L’apôtre reprend ses propos sur la conduite des Corinthiens. Il va leur montrer que toute abondance vient de Dieu afin de permettre à ceux qui la détiennent d’abonder en bonnes œuvres et en libéralité. Celles-ci combleront les besoins des plus démunis qui seront remplis d’actions de grâces et de louanges envers Dieu. De plus, ces Juifs de Jérusalem auront le témoignage édifiant de la conversion des nations.
Les versets 1 à 11 exposent les différentes bonnes raisons d’exercer la générosité, présentée, non comme une grâce, mais comme un service.
Les heureux effets produits chez les bénéficiaires sont décrits dans les versets 12 à 14.
Et c’est sur la pensée du don inexprimable de Dieu (verset 15), son Fils unique, que se termine cette division sur la bienfaisance.
Paul ne donne pas de commandement, ni même d’avis comme auparavant (8. 10). Il ne les presse plus pour ne pas les blesser ou faire preuve d’un manque de confiance. Au contraire, il s’était glorifié d’eux devant Tite et ses compagnons (8. 24), comme il l’avait fait devant les Macédoniens. Il leur avait parlé de leur premier zèle de l’année précédente. Il s’était exprimé comme un père heureux de la fidélité de ses enfants. Il inclut dans cette spontanéité les assemblées de l’Achaïe : les Corinthiens n’étaient donc pas les seuls concernés par cette collecte.
Remarquons bien que si Paul parle des Corinthiens à d’autres, ce n’est pas pour étaler tout ce qui avait été et pouvait être encore répréhensible chez eux. Mais il met en avant le bien, ce qui édifie. Le zèle des Macédoniens (comp. 8. 5) avait été stimulé par celui des Corinthiens de l’année précédente. Et c’est maintenant au tour des Corinthiens d’être encouragés par le si beau comportement des frères de la Macédoine. L’émulation aura ainsi joué dans les deux sens. Il ne s’agit pas de rivalité ni de compétition ; mais Paul connaissait la puissance d’un bon exemple. C’était une excitation de bon aloi. “Prenons garde l’un à l’autre pour nous exciter à l’amour et aux bonnes œuvres” Hébreux 10. 24.
Malgré sa confiance dans les Corinthiens, on sent cependant chez l’apôtre une certaine appréhension. Il y avait déjà eu un tel déclin entre leur état moral à la fin de son premier séjour de dix-huit moisActes 18. 11, et celui qui avait nécessité la première épître, que tout était malheureusement possible. Ce n’était pas tellement l’affaiblissement de leur désir qu’il craignait, mais un manque d’organisation matérielle de la collecte.
Quelle honte pour Paul et pour eux-mêmes devant les Macédoniens qui accompagneraient éventuellement l’apôtre, si tout n’était pas prêt ! La gloire serait changée en confusion et la confiance en déception. Les Corinthiens avaient encore un délai avant son arrivée. Ils allaient être aidés par Tite et les deux autres frères. La lecture de cette épître aurait, espère-t-il, son effet sur leur conduite. Il était important que tout soit en ordre. S’il en était bien ainsi, le don aurait toute sa valeur ; sinon, il apparaîtrait comme une extorsion et de nature à prêter le flanc aux sceptiques et aux malveillants, et leur donner occasion de contester l’honnêteté de Paul.
Paul va montrer tout le bénéfice matériel ou spirituel qui résulte d’une vraie libéralité. Pour qu’il s’agisse vraiment d’un acte d’amour, l’apôtre n’exerce aucune pression, mais donne seulement un encouragement. Il voulait leur éviter de perdre cette occasion qui ne se présenterait peut-être plus : à savoir, le privilège de donner. Bien sûr, il ne faut pas que, comme dans le monde, cette collecte soit ressentie comme un fardeau imposé.
Paul se sert d’une loi de la nature dans le domaine agricole pour montrer que celui qui donne ne perd rien. Ce qui est distribué n’est ni perdu, ni gaspillé, la récolte est en proportion de ce qui est semé. L’apôtre pense certainement en premier aux biens terrestres. Les Corinthiens ne seraient pas plus pauvres après leurs dons (verset 8). “Tel disperse et augmente encore, et tel retient plus qu’il ne faut, mais n’en a que disette. L’âme qui bénit sera engraissée et celui qui arrose sera lui-même arrosé” Proverbes 11. 24, 251. Mais il y a aussi des récompenses spirituelles. Alors la comparaison devient impossible. Les valeurs sont de nature différente : la semence est matérielle, la moisson est spirituelle.
“Prêtez sans en rien espérer”, Luc 6. 35 dit le Seigneur. Il ne faut pas calculer ni rien escompter en retour, pas même de la reconnaissance, quoique celle-ci soit appréciable. Les destinataires ne doivent pas être considérés comme des redevables ou des obligés. Le seul mobile licite est la récompense future et céleste. Paul le confirmera plus tard à Timothée : “Ordonne à ceux qui sont riches dans le présent siècle… qu’ils soient prompts à donner, libéraux, s’amassant comme trésor un bon fondement pour l’avenir” 1 Timothée 6. 17-19. Le Seigneur dit aussi : “Donnez et il vous sera donné… car de la même mesure dont vous mesurerez, il vous sera mesuré en retour” Luc 6. 33, 35, 38.
Le mot “libéralité” 2 (ou libéralement) contient à la fois la pensée du don et de la louange. Au fond, ces deux choses sont indissociablesHébreux 13. 15, 16.
Selon Dieu, la valeur d’un don dépend essentiellement de la manière dont il est fait. Une bonne œuvre faite à regret ne peut plaire à Dieu. Lors de l’édification de la tente d’assignation, “tout homme que son cœur y porta, et tous ceux qui avaient un esprit libéral, vinrent et apportèrent l’offrande de l’Éternel” Exode 35. 21. L’état du cœur l’emporte sur l’importance du don. La richesse de la moisson ne dépend pas uniquement de l’abondance du don, car la moisson n’est pas seulement la satisfaction des besoins des saints ; nous verrons que c’est bien plus que cela.
Retenons donc que l’état de cœur dans lequel est faite toute bonne œuvre est d’une importance primordiale. En particulier, “Dieu aime celui qui donne joyeusement”. Dieu se réjouit à son sujet et lui fera goûter spécialement sa communion.
Dans la traduction J. N. Darby, le mot “libéralité” ou “libéralement” est la traduction de deux mots grecs différents :