’accepte de le faire que dans les deux premiers :
Ainsi, comme pour Paul, que notre seule gloire ici-bas soit de faire briller et d’exalter celle de Christ.