Le Seigneur, “durant les jours de sa chair” Hébreux 5. 7, était présenté comme le Messie à son peuple terrestre qui appartenait à l’ancienne création. Les autres apôtres avaient connu le Christ selon la chair. Ce n’est le cas d’aucun d’entre nous, mais par l’Esprit de Dieu nous confessons Jésus Christ venu en chair1 Jean 4. 2.
La connaissance historique de la vie de Jésus sur la terre nous est très profitable. Mais notre connaissance personnelle, intime, vitale, est celle d’un Christ ressuscité, prémices d’une nouvelle création à laquelle nous appartenons dorénavant.
Pour ceux qui avaient eu des relations humaines avec le Seigneur Jésus pendant sa vie d’abaissement sur la terre, il fallait que ces relations changent de caractère. C’est ce que le Seigneur a voulu faire comprendre à Marie de Magdala en lui disant : “ne me touche pas” Jean 20. 17. Marie aimait de tout son cœur le Seigneur, tel qu’elle l’avait connu jusqu’à ce jour. Elle devait maintenant apprendre à connaître le Ressuscité, le premier d’une nouvelle génération. Et il appelle “ses frères” ceux qui, à sa suite et en lui, sont ressuscités. En effet, nous ne sommes plus “en Adam” mais “en Christ” 1.
Les croyants ne sont pas de nouvelles créatures, mais une “nouvelle création”, fruit d’un nouveau travail du Créateur. Cette nouvelle création est éternelle, céleste, et le péché n’y entrera pas. Certes, la parole de Dieu seule nous permet de savoir cela, non pas notre expérience, car malheureusement, dans la pratique, nous réalisons bien imparfaitement notre vraie position en Christ. Néanmoins, pour nous, “les choses vieilles sont passées” ; et si nous sommes encore rattachés par nos corps à la première création, nous n’en faisons plus partie, car “toutes choses sont faites nouvelles” (verset 17).
Paul, lui, un “homme en Christ”, a connu expérimentalement, dans un moment exceptionnel (12. 1-4), ce qu’est cette nouvelle création impossible à décrire par des paroles humaines. Et sans avoir fait une semblable expérience, nous, croyants, sommes conscients d’appartenir à ce monde nouveau. De ce fait, toutes nos relations (familiales ou sociales), revêtent un caractère nouveau. Toutes choses sont faites nouvelles : les relations naturelles, certes, mais aussi les pensées, les affections, les désirs, l’espérance. Les hommes en Adam sont considérés comme morts. Et c’est à ces êtres morts dans leurs fautes et dans leurs péchés qu’il est impérieux d’annoncer l’évangile de la réconciliation pour les arracher à cet état de perdition.
L’apôtre parle de la réconciliation du monde avec Dieu (verset 19). Elle est acquise et peut être prêchée. De quel monde s’agit-il ? Ce n’est ni l’univers créé, ni l’organisation des hommes pécheurs, gouvernés par Satan1 Jean 2. 15. Ce monde-là reste ennemi de DieuJacques 4. 4.
Mais c’est toute l’humanité vivant sur la terre qui est invitée. “Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique” Jean 3. 16. Et le message n’est pas seulement celui du pardon : les fautes des croyants ne leur sont pas imputées ; leur culpabilité est ôtée et leur souillure est nettoyée.
Dieu ne s’arrête pas là. Il y a réconciliation, terme répété quatre fois dans ces versets : “Étant ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils” Romains 5. 10. Sur la base du sacrifice de Christ, Dieu reprend avec l’homme de nouvelles relations, plus étroites que celles du temps de l’innocence avant la chute et l’entrée du péché dans le monde. Les croyants peuvent éprouver la douceur d’une intimité familiale avec leur Dieu et Père, dès maintenant et pour l’éternité.
Un jour viendra où cette réconciliation s’étendra aussi effectivement à toutes les choses créées. “La création elle-même aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour jouir de la liberté de la gloire des enfants de Dieu” Romains 8. 21 ; Colossiens 1. 20.
Le “service de la réconciliation”, c’est-à-dire le message de l’évangile, est apporté par ceux qui ont été eux-mêmes réconciliés (verset 18). Ce service faisait partie du ministère de l’apôtre Paul en premier, et à sa suite de celui de tous les croyants. Ceux-ci, bien sûr, ne sont pour rien dans cette œuvre de réconciliation, ils n’en sont que les ambassadeurs, mais c’est en soi un grand honneur. Toute la gloire en revient à Dieu et nous verrons comment elle a pu être obtenue (verset 21).
Quand Christ était ici-bas, c’est Dieu qui n’imputait pas les fautes : par exemple celles du paralytiqueLuc 5. 20 ou de la femme adultèreJean 8. 11. Remarquons comment tout vient de Dieu : c’est lui qui réconcilie, lui qui n’impute pas, lui qui exhorte. Les moyens qu’il utilise sont Christ pour la réconciliation, les ambassadeurs pour l’exhortation. Mais Dieu, dans sa majesté, ne supplie pas. C’est nous qui supplions pour Christ !
Donc, dans sa grâce, Dieu nous envoie comme des ambassadeurs pendant le temps de l’absence du Seigneur. Le livre des Proverbes dit “qu’un ambassadeur fidèle est santé” Proverbes 13. 17, santé spirituelle évidemment. Quel privilège, mais aussi quelle responsabilité ! Le Seigneur est-il glorifié par notre conduite, notre fidélité, notre sagesse, notre témoignage dans la vie quotidienne ?
L’apôtre était un “ambassadeur lié de chaînes” Éphésiens 6. 20. Il souhaitait les prières des saints en faveur de son service. Chacun de nous a aussi besoin des prières des autres. Ainsi, nous sommes invités à agir avec zèle et hardiesse, car il y a urgence (verset 11). Nous donc qui en connaissons le prix et le bonheur, supplions les hommes d’être réconciliés avec Dieu.
Ce dernier verset du chapitre donne la clef de tout ce qui précède. La pensée qu’il contient est impossible à sonder. Nous savons bien que notre Seigneur a été le seul à ne pas commettre de péché1 Pierre 2. 22. De plus, il n’était pas de la race d’Adam. “Il n’y a pas de péché en lui” 1 Jean 3. 5.
Mais que signifie qu’il ait été “fait péché” pour nous ? Il fut la parfaite offrande pour le péché. “Dieu a condamné le péché dans la chair” Romains 8. 3. Dans l’A.T., le don pour le péché était assimilé au péché lui-même2. Notre Seigneur a été identifié avec le péché de l’homme et traité comme tel.
Et maintenant, comment comprendre cette magnifique vérité : être “justice de Dieu en lui” ?
A la croix, Christ, par son sacrifice volontaire a pleinement magnifié tous les attributs de Dieu, son amour et sa justice. Alors, Dieu montre sa justice en ce qu’il a ressuscité, glorifié et fait asseoir à sa droite son Fils bien-aimé.
Les croyants sont identifiés à Christ par sa mort et par sa résurrection. Ils sont “en lui”. Ils ne sont pas seulement justifiés, mais ils sont vus comme Christ lui-même : “justice de Dieu”.