Le contraste entre les deux ministères est présenté par l’apôtre du point de vue de la liberté, de l’entendement et de la gloire.
Sous la loi, le manque de liberté était total :
La loi n’était pas la cause de la culpabilité de l’homme, ni de sa faiblesse ; elle en était la démonstration. Cette expérience était nécessaire, non pour convaincre Dieu qui connaît toutes choses, mais pour l’homme lui-même. “Vos iniquités ont fait séparation entre vous et votre Dieu”, dira le prophèteÉsaïe 59. 2. Et à cela l’homme répond : “Retire-toi de moi, car je suis un homme pécheur” Luc 5. 8. L’obstacle dans les relations entre Dieu et l’homme est dans les deux sens (de Dieu vers l’homme et de l’homme vers Dieu).
Pourtant, sous l’ancienne alliance, Dieu, dans sa patience, avait permis à la famille d’Aaron de s’approcher de lui. Cette famille sacerdotale1 servait d’intermédiaire au peuple. Mais Dieu restait caché derrière le voile du lieu très saint. Une fois par an seulement, comme un rayon précurseur de la grâce, le souverain sacrificateur entrait tout seul au-delà du voile avec le sang d’un sacrifice et avec l’encens. Mais le voile subsistait.
Maintenant, quel changement ! Dieu lui-même a déchiré le voile du temple. Combien ce fait surnaturel, survenu dès l’accomplissement de l’œuvre de la croix, a de sens pour nous ! Nous pouvons “user d’une grande liberté” (verset 12). On peut même parler de hardiesseÉphésiens 3. 12. Et c’est la part de tout le peuple de Dieu et non de quelques privilégiés seulement.
Les hommes ont établi un sacerdoce ecclésiastique officiel qui limite l’activité de l’Esprit, contrairement à l’enseignement de la Parole. En effet, “là où est l’Esprit du Seigneur, il y a la liberté” (verset 17). Les apôtres se sont bien gardés de jouer ce rôle de dominateur et d’intermédiaire (1. 24) 1 Pierre 5. 1-4.
Cette liberté nous conduit alors jusqu’à la gloire de Dieu. Mais avant d’aborder ce dernier point, considérons l’entendement spirituel.
Dans l’épître aux Romains, l’apôtre Paul exhorte les frères à être transformés par le renouvellement de leur intelligence (ou : entendement) Romains 12. 2. Il y a là encore, en effet, une opposition totale entre l’intelligence spirituelle des hommes pieux qui ont vécu avant l’œuvre de la croix et la venue du Saint Esprit, et celle qui est notre part après ces deux grands faits.
Avant Christ, Dieu s’était manifesté de diverses manières dans ses caractères, mais toujours d’une façon limitée et partielle. Il en résultait pour Israël une connaissance, elle aussi limitée, mais non coupable. Dieu maintenait un voile. Même la gloire de la bonté de Dieu devait être cachée (verset 13), afin que la portée de la loi sur les cœurs et les consciences ait tout son effet. Les types contenus dans les rites de l’A.T. devaient prendre fin, mais leur réalisation complète2, qui est en Christ, était cachée, voilée à leur entendement. Ils savaient que Dieu se satisfaisait de l’effusion du sang d’animaux, mais ils n’en comprenaient pas la raison. Dieu seul le savait.
Mais voilà que Christ apparaît, “la vraie lumière dans le monde”. Le voile est levé. Il prend fin en Christ (verset 14). Dès lors l’ignorance devient coupable. Et le plus coupable de tous les peuples, n’est-ce pas Israël qui n’a pas reconnu son Messie ? Le Seigneur avait dit en pleurant sur Jérusalem : “Si tu avais connu, toi aussi, au moins en cette tienne journée, les choses qui appartiennent à ta paix ; mais maintenant elles sont cachées devant tes yeux… tu n’as point connu le temps de ta visitation” Luc 19. 42-44.
Et les Juifs les plus pieux, les scribes les plus versés dans les Écritures saintes, ont beau les lire chaque sabbat dans les synagogues, jusqu’à maintenant, le voile demeure sur leur cœur. Ils sont sous une sentence d’endurcissement annoncée par Ésaïe, appliquée par le Seigneur et confirmée par l’apôtre Paul : “En entendant, vous entendrez et ne comprendrez pas” Ésaïe 6. 9, 10 ; Actes 28. 26, 27.
Mais nous savons qu’enfin un jour Israël reconnaîtra comme Christ et Seigneur ce Jésus qu’ils ont crucifié. Il y aura alors contrition et lamentationZacharie 12. 10. Le peuple sera relevé et le voile sera ôté.
Sans attendre ces jours prophétiques, tous les enfants de Dieu reçoivent cette merveilleuse bénédiction d’avoir “l’intelligence ouverte pour entendre les écritures” Luc 24. 45. En Christ tout s’explique, tout s’illumine.
Remarquons (verset 17) que le Seigneur est ici identifié à l’Esprit (personne divine) ou à l’esprit (manifestation de sa présence et de sa puissance).
Il est question environ quinze fois de la gloire dans les chapitres 3 et 4. Comment pourrions-nous contempler la gloire de Dieu sans porter nos regards sur Celui qui en est le “resplendissement”, Jésus ChristHébreux 1. 3 ?
Là encore, le contraste est souligné entre la loi et l’évangile : un peu de gloire passagère avait accompagné le deuxième don des tables de la loi. Une gloire “qui l’emporte de beaucoup” (verset 10) a brillé à la venue de Christ. “Et nous vîmes sa gloire, une gloire comme d’un Fils unique de la part du Père” Jean 1. 14.
Quel changement depuis que le chemin nouveau et vivant nous a été consacré au travers du voileHébreux 10. 20 ! Il ne s’agit plus d’une vision fugitive de la gloire divine, comme ce fut le cas pour quelques-uns : Ésaïe, Ézéchiel, Daniel.
Au contraire, nous contemplons maintenant à face découverte la gloire du Seigneur. Cette gloire produit des effets moraux sur ceux qui en sont les témoins. Ils sont transformés dans leur âme et dans leur vie de tous les jours.
Il ne s’agit pas du tout d’une contemplation mystique ou imaginaire, mais simplement de la réception des révélations et des témoignages de la parole de Dieu au sujet du Seigneur. Ce sont surtout ses gloires morales qui sont à même de nous transformer. Cette transformation est actuelle et progressive. Une autre transformation aura lieu quand le Seigneur reviendra, celle de nos corps de faiblesse ; elle sera immédiate et complètePhilippiens 3. 20, 21 ; 1 Jean 3. 2.
Les chrétiens ne sont pas source de lumière, mais en sont le reflet. En contemplant Christ, cette réflexion se fera sans effort et sera même inconsciente. Moïse ne savait pas que la peau de son visage rayonnaitExode 34. 29. De même, Étienne avait-il conscience que son visage ressemblait à celui d’un ange ? Ce sont ses ennemis, assis dans le sanhédrin, qui en sont les témoins involontairesActes 6. 15.
La contemplation de notre Seigneur était aussi nécessaire à l’apôtre qu’aux Corinthiens (“nous tous”, dit-il au verset 18). Il ne s’agit pas là du “nous” apostolique mais d’une expression qui s’applique à tous. Paul s’identifie aux Corinthiens pour la même confession et le même message. L’apôtre en vient à oublier même le discrédit jeté sur lui par certains.
Toutes ces heureuses conséquences de l’œuvre rédemptrice de notre Sauveur, sont étroitement liées et interdépendantes : la foi reçoit le Seigneur Jésus Christ et par cela le ministère de l’Esprit. Le cœur est délivré du voile de l’incrédulité. Le Saint Esprit nous communique la pensée de Dieu au sujet de notre justification. Dès lors, nous jouissons de la liberté des enfants de Dieu et nous pouvons voir la gloire divine qui, en se reflétant, fait de nous tous, collectivement, la lettre bien lisible de Christ. Plût à Dieu que tout cela soit vraiment réalisé en nous tous.