Dans ce chapitre, l’apôtre précise et développe ce qu’il avait déjà évoqué à la fin du chapitre précédent à propos de la gloire future.
Il a été question de la gloire du Seigneur au chapitre 3, de la gloire de Dieu au chapitre 4 et de notre gloire à la fin du chapitre 4 et au début du chapitre 5. Pour nous, bien sûr, il s’agit de gloire future.
Le chapitre 5 met en évidence trois points particuliers :
Voici, d’emblée, un nouveau contraste, entre deux destinées :
Le corps du chrétien sur la terre est mortel et corruptible, bien qu’il soit le temple du Saint Esprit. Son corps futur sera un temple glorieux pour le même Esprit de Dieu, remplaçant l’habitation terrestre. De toutes les choses merveilleuses que la grâce nous apporte, il nous manque encore celle d’être conformes à l’image du Fils de Dieu. Il s’agira d’une transformation physique et immédiate, différente de celle de la fin du chapitre 3 qui est morale et progressive. Cette vérité ne faisait aucun doute dans la pensée de Paul, car Dieu en est à l’origine, lui à qui appartient toute puissance. “Nous savons”, écrit-il. La vivification de nos corps mortels est donc une certitude. Elle est fondée sur la résurrection de Christ d’entre les morts, et nous est confirmée par la présence de l’Esprit de Dieu en nousRomains 8. 11. Christ est venu sur la terre en prenant notre nature humaine. C’est le grand mystère de la piété. Il est venu “en ressemblance de chair de péché” Romains 8. 3. Il a été “fait à la ressemblance des hommes” et fut “trouvé en figure comme un homme” Philippiens 2. 7, 8.
A la différence de tous les autres hommes, le corps de Jésus était saint et pur, et n’était pas assujetti à la mort, comme conséquence du péché. Toutefois, l’Homme Christ Jésus pouvait mourir, quand il a volontairement laissé sa vie. “Détruisez ce temple”, dit-il aux Juifs en parlant de son corps, “et en trois jours je le relèverai” Jean 2. 19. Il pouvait donc être détruit et ses ennemis ne s’en sont pas privés : “Détruisons l’arbre avec son fruit, et retranchons-le de la terre des vivants”, ont-ils complotéJérémie 11. 19.
Notre Seigneur a été “crucifié en infirmité”, mais le corps qu’il a revêtu est maintenant glorieux et immortel, c’est-à-dire en dehors de toute atteinte possible de la mort. Et c’est à la conformité d’un tel corps (que Paul appelle notre édifice céleste) que nous sommes destinés1.
Les gémissements et l’ardent désir de l’apôtre (verset 2) ne sont pas des murmures ; ils expriment une souffrance due à la faiblesse du corps et surtout à la limitation de l’action du Saint Esprit en lui.
Un frère a écrit au sujet de Paul : “C’était une peine pour lui de se trouver encore dans cette nature mortelle, parce qu’il voyait quelque chose de meilleur”.
L’état présent du croyant est à la fois provisoire et anormal : dans un corps mortel (la tente) habite un être spirituel dont l’appel est céleste. La résurrection changera cette situation : un corps glorieux adapté à l’homme nouveau, spirituel, que nous sommes déjà. Et c’est ce qui explique le désir de l’apôtre, d’autant plus vif qu’il entrevoit la gloire par la foi (verset 7).
Il ne désire pas la mort, c’est-à-dire être dépouillé de sa tente, quoique cela soit préférable à la vie terrestre. Mais son vœu est que le mortel soit absorbé par la vie. En effet, trois états sont envisagés ici :
“Si toutefois même en étant vêtus, nous ne sommes pas trouvés nus” (verset 3) : Quel solennel avertissement pour la conscience de certains Corinthiens ! Être nu, c’est être sans Christ. Les méchants, lors de la résurrection, auront un corps ressuscité, mais pas glorieux : moralement, ils seront nus. Pensons à la nudité d’Adam et d’Ève qui essayèrent de se cacher derrière les arbres du jardin. La fuite sera impossible et ce sera la terreur.
Mais tous les bienheureux qui auront part à la première résurrectionApocalypse 20. 6 seront revêtus de Christ : habit glorieux et incorruptible.
Les chrétiens sont l’ouvrage de Dieu, “des vases de miséricorde préparés à l’avance pour la gloire” Romains 9. 23. Ils sont “formés”, c’est-à-dire préparés pour leur nouvelle destinée. Leur corps est le temple du Saint Esprit qui y habite éternellement. Celui-ci est dès maintenant un gage d’espérance (“les arrhes de l’Esprit”). L’épître aux Romains parle aussi des “prémices de l’Esprit” Romains 8. 23, parce qu’il produit en nous la joie par anticipation et l’espérance de la gloire.
Le témoignage de l’apôtre ici est complet.
Il présente d’abord (versets 6, 7) la situation des croyants vivant sur la terre. Au handicap de la vulnérabilité et des limites de la tente (versets 1, 2), s’ajoute le fait d’être “absent du Seigneur”. C’est le temps de la foi et non de la vue.
Si le Seigneur patiente encore avant de revenir, le corps du croyant s’endort en Jésus : c’est la mort, l’absence du corps (verset 8). Cet état n’est ni la gloire, ni la perfectionHébreux 11. 40. De plus, les âmes ne sont pas en relations mutuelles3. Mais la vie est intacte et c’est la présence avec le Seigneur, état plus désirable que celui décrit auparavant, mais moins que celui d’être “revêtu” d’un corps semblable à celui de notre Seigneur. C’est la condition requise pour le voir “comme il est” 1 Jean 3. 2.
L’enseignement donné ici par l’apôtre Paul sur l’état présent et futur de nos corps de croyants rejoint d’autres passages des Écritures. En particulier, l’apôtre Pierre, dans sa deuxième épître, parle de la tente de son corps.
Ne méprisons pas notre corps, respectons-le : il a été acheté à prix, il est le temple du Saint Esprit. Glorifions Dieu dans notre corps1 Corinthiens 6. 19, 20. Mais réjouissons-nous et soyons consolés à la pensée de l’édifice glorieux et éternel que nous aurons dans le ciel. En attendant, vivons dans la confiance en notre Dieu pour tous les détails de notre vie sur la terre. Le temps que nous vivons ici-bas est celui de la foi (verset 7). C’est notre seule occasion de montrer notre confiance en Dieu (versets 6, 8). Cette possibilité de l’honorer ainsi cessera au retour du Seigneur.