Ces deux chapitres constituent la deuxième grande division de cette épître. Ils traitent du sujet des collectes, qui semble sans lien avec les autres chapitres. On pourrait penser qu’il s’agit là d’une question de moindre importance. En fait, elle se rattache à un des motifs de la visite envisagée par Paul chez les Corinthiens.
L’unité du corps de Christ se vit dans l’interdépendance des membres, dans le domaine matériel, autant que dans le domaine spirituel. Si les besoins matériels d’un ou plusieurs membres du corps sont connus, les cœurs de tous les autres sont impliqués. On peut dire que le service dans cette sphère révèle l’état spirituel. Les Corinthiens, ayant obéi à la première épître, vont avoir une autre occasion de manifester leur obéissance à Paul et aux frères.
Soulevée un an auparavant, la question de la bienfaisance était restée en suspens. Il s’agissait pour eux de réunir des fonds qui devaient s’ajouter à d’autres collectes, de Macédoine et probablement de Galatie1 Corinthiens 16. 1. Ces dons devaient être destinés aux nécessiteux parmi les saints de Jérusalem, comme le confirme l’épître aux Romains, écrite un peu plus tard depuis CorintheRomains 15. 25-28.
Nous apprécierons, dans ces deux chapitres, le tact et la délicatesse de pensée et d’expression de l’apôtre. Le sujet était difficile à traiter. Il ne fallait ni blesser, ni commander (verset 8), ni faire honte, mais faire jouer le ressort de l’amour.
L’apôtre évite le mot richesses mais parle de dons, de libéralité, de bonnes œuvres, d’abondance et surtout de grâce (8. 4, 6, 7, 19 ; 9. 8, 14). La grâce est donc le don lui-même ; c’est aussi une grâce que d’avoir le privilège de donnerActes 20. 35.
Dans la première épître1 Corinthiens 16. 1-9, Paul avait exhorté ces croyants et leur avait même ordonné de ne pas attendre le dernier moment pour collecter les fonds. Du fait de leur état charnel, l’apôtre avait dû différer sa visite jusqu’alors. Cela leur avait donné d’autant plus de temps pour y penser et être prêts.
Évidemment, avec l’argent de la Galatie et de la Macédoine, l’apôtre aurait pu aller directement à Jérusalem sans passer par Corinthe. Mais il ne veut pas éliminer l’Achaïe. C’était une occasion de montrer l’unité chrétienne entre les croyants Juifs et non-Juifs. Et c’était une façon de manifester la reconnaissance des nations qui avaient participé à leurs biens spirituels, incomparablement plus précieux que les biens matérielsRomains 15. 27.
L’apôtre, pour exhorter ses chers Corinthiens, va se servir de trois exemples :
Remarquons enfin que cette division de l’épître commence et finit par une exaltation de la grâce divine (8. 1 ; 9. 15).
Paul ne demande pas tout de suite aux Corinthiens de faire une nouvelle fois acte d’obéissance. Il sait que ce qui est fait à contre- cœur ne peut plaire à Dieu.
Il leur a dit, au chapitre précédent, qu’il leur faisait confiance et en a donné les motifs. Il les appelle “frères” pour la deuxième fois (verset 1 ; 1. 8). Il les met ainsi dans l’ambiance de la maison de la foi. Il leur parle avec douceur et affection sans faire usage de son autorité d’apôtre.
L’exemple des assemblées de Macédoine est mis en avant. Le comportement de ces frères n’est pas guidé par des sentiments naturels : il est uniquement le résultat de la grâce de Dieu donnée aux saints.
En quelques mots, le tableau de ces Macédoniens est brossé : leur tribulation est grande, leur joie abondante, leur pauvreté profonde, leur libéralité large. On a souvent observé que ce sont les plus pauvres qui sont le plus facilement disposés à partager avec de plus pauvres qu’eux.
Les Macédoniens avaient dépassé leurs possibilités (verset 3). Ce fut certainement une grande surprise pour Paul de recevoir une telle abondance. Le don était appréciable mais plus encore l’état de cœur des donateurs. Leur spontanéité donnait au don sa vraie valeur. Il était même gênant pour Paul d’accepter autant. Il a probablement commencé par refuser car les Macédoniens ont dû beaucoup insister (verset 4). Ils considéraient ce service comme une grâce pour eux. Ils estimaient que cette collaboration à un même service avec d’autres assemblées resserrait les liens de la communion fraternelle.
Quel était le secret d’une telle générosité ? Ils ne possédaient plus rien, pas même leur personne. Ils s’étaient donnés eux-mêmes à Dieu. Ils avaient “présenté leur corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu” Romains 12. 1. Alors, quand le cœur est gagné, la main s’ouvre. Il n’y avait là rien d’impulsif ni d’exalté ; ils étaient conduits à le faire “par la volonté de Dieu” dont ils étaient convaincus. Ils imitaient l’exemple suprême du Seigneur (verset 9) et cela réjouissait l’apôtre.
Paul annonce donc aux Corinthiens (versets 6, 16, 17) que Tite va revenir. Sa première mission (7. 6, 7) était de s’enquérir de leur état spirituel, la deuxième sera de les encourager à la libéralité. C’est le sens qu’il faut donner à ces mots “achever à votre égard cette grâce”.
Paul souhaitait qu’à sa venue tout soit prêt. Il ne fallait pas agir à la hâte. Dans un premier élan d’amour, ils avaient eu de grandes intentions. Puis sont survenus à Corinthe des tristesses et des exercices de cœur. Et leur zèle avait tendance à pâlir. N’est-ce pas souvent notre propre histoire ?
Paul se rend compte qu’ils ont besoin d’encouragements et d’émulation ; il leur présente donc l’exemple des Macédoniens. Les richesses apportent avec elles des soucis de gestion propres à dessécher le cœur. Les riches ne sont pas coupables de l’être, mais ont besoin d’exhortations particulièresLuc 12. 13-21 ; 1 Timothée 6. 17-19.
L’apôtre reconnaît aux Corinthiens abondance de foi, de parole, de connaissance. Il l’avait déjà reconnu antérieurement1 Corinthiens 1. 4, 5. Mais leur foi ferait-elle des miracles, leurs paroles seraient-elles sublimes et leur connaissance sonderait-elle tous les mystères, rien n’aurait de valeur s’il n’y avait pas l’amour1 Corinthiens 13. 1-3. Les Corinthiens devaient user de diligence pour rattraper leur retard par rapport à d’autres. L’apôtre ne leur donne aucun ordre ; il ne veut rien de forcé. Le ton de ses propos, par rapport à la première épître, s’est considérablement radouci.
Souvenons-nous que nous n’avons rien, de matériel ou de spirituel, que nous n’ayons reçu1 Corinthiens 4. 7. Nous avons donc à obéir de cœur aux désirs de Celui qui nous a confié tout ce que nous possédons.
Nous pouvons relever, dans ce chapitre, trois qualités de la libéralité :
Elles ont été parfaitement réalisées par le Seigneur Jésus Christ, notre modèle inimitable (verset 9).