Cette épître est adressée à l’assemblée de Dieu qui est à Corinthe, et aux saints de l’Achaïe, province grecque dont Corinthe était la capitale.
L’apôtre, comme il le fait presque toujours, se présente “par la volonté de Dieu”, avec toute l’autorité dont il est investi et qu’il aura l’occasion de rappeler plus loin. Mais il s’attachera toujours à ne pas en faire usage. Il désire que l’obéissance des Corinthiens soit le fruit d’exercices de conscience et de cœur de leur part.
Dans cette seconde épître, Paul s’associe Timothée, à la place de Sosthène dans la première épître.
D’emblée, l’apôtre se place au milieu des consolations divines qui remplissaient son cœur, en face de ses afflictions, notamment celles que lui causaient les Corinthiens.
L’expression : “Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ” apparaît trois fois dans le N.T. :
Dieu est à la fois le Dieu de l’Homme Christ Jésus (vu dans son humanité) et le Père du Fils éternel de Dieu (vu dans sa divinité).
Mais, par une grâce merveilleuse, tous les chrétiens connaissent aussi maintenant Dieu comme leur Dieu et comme leur Père. Depuis la croix de Christ, des relations filiales sont établies. “Je monte vers mon Père et votre Père”, a dit le Seigneur à Marie de Magdala après sa résurrection.
Le Père ainsi révélé est présenté dans le N.T. sous divers caractères : le Père des miséricordes (verset 3), le Père des lumièresJacques 1. 17, le Père de gloireÉphésiens 1. 17 et le Père des espritsHébreux 12. 9. Ce nom de Père évoque d’abord les relations familiales bénies dans lesquelles nous sommes admis ; mais il implique aussi la notion d’origine, source de tout : la lumière, la miséricorde, la gloire.
Le “nous”, utilisé ici (verset 4) et dans presque toute l’épître, est probablement le “nous” apostolique qui désigne les apôtres en général, et plus spécialement Paul. Mais, dans leur mesure, tous les croyants ont part aussi aux privilèges et aux consolations dont parle Paul.
Le grand apôtre des nations, en effet, a enduré plus que quiconque des souffrances particulières pour l’Église. Ce sont les “souffrances de Christ” qui abondaient à son égard, c’est-à-dire celles liées à son service pour le Seigneur. Il fait allusion (verset 8), entre autres, aux événements récents qu’il avait vécus à Éphèse. Il n’est pas question, ici, de souffrances en discipline mais de celles pour le témoignage. Ce sont les souffrances annoncées par le SeigneurJean 15. 19 ou mentionnées dans d’autres épîtresPhilippiens 3. 10 ; Colossiens 1. 24.
Paul était réellement un homme “affranchi”, c’est-à-dire libre par la mort :
Christ était pour Paul la seule raison de vivre : lui-même n’était rien et Christ était tout pour lui. Cette désespérance humaine qui fut la sienne et cette “sentence de mort” étaient permises par Dieu afin qu’il se manifeste comme le Dieu de résurrection. Paul avait vu la mort de si près que la délivrance équivalait pour lui à une résurrection. C’est l’expérience que fit Abraham. Sa foi avait estimé que Dieu pouvait ressusciter son fils Isaac d’entre les morts “d’où aussi, en figure, il le reçut” Hébreux 11. 19. Paul pouvait exprimer les paroles de David : “Notre Dieu est un Dieu de salut ; et c’est à l’Éternel, le Seigneur, de faire sortir de la mort” Psaume 68. 21. La consolation et la délivrance abondaient en proportion de ses souffrances. Et l’apôtre, ainsi consolé, devenait un canal pour apporter la consolation à d’autres.
Les Corinthiens, malgré leur bas état spirituel (au moins pour certains d’entre eux), avaient part aux souffrances de Paul en sympathie, et coopéraient avec lui par des supplications et des actions de grâces.
Quel bel exemple que celui de Paul ! Loin de lui les pensées de mépris pour ses frères encore bien répréhensibles. Bien au contraire, il apprécie leurs sentiments à son égard ; il est même réconforté par eux. Cela ne l’empêche pas de n’attendre le secours que de Dieu seul. Celui qui l’a délivré dans le passé, le délivre dans le présent, et le délivrera dans le l’avenir.
Toutefois, la délivrance est présentée comme une réponse aux prières des Corinthiens et un motif pour eux d’actions de grâces (verset 11). L’apôtre compte beaucoup sur les prières des frères et sœurs. C’est aussi le cas des missionnaires de nos jours1.
Le don de grâce mentionné par Paul (verset 11) est différent des dons de grâce spirituels accordés par l’Esprit pour l’édification des saints1 Corinthiens 12. 4, 31. Il est question de la délivrance accordée à l’apôtre, par grâce, en réponse aux prières présentées à Dieu en sa faveur.
Une pensée importante apparaît, qui domine ces deux premiers chapitres. La communion des croyants, membres du corps de Christ, en toutes circonstances, n’est pas un vain mot : tout ce qui concernait les Corinthiens éveillait la sollicitude de Paul. A l’inverse, les circonstances de l’apôtre ne laissaient pas les Corinthiens indifférents. Les souffrances des uns et des autres étaient de même nature (1. 7). L’apôtre est-il éprouvé ? C’est un sujet de supplication pour l’assemblée. Est-il délivré par grâce ? Alors les Corinthiens rendent grâces (1. 11).
S’agit-il enfin de la gloire ? Paul trouve la sienne en eux, et ils peuvent se glorifier au sujet de Paul (1. 14 ; 5. 12). Il est impossible qu’un membre se réjouisse et pas les autres. “Nous coopérons à votre joie” (verset 24) Romains 12. 152. Il en est de même pour la tristesse (2. 4).
Tous seront amenés à la même pensée quand il s’agira de pardonner (2. 10). Il ne peut y avoir de distorsion entre les membres du corps de Christ, car les liens formés entre eux l’ont été par Dieu lui-même (verset 21).
Malheureusement, en pratique, il n’y avait pas unanimité de pensée chez les Corinthiens au sujet de Paul. C’est ce que laissent entrevoir les expressions “plusieurs” (verset 11) et “en partie” (verset 14). Il y avait quelques éléments malveillants et même des ennemis, des faux prophètes déjà dénoncés dans la première épître1 Corinthiens 15. 12 et des faux apôtres (11. 13). Mais, grâce à Dieu, le plus grand nombre avait reconnu l’apôtre.
Il est vrai que devant l’heureuse évolution de l’état des Corinthiens, l’apôtre avait eu premièrement le projet d’aller les voir sans tarder. Mais il pensa ensuite que cette visite était prématurée, et en donna la raison (versets 23, 24). Il n’agissait pas par “légèreté”, mais uniquement en vue de leur bien spirituel.
Toutefois, il parlera plus loin de ses craintes intérieures et même de ses regrets (7. 5, 8). Le grand apôtre des nations avait été merveilleusement béni ; il n’en demeurait pas moins un homme faillibleActes 14. 15. Seul, l’Homme Christ Jésus, le parfait serviteur, n’a jamais eu à modifier une seule pensée, à rectifier une seule parole ou à hésiter pour un seul pas de sa marche ici-bas.
Il est triste de voir comment tout pouvait servir de prétexte aux adversaires de Paul. Ils tiraient argument de son apparente hésitation pour mettre en doute son apostolat. Plus tard, ils diront que sa présence personnelle est faible et sa parole méprisable (10. 10). Paul devra même, pour éviter de prêter le flanc à ses détracteurs, se priver de tout secours matériel de la part des Corinthiens (11. 8-12) 3.